
Paris, le lundi 18 décembre 2017 – Cette année 2017 a été marquée dans les hôpitaux publics par un nombre de mouvements sociaux sans précédent et par une dénonciation toujours plus active, par l’ensemble des soignants, de la dégradation croissante des conditions de travail. La semaine dernière, le ministre de la Santé, reconnaissait elle-même dans un entretien à Libération que concernant les hôpitaux, nous semblions être « arrivés au bout d’un système ». Aujourd’hui c’est au patron de la Fédération hospitalière de France (FHF) de tirer la sonnette d’alarme.
Une anticipation trompeuse
« La ligne rouge est dépassée » écrit Frédéric Valletoux, commentant les premiers chiffres évaluant le déficit des hôpitaux pour 2017. Celui-ci pourrait s’établir à 1,5 milliard d’euros, « soit 2 % des budgets hospitaliers », précise la FHF. C’est « un niveau dramatique et totalement inédit », analyse le patron de la FHF. Cette situation est d’abord liée au contexte de cette année 2017 marquée par une activité moins dynamique. Or, les tarifs hospitaliers ont été revus à la baisse, en tablant sur une augmentation des actes, pour faire face aux dépenses globales de santé. Un calcul anticipatif délétère et dont les hôpitaux payent aujourd’hui les conséquences. « C’est bien la preuve que ce système de financement n’est plus adapté. On marche sur la tête » remarque Frédéric Valletoux, qui juge que l’hôpital ne doit plus être la « variable d’ajustement des dysfonctionnements du système de santé ». Mais si cette année 2017 par ses spécificités a constitué un point de non-retour, la crise couve depuis de nombreuses années. La tarification à l’activité est une nouvelle fois en ligne de mire. Plus globalement, Frédéric Valletoux décrit : « Depuis 2012, la situation des hôpitaux n’a fait que se dégrader. Or, si l’hôpital, maillon central de notre système de santé, craque, c’est tout le système de santé qui recule de plusieurs cases ».
A quand les actes ?
Face à cette crise, l’action du gouvernement est pour l’heure jugée peu satisfaisante. La FHF ne décolère notamment pas contre la décision d’Agnès Buzyn de ne dégeler que 150 millions d’euros sur les 400 millions mis en réserve pour garantir les objectifs budgétaires. Par ailleurs, si Frédéric Valletoux constate que sur différents points, notamment sur la tarification à l’activité, le diagnostic est « partagé », il s’impatiente quant à la prise de véritable décision. « Il faut des actes volontaristes » exhorte-t-il. Le patron de la FHF a bien évidemment des pistes à soumettre au ministère. Outre, ses "marottes" habituelles, telle la plus grande participation de la médecine de ville à la permanence de soins et la lutte contre les actes dits "inutiles", il invite le gouvernement à se pencher urgemment sur le financement du système de santé, « la fin des mesures catégorielles non financées » et « l’assouplissement des modes de gestion interne des établissements ». Sur ce dernier point, Frédéric Valletoux insiste : « Il faut alléger la bureaucratie qui étouffe l’organisation ».
Plus que jamais, le sauvetage de l’hôpital semble devoir être la priorité des pouvoirs publics.
Aurélie Haroche