
Les syndromes de stress post-traumatiques (SSPT) peuvent avoir une incidence significative sur les enfants des personnes concernées, car ceux-ci subissent parfois un contrecoup transgénérationnel de ces situations en éprouvant en quelque sorte, par procuration, des souffrances induites par celles de leurs parents. Le vieil adage « tel père, tel fils » trouve là une nouvelle justification...
Pour évaluer l’importance de telles « associations longitudinales » entre un SSPT ou une symptomatologie dépressive chez le père et un « traumatisme secondaire » chez ses enfants, une étude a été réalisée en Israël sur 80 dyades père-enfant où le père avait été fait prisonnier durant le conflit d’Octobre 1973 (Guerre de Kippour), comparativement à 44 dyades comportant un père vétéran ayant servi sur les mêmes fronts, mais sans passé de prisonnier de guerre (sujets-contrôles).
Davantage de signes de traumatisme secondaire chez les enfants
Les pères ont participé à trois phases d’évaluation psychiatrique (en 1991, 2003 et 2008) et leurs enfants (47 % d’hommes et 53 % de femmes) à une seule phase (en 2013). Tous les enfants de ces vétérans étaient majeurs lors de leur participation à cette étude, et près du quart (22,8 %) étaient déjà nés avant l’époque où leur père connut l’épreuve de la captivité. Les auteurs constatent que la progéniture des ex-prisonniers de guerre avec SSPT en 2008 fait état d’une symptomatologie de traumatisme secondaire plus marquée que la descendance des vétérans sans SSPT. Sans surprise, les enfants des ex-prisonniers de guerre « avec trajectoire de SSPT chronique et différé » rapportent des signes de traumatisme secondaire plus importants que ceux des sujets-contrôles et des ex-prisonniers de guerre « avec une trajectoire de résilience. » Le lien entre la captivité subie par les pères durant la guerre et le traumatisme allégué plus tard par leurs enfants est concrétisé par « les antécédents paternels de SSPT et de dépression. »
Si la possibilité de transmission intergénérationnelle d’un traumatisme psychologique semble ainsi vérifiée, cette étude comporte toutefois des limitations, notamment l’absence d’évaluation objective des troubles (fréquente dans les travaux sur les SSPT, reposant souvent sur une auto-évaluation) et l’absence d’évaluation comparative chez les pères, avant leur parcours militaire. Il est aussi possible, précisent les auteurs, que l’influence entre les générations s’exerce en fait dans les deux sens, la problématique psychologique ou psychiatrique des enfants affectant peut-être en retour celle des pères (déjà fragilisés par le SSPT), et pas seulement l’inverse.
Dr Alain Cohen