
Paris, le vendredi 16 juin 2017 – Le ministre de la santé, Agnès Buzyn a accordé à nos confrères du quotidien Le Parisien-Aujourd’hui en France, un entretien, où, il était principalement question de sa politique vaccinale.
A l’heure où cette pratique prophylactique, autrefois largement soutenue, souffre de plus en plus de défiance, le ministre ne semble pas vouloir prendre de détour. Elle promet ainsi de rendre obligatoires pour les enfants 11 vaccins*, comme l’a récemment décidé l’Italie.
Un gouvernement au pied du mur
Cette position tranchée peut étonner et révoltera sans doute le mouvement anti-vaccin, mais Agnès Buzyn avait-elle véritablement le choix ?
Rappelons en effet qu’en vertu d’une décision du conseil d’Etat de février 2017, le gouvernement était contraint soit d’imposer aux industriels la commercialisation d’un vaccin uniquement contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (seules maladies contre lesquelles la vaccination est aujourd’hui obligatoire, mais leur vaccin est associé systématiquement à d’autres valences), soit de modifier la loi pour lever toute obligation, soit de l’étendre à d’autres valences. C’est cette dernière voie qui serait préférée. Bien qu’elle affirme « détester la coercition » Agnès Buzyn souligne qu’« il y a des fois où l’obligation est une bonne chose pour permettre à la société d’évoluer ». Une nouvelle loi devrait donc prochainement être présentée au parlement et devrait s’appliquer pour une durée limitée. Agnès Buzyn s’inscrit en cela entièrement dans la lignée des recommandations auxquelles avait aboutit la concertation sur la vaccination, réunie par la précédente mandature et dirigé par le Pr Alain Fischer. Ce comité avait en effet jugé que la restauration de la confiance en la vaccination devait passer par un élargissement temporaire des obligations, assorti éventuellement de la possibilité pour les familles d’opposer une « clause d’exemption ». Agnès Buzyn n’a pas détaillé dans Le Parisien sa position sur ce point.
Elle n’a, par contre, pas pu échapper à une question sur le risque que sa décision soit considérée comme un cadeau fait à l’industrie pharmaceutique. Mais elle rétorque qu’« on ne peut pas réduire la question de la vaccination à l’intérêt des laboratoires ».
Enfin, elle va même plus loin et envisage déjà que soit rendue obligatoire la vaccination des professionnels de santé contre la grippe, avouant ne pas comprendre ceux qui ne s’immunisent pas et font ainsi « courir un risque à leurs patients ». Beaucoup seront soulagés (voire se féliciteront) de constater l’absence d’attentisme sur cette question, quand les réponses de certains des lieutenants d’Emmanuel Macron sur ce sujet pendant la campagne laissaient redouter des atermoiements.
Les numéros complémentaires
Questionnée de façon subsidiaire sur le tabac et les déserts médicaux, elle se déclare en faveur du paquet à 10 euros et du maintien de l’interdiction de l’utilisation de la cigarette électronique dans les lieux publics (qu’elle ne juge pas être un outil efficace pour le sevrage). Pour les déserts médicaux, elle promet des incitations fiscales et des mécanismes pour favoriser le « détachement ponctuel » de médecins vers des zones désertifiées.
* contre la poliomyélite, le tétanos, la diphtérie, la
coqueluche, la rougeole, les oreillons, la rubéole, l’hépatite B,
l’haemophilus influenzae de type B, le pneumocoque et le
méningocoque C
F.H.