L’utilisation de la cigarette électronique (e-cigarette) s’est largement répandue chez les adultes mais les données à ce sujet sont encore très parcellaires pour les plus jeunes.
Une équipe parisienne a évalué la prévalence de l’utilisation de l’e-cigarette et les facteurs qui lui sont associée dans une population de sujets, âgés de 12 à 19 ans, au moyen d’une enquête transversale en milieu scolaire. Le recueil des donnés a été effectué en 2013 sur un échantillon de 3 279 élèves parisiens sélectionnés au hasard. Un auto-questionnaire a été distribué à chaque participant s’enquérant des données démographiques et des consommations personnelles et familiales d’e-cigarette : « Avez-vous déjà utilisé une e-cigarette ? », « Avez-vous utilisé une e-cigarette dans les derniers 30 jours ? », « Avez-vous essayé l’e-cigarette comme premier produit de tabac ? » etc…
Au total, 17,9 % (n = 564) des élèves ont déclaré avoir expérimenté la e-cigarette (19,0 % des garçons et 16,8 % des filles) alors qu’ils n’étaient que 9,8 % en 2012. L’expérimentation est en hausse de 5 % parmi les élèves âgés de 12 ans et de 30 % parmi ceux âgés de 16 ans. Cette expérimentation est associée de façon significative avec 11 paramètres : l’âge supérieur à 15 ans ; la consommation quotidienne de 10 cigarettes ou plus ; la présence d’amis et de frères et sœurs fumeurs ; l’expérimentation de la chicha et/ou du cannabis ; la scolarisation dans un établissement privé ; et enfin, l’interdiction du tabagisme par les deux parents...
Une passerelle vers le « vrai » tabagisme ?
Seuls 5,6 % de la population étudiée (et 32,5 % des élèves ayant expérimenté la e-cigarette) l’avaient utilisée au cours des 30 jours précédant l’enquête ; 1,7 % de la population étudiée et 10,0 % des sujets qui ont expérimenté l’e-cigarette étaient non-fumeurs.
Les enquêtes réalisées dans d’autres pays montrent des résultats disparates : 0,5 % de « testeurs » de l’e-cigarette pour les étudiants de Corée, 6,5 % aux Etats-Unis en 2012 (3,1 % en 2011) et 23,5 % parmi les personnes de 15 à 19 ans en Pologne en 2011, mais avec une hausse dans tous les pays.
Le taux d’expérimentation de la e-cigarette chez les jeunes a donc augmenté de 8,1 % en un an. Moins de 10 % des jeunes non-fumeurs ont consommé la e-cigarette. Ce résultat doit constituer une alerte, mais ne permet pas de conclure que la e-cigarette est une passerelle vers le tabagisme en raison de la nature transversale de cette enquête. Des études prospectives sont nécessaires afin d’évaluer l'évolution de l’utilisation et des conséquences à long terme de la e-cigarette, mais aussi pour examiner le risque pour ces adolescents non fumeurs qui expérimentent la e-cigarette de devenir des fumeurs de tabac.
Dr Claire Lewandowski
