
La consommation de substances psychotropes est une comorbidité très fréquente chez les adultes souffrant d'un Trouble Déficitaire de l'Attention avec Hyperactivité (TDAH). Cependant, peu d'études ont évalué les profils cognitifs et l’impulsivité de ces patients bien qu’ils soient souvent modifiés par les deux troubles. L'objectif de cette étude est d’évaluer pour la première fois la cognition et l'impulsivité dans ce type de population.
Soixante-dix patients adultes diagnostiqués pour un TDAH selon les critères du DSM-IV-TR ont accepté de participer à l’étude. Ils ont été répartis en deux groupes : 36 personnes souffrant de TDAH et d’une dépendance à la cocaïne (groupe TDAH + COC) et 34 souffrant d’un TDHA seulement (groupe TDAH). L’hypothèse des auteurs était que le groupe TDAH + COC montrerait un dysfonctionnement cognitif plus marqué et une plus grande impulsivité que leurs homologues de l’autre groupe.
Tous les participants ont répondu à un questionnaire sociodémographique, à une évaluation neuropsychiatrique au moyen du Mini International Neuropsychiatric Interview, à une échelle d’auto-évaluation du TDAH pour adulte, à l’index de sévérité des addictions, à un dépistage de leur consommation de tabac, d’alcool et de psychotropes, à l’échelle d’impulsivité de Barratt et à différents examens neurocognitifs.
Des déficiences affectives en plus des déficiences cognitives habituelles
Lorsque l’on compare les résultats avec les patients atteints de TDAH uniquement, les patients du groupe TDAH + COC présentent un QI moyen significativement plus faible et un taux supérieur d’'impulsivité motrice. En moyenne, les personnes du groupe TDAH + COC ont plus de difficultés à réaliser des tâches faisant intervenir des aptitudes verbales, la vigilance et l'apprentissage implicite lors de la prise de décision. Le groupe TDHA a quant à lui des résultats significativement plus faibles pour ce qui est de l'attention sélective, du traitement de l'information et de la recherche visuelle.
Ces résultats soutiennent la théorie intégrative du TDAH basé sur le modèle des neurosciences cognitives et affectives. Ils suggèrent que les patients atteints de TDHA seulement présentent plus de déficiences cognitives, alors que les patients souffrant de TDHA et d’une dépendance à la cocaïne ont des déficiences à la fois cognitives et affectives plus fréquentes.
Dr Claire Lewandowski