L’immunothérapie, peut-être une autre arme contre le VIH

Malgré  les efforts de prévention et des traitements actifs, l’infection par le VIH et les morts liés au sida restent un problème majeur de santé publique mondiale. Les médicaments antirétroviraux suppriment la réplication virale et limitent la progression de la maladie, mais ne sont pas capables d’offrir une guérison définitive. Les traitements doivent être pris à vie, avec un risque de développement de résistance. Des nouvelles approches sont donc encore et toujours nécessaires.

Dans ce contexte, une équipe multidisciplinaire de médecins et chercheurs américains, sous l’égide de l’Institut National contre les Allergies et les Maladies Infectieuses (Bethesda, USA), vient de tester des anticorps monoclonaux anti-VIH chez 24 patients dans le cadre de deux essais cliniques de phase 1. Les résultats publiés le 9 novembre dans le New England Journal of Medicine mettent en évidence un effet positif mais transitoire de cette thérapie qui mérite néanmoins d’être approfondie.

Effet positif mais transitoire

Les anticorps monoclonaux sont désormais des thérapies à part entière dans de nombreuses maladies, en oncologie et dans le traitement de maladies auto-immunes en rhumatologie, gastro-entérologie, neurologie…Et pourquoi pas contre le virus du sida ? La découverte d’anticorps neutralisants  dans le sang des malades, il y a déjà quelques temps, laisse penser que l’immunothérapie pourrait être un traitement préventif ou curatif de l’infection par le VIH. Dans cette optique, les chercheurs ont lancé deux essais thérapeutiques pour savoir si l’administration d’anticorps neutralisants dits VRC01 ciblant le récepteur du VIH au CD4 pouvait empêcher ou retarder le rebond de la charge virale dans le sang après une interruption des traitements antirétroviraux.

Au total, 24 volontaires ayant arrêté provisoirement leurs médicaments ont reçu trois doses, à trois semaines d’intervalle chacune, deVRC01 par voie intraveineuse. La charge virale reste d’abord indétectable, puis commence à le redevenir en moyenne 4 semaines après le traitement dans le premier essai et 5,6 semaines plus tard dans le second. Ces résultats sont toutefois meilleurs que pour les témoins ayant juste arrêté les antiviraux. Au bout de la 8e semaine, cette charge virale devient similaire pour les patients traités et pour les témoins. Si ces résultats s avèrent décevants, les auteurs estiment que d’autres essais, avec cette fois une combinaison d’anticorps anti-VIH ciblant d’autres sites du virus pourraient être intéressants.

Peut-être une place dans la prévention

Dans un éditorial accompagnant l’article, Marina Caskey (New York), Florian Klein et Michel Nussenzsweig (Cologne), soulignent notamment le rôle de l’immunothérapie en prévention. Ils rappellent comment une injection d’immunoglobulines anti-hépatite B, avant l’avènement de la vaccination, permettait d’éviter pendant trois mois les contaminations pour les voyageurs en zone d’endémie. Ils relèvent surtout que chez les macaques, une seule injection d’anticorps neutralisants peut les protéger contre l’infection par le VIH pendant au moins 23 semaines. « Il est possible, estiment-ils que les anticorps neutralisants puissent être utilisés comme un vaccin passif, administré en sous-cutané, deux fois par an ou plus pour empêcher les contaminations chez les personnes à risque. » Ils considèrent enfin que l’immunothérapie, avec une combinaison d’anticorps, pourrait avoir sa place dans le traitement de l’infection à VIH, en réveillant peut-être les défenses immunitaires contre le virus.

Dr Martine Perez

Référence
Bar KJ et coll. : Effect of HIV Antibody VRC01 on Viral Rebound after Treatment Interruption. N Engl J Med., 2016 ; publication avancée en ligne le 9 novembre. DOI: 10.1056/NEJMoa1608243

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