Vaccins contre la rougeole : l’OMS révise sa copie

Paris, le lundi 22 mai 2017 - Alors que des foyers épidémiques ont touché de nombreux pays d’Europe, dont le notre, l’OMS publie une nouvelle note d’information sur les vaccins contre la rougeole*, venant  remplacer celle de 2009. A l’époque, l’éradication de cette maladie dans 4 des 6 régions OMS était prévue pour… 2015.

Seule la région des Amériques y est parvenue.

Cette note tient compte des faits les plus récents concernant la rougeole et ses vaccins mais intègre aussi les contextes sociaux favorisant les flambées, comme chez nous les hésitations vaccinales liées aux rumeurs. Rappelant les « preuves scientifiques très fortes » de l’absence de lien entre plusieurs pathologies (dont l’autisme) et la vaccination, l’OMS évoque a contrario son bénéfice bien plus large que sur la seule rougeole car le Morbillivirus sauvage provoque une immunodépression prolongée favorisant d’autres infections.

Un pour tous, tous pour ... deux !

Plus dangereuse en cas de promiscuité, malnutrition, troubles immunitaires et chez les enfants de moins de 5 ans, la rougeole reste une cause importante de mortalité et d’incapacité dans les pays ne bénéficiant pas de bonne infrastructure sanitaire. En 2015, les nourrissons qui n’avaient pas reçu la première dose de vaccin résidaient dans six pays : Inde, Nigéria, Pakistan, Indonésie, Ethiopie et RDC. Si une seule dose de vaccin anti rougeoleux confère, en général,  une immunisation à long terme, le risque de flambée est déterminé par l’accumulation de sujets dits « sensibles » dans la population : bébés non encore vaccinés, femmes enceintes, immunodéprimés. Il faut donc augmenter la protection de groupe, explique l’OMS,  par une deuxième injection systématique.

Un vaccin sans piqûre ?

L’administration de la première dose serait optimale entre 9 et 12 mois et la deuxième à 15-18 mois (à rattraper sinon, « à toute occasion »). Si le risque est fort, une dose supplémentaire peut être indiquée dès l’âge de 6 mois ; c’est le cas pour la protection des enfants porteurs du VIH si l’immunodépression n’est pas sévère (vaccin vivant).

Enfin, l’éradication pourrait s’accélérer grâce aux progrès annoncés dans ce document, notamment l’administration possible par un  personnel non médical du vaccin sous forme de patch.

De quoi réconcilier peut-être quelques sujets sensibles, dont le  personnel de santé… L’OMS insiste sur le risque accru de contracter une rougeole pour le soignant mais surtout les patients. Sa position est claire : exiger une preuve d’immunité avant l’embauche, voire la formation (comme pour l’hépatite B).

Que feront de cette note nos nouvelles autorités sanitaires ?

*REH n°17, 28 avril 2017.

Dr Blandine Esquerre

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.

Réagir à cet article