
Pour l’analyse, des modèles statistiques complexes ont été appliqués : modèles hiérarchiques pour estimer la moyenne régionale et nationale et les associations entre les concentrations de PM2,5 et la mortalité quotidienne, courbes exposition-réponse avec correction des effets des modificateurs potentiels (jours de la semaine, conditions climatiques locales…).
Les concentrations moyennes annuelles en PM2,5 sont de 56 μg/m3 (18 à 127 μg/m3). A titre de comparaison, on peut rappeler que, depuis le premier janvier 2015, les objectifs européens sont une limite en moyenne annuelle de 25 μg/m3 de PM 2,5.
Une surmortalité avec l’augmentation des niveaux de PM2,5 mais elle est plus faible qu’en Europe
Globalement, chaque augmentation de 10 μg/m3 des concentrations quotidiennes de PM2,5 est associée à une augmentation de 0,22 % de la mortalité de cause non accidentelle. Cette association est significative, de même que celles concernant la mortalité en rapport avec les maladies cardiovasculaires (+ 0,27 %), les accidents vasculaires cérébraux (+ 0,23 %) ou la bronchopathie chronique obstructive (+ 0,38 %).Les associations apparaissent plus fortes dans les villes ayant des niveaux de PM2,5 plus bas ou en cas de températures moyennes plus élevées, ainsi que dans certaines sous-populations (particulièrement les sujets âgés ou les populations moins éduquées) .
Cette enquête nationale chinoise confirme donc que à l’Est, il existe aussi une association statistique entre l'exposition à court terme aux PM2,5 et l'augmentation de la mortalité d’origine cardiovasculaire ou respiratoire. Toutefois, l'ampleur de surmortalité pour chaque élévation de 10 μg/m3 des PM2,5 est notablement plus faible que dans les enquêtes réalisées en Europe et en Amérique du Nord où la majoration du nombres de décès est estimée entre 0,94 % à 1,23 %. Pour les auteurs, cela ne signifie pas que des niveaux plus élevés de particules fines ont des effets sanitaires négligeables, mais plutôt que les conséquences d'une exposition aiguë examinée dans cette étude sont beaucoup plus faibles que les risques en rapport avec une exposition cumulative. Une autre explication avancée est que, par rapport aux pays développés, la Chine a une population plus jeune, ce qui la rend peut-être moins sensible à l'exposition aux polluants atmosphériques. A méditer.
Dr Béatrice Jourdain