
Paris, le mercredi 17 février 2016 – La vaccination contre l’hépatite B continue à souffrir d’une certaine défiance, y compris chez certains professionnels de santé. Cette attitude s’observe dès les études. Pourtant, l’immunisation contre l’hépatite B est obligatoire et essentielle pour l’ensemble des personnes qui se destinent à une profession médicale et paramédicale comme vient de le rappeler dans un avis le Haut conseil de la santé publique (HCSP).
Une prédiction du risque au cas par cas trop complexe
Le HCSP établit tout d’abord la liste des étudiants concernés : « professions médicales et pharmaceutiques : médecin, chirurgien-dentiste, pharmacien, sage-femme ; et les autres professions de santé : infirmier, infirmier spécialisé, masseur kinésithérapeute, pédicure podologue, manipulateur d’électroradiologie médicale, aide-soignant, auxiliaire de puériculture, ambulancier et technicien en analyses biomédicales ». L’institut s’attelle par ailleurs à répondre aux objections souvent formulées pour échapper à cette vaccination obligatoire. Certains estiment que le choix de la vaccination pourrait être fonction de la nature des stages réalisés par l’étudiant. Cependant, le HSCP constate : « Il paraît de plus illusoire, au vu de la fréquence des changements de stage au cours des études de la plupart des professions de santé (médicales et paramédicales), de définir la stratégie vaccinale de ces étudiants sur une seule analyse du risque avant chaque stage. Cette analyse viserait à déterminer si l’étudiant est, ou non, susceptible de générer une exposition à un risque infectieux pouvant être prévenu par une vaccination. Cette vaccination nécessite en outre un certain délai avant d’être efficace ».
Pas d’échappatoire pour les pharmaciens…
Dans son avis, le HCSP examine par ailleurs les cas où le risque d’accident d’exposition au sang (AES) apparaît restreint, comparativement aux futurs médecins, sages-femmes ou infirmiers. Ainsi, certains pourraient objecter que la menace est faible concernant les pharmaciens. Le HCSP remarque néanmoins : « Les étudiants en pharmacie doivent réaliser des stages dans des services cliniques pendant leur cursus (5e année) et sont susceptibles d’être exposés aux mêmes risques que les étudiants en médecine. Ils peuvent également réaliser des stages dans un département de biologie et être exposés aux mêmes risques d’AES (piqûre, projections) que les biologistes ou les techniciens en analyses biomédicales. Parmi les différents types d’exercice des pharmaciens, plusieurs génèrent un risque d’AES. C’est le cas des pharmaciens d’officine qui ont pour obligation de récupérer les collecteurs à objets piquants-tranchants des patients. C’est également le cas des pharmaciens biologistes qui seront au contact avec des prélèvements susceptibles de contenir des virus transmissibles par voie hématogène » insiste le HCSP.
… ou pour les kinésithérapeutes !
Quid par ailleurs des kinésithérapeutes qui ne réalisent quasiment jamais d’acte invasif ? Le HCSP s’inscrit en faux contre l’idée qu’ils seraient exempts de tout risque. Il cite ainsi une étude conduite en Australie indiquant qu’un peu plus de la moitié des kinésithérapeutes avaient rapporté au moins un AES en cinq ans. Ainsi, si le risque est plus rare, il est loin d’être nul. Les mêmes constatations s’imposent en ce qui concerne les pédicures podologues. « Ils peuvent utiliser des dispositifs vulnérants lors de la réalisation de soins, et sont alors exposés à un risque d’AES par coupure », relève le HCSP. D’une manière générale, l’ensemble des personnes travaillant au sein d’un établissement de santé présentent un risque d’exposition, en raison de la présence d’objets coupants ou piquants potentiellement infectés.
Contrôle renforcé
Ces observations confirment donc la pertinence du maintien de l’obligation vaccinale pour l’ensemble des étudiants en filière de santé, une obligation aujourd’hui majoritairement bien respectée, notamment chez les futurs médecins et pharmaciens qui selon une enquête menée auprès d’étudiants marseillais en 2013 atteignaient des taux de couverture entre 97 et 99 %. On retrouve également des taux d’immunisation très élevés chez les soignants en exercice, notamment chez les infirmières… même si l’ensemble des professionnels se montrent bien moins observant en ce qui concerne les vaccinations non obligatoires. On rappellera que le contrôle concernant la vérification de la vaccination contre l’hépatite B des étudiants en médecine a été renforcé en février 2014 par une circulaire de la Direction générale de la santé.
Aurélie Haroche