Coupler radiofréquence et chimio-embolisation pour les hépatocarcinomes inaccessibles à la chirurgie

Le carcinome hépatocellulaire (CHC) n’est pas parmi les tumeurs malignes les plus fréquentes dans les pays occidentaux. Sa prévalence et son incidence apparaissent nettement plus élevée dans les contrées asiatiques. Quoi qu’il en soit, son traitement est idéalement chirurgical, en fonction de la topographie et de l’étendue de la lésion, mais aussi du terrain, notamment de l’état général et des comorbidités. Dans les cas où la résection chirurgicale semble risquée ou apparaît contre-indiquée, il existe des solutions de repli, notamment l’ablation par radiofréquence (ARF) ou encore la chimio-embolisation artérielle sélective (CESS).

Une étude réalisée en Corée du sud a combiné ces deux techniques chez 61 patients (dont 43 de sexe masculin, âge moyen 65,8 ± 8,6 ans, extrêmes, 44-82 ans) tous atteints d’un CHC sans prise en charge chirurgicale possible. Le nombre de CHC traités par ARF + CESS a été en fait de 71, leur taille moyenne étant de 2,8 ± 0,9 cm (extrêmes, 0,7-4,2 cm). L’efficacité de la stratégie thérapeutique a été évaluée avec un recul d’au moins 6 mois, l’échec étant déclaré devant la récidive de la tumeur initiale et le développement ou la survenue d’au moins trois tumeurs nodulaires ou infiltrantes dans le segment traité. Par ailleurs, ont été pris en compte : (1) les rapports de la lésion avec une veine porte épaissie (diamètre ≥ 3 mm), l’aspect évoquant un CHC périportal ; (2) la fréquence des récidives ; (3) la progression locale de la tumeur ; (4) la fréquence des complications liées à la double procédure.

Faible fréquence des récidives segmentaires évolutives

La durée médiane du suivi a été finalement de 25,6 mois (extrêmes, 6,1-75,5 mois). Vingt-deux CHC (31 %) étaient situés au contact d’une grosse veine porte.  Une récidive segmentaire agressive n’a été observée que chez un seul patient (soit 1,4 % de toutes les tumeurs traitées et 4,5 % des tumeurs périportales). Les taux cumulés de progression locale de la lésion primitive à 1, 3 et 5 ans ont été respectivement de 6,7 %, 21,0 % et 30,5 %. La fréquence des complications majeures a été au total de 6,6 %.

Cette étude plaide en faveur d’un traitement agressif face à un CHC qui n’est pas accessible à chirurgie. En effet, la fréquence des récidives segmentaires évolutives apparaît très faible, dès lors que la stratégie a combiné ablation par radiofréquence et chimio-embolisation sélective, au prix de complications majeures dont la fréquence est proche de 7 %, dans cette série.

Dr Philippe Tellier

Référence
Song KD et coll. Aggressive Intrasegmental Recurrence of Hepatocellular Carcinoma After Combined Transarterial Chemoembolization and Radiofrequency Ablation. Am J Roentgenol 2016 ; 207 :1122-1127.

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Vos réactions (1)

  • Un traitement plus agressif

    Le 20 février 2017

    Le CHC n'est que rarement traité par chirurgie en raison de l'hypertension portale sous-jacente fréquente. Il faut inclure aussi la transplantation hépatique dans l'arsenal thérapeutique pour les patients remplissant les critères de sélection (Milan, TTV, etc).

    Le traitement des CHC de plus de 3cm par combinaison TACE et RFA est maintenant le plus souvent utilisé quand la chirurgie n'est pas possible (c'est à dire souvent), mais certaines équipes notamment asiatiques préconisent un traitement plus agressif que la RFA seule aussi pour les petites lésions (ie inf à 3cm), et cette étude vient corroborer cela. Néanmoins il n'ont pas comparé RFA+ TACE à RFA seule.

    Dr JS Billiard

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