La prématurité, un facteur de risque de maladies chroniques chez l’adulte jeune

Barker et coll. ont été les premiers à établir un lien entre un petit poids de naissance et la survenue de maladies chroniques à l’âge adulte. Ils accordaient plus d’importance à la restriction de croissance fœtale qu’à une naissance prématurée. Cependant, 30 ans après leur publication princeps, on peut incriminer la prématurité dans la survenue précoce de certaines maladies chroniques.

Maladie cardiovasculaire

Chez les jeunes adultes nés avant terme le risque de décès par infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral... augmente de 7 % par semaine de gestation en moins. La prévalence de l’hypertension artérielle est aussi accrue, y compris pendant la grossesse. Les modifications structurelles et fonctionnelles qui programment les troubles cardiovasculaires ne sont pas élucidées, mais il a été mis en évidence une étroitesse de l’aorte, et une augmentation de la masse et une diminution de la capacité des deux ventricules, les anomalies du ventricule droit étant associées à une ventilation mécanique prolongée en période néonatale.

Syndrome métabolique

Sur le syndrome métabolique, les études sont contradictoires, et jusqu’à présent, il n’est pas prouvé qu’une naissance prématurée accroisse le risque de syndrome métabolique chez les jeunes adultes.

Pathologie pulmonaire

Les anciens prématurés, surtout ceux qui ont fait une dysplasie broncho-pulmonaire, ont des symptômes respiratoires persistants ou récidivants : toux, dyspnée, sifflements, ainsi que des signes d’obstruction bronchique, se traduisant par une baisse du volume expiratoire maximum par seconde, de la capacité vitale forcée… peu ou pas réversibles après administration de bronchodilatateurs. Des images de fibrose, d’air trapping et même d’emphysème sont visibles chez la majorité des anciens prématurés ayant eu une dysplasie broncho-pulmonaire et/ou nés à ≤ 28 sem. Une naissance prématurée pourrait prédisposer à la maladie pulmonaire chronique obstructive et à l’hypertension pulmonaire.

Réduction de la masse osseuse et ostéoporose

Compte tenu que l’accrétion calcique se produit en fin de grossesse, on peut craindre que les anciens prématurés n’atteignent pas le pic de masse osseuse et soient plus exposés au risque d’ostéoporose. Il semble que cela concerne surtout les naissances les plus prématurées et compliquées.

Il n’existe pas de recommandations spécifiques pour le suivi des adultes jeunes, anciens prématurés, mais compte tenu de ce qui précède, on peut proposer à ces sujets

- un contrôle régulier de leur pression artérielle,
- des explorations fonctionnelles respiratoires en cas de problèmes respiratoires au long cours
- une prévention de l’ostéoporose et du risque fracturaire grâce à un régime riche en calcium et de l’exercice physique.

En revanche, il ne semble pas nécessaire de renforcer le dépistage du diabète sucré de type 2 et des dyslipidémies.

Bien des questions restent en suspens sur les liens entre prématurité et maladies chroniques de l’adulte jeune. L’origine des anomalies est-elle la naissance prématurée ou une maladie gravidique dont la naissance prématurée n’est que le marqueur ? Les anomalies sont-elles fixées dès la période néonatale ou évolutives ? Peut-on les prévenir par des interventions précoces ?

Dr Jean-Marc Retbi

Référence
Luu TM et coll. : Preterm birth : risk factor for early-onset chronic diseases. CMAJ 2015, Publication avancée en ligne le 7 décembre. DOI:10:1503/cmaj.150450

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