
Paris, le mardi 9 février 2016 – Depuis le 1er décembre, ERDF a commencé le déploiement de son nouveau compteur électrique "intelligent", baptisé Linky. Ce nouveau dispositif doit être déployé sur l’ensemble du territoire à l’horizon 2021, avec une stratégie dite en « taches de léopard ». « Dans l’année avec trois millions de compteurs installés, toutes les régions auront été en partie équipées. Puis fin 2017 toutes les grandes villes le seront. Puis fin 2018 tous les départements. Puis tout le territoire » a expliqué la semaine dernière le président d’ERDF Philippe Monloubou auditionné par la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale.
Un rapport sanitaire dont les résultats sont attendus... après le lancement du déploiement
Le compteur Linky présente l’avantage d’une évaluation quotidienne de la consommation des usagers, permettant d’éviter les décalages de facturation et offrant la possibilité d’une adaptation plus fine au niveau individuel et collectif. Cependant, avant même que ne débute son déploiement, Linky était l’objet de toutes les suspicions. Outre les inquiétudes concernant l’intrusion que pourrait représenter ce compteur dans la vie privée, les craintes sont sanitaires. Les "ondes" qui seraient émises par ce compteur électronique sont en effet redoutées (par certains). Pourtant, ERDF ne cesse de répéter que Linky n’émet pas d’ondes. Il repose en effet sur le courant porteur en ligne (CPL), une technologie qui utilise les câbles électriques "classiques". « Je peux vous assurer (…) que Linky respecte des normes sanitaires françaises et européennes très restrictives. Et n’émet pas plus d’ondes que votre compteur électrique actuel » a réaffirmé Philippe Monloubou à l’Assemblée. Des explications qui bien sûr ne suffisent pas à rassurer ceux qui redoutent la nocivité des ondes électromagnétiques et qui martèlent que les radiofréquences CPL ont été classées « potentiellement cancérigènes » il y a quatre ans par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Aussi, pour finir de rassurer les esprits les plus inquiets, un rapport a été commandé par le ministre de la Santé à l’Agence nationale de l’environnement et de la santé (ANSES), dont les résultats devraient être présentés cet été. Sans doute trop tard pour décider d’un coup d’arrêt sur une opération qui représente cinq milliard d’euros d’investissement, ce qui explique que cette nouvelle tentative n’apaise pas plus les opposants à Linky.
Un refus toujours possible mais rare
Ces derniers mènent donc campagne dans les communes déjà concernées par le déploiement du nouveau compteur. Des réunions sont ainsi organisées pour énumérer les multiples maux supposés du dispositif (sanitaires, mais aussi risques nullement prouvés d’incendie, de perturbations des appareils éléctriques, etc). Souvent très animées, ces rencontres n’auraient cependant qu’un succès relatif. En effet, les refus seraient rares de l’ordre de 1 à 1,5 %, soit un « taux de refus très acceptable », note Philippe Monloubou. La possibilité de renoncer au compteur a cependant été ouverte, quand elle semblait initialement exclue. Elle permet à ceux qui s’estiment sensibles aux ondes électromagnétiques de s’opposer au changement de leur compteur, comme l’avait expliqué la Direction générale de la Santé en octobre dernier.
Aurélie Haroche