
Un solde naturel historiquement bas
Avec désormais 67,2 millions d’habitants, la France est le deuxième pays le plus peuplé d’Europe après l’Allemagne. Sa population a cru de 233 000 personnes en 2017, soit une hausse de 0,3 % plus modérée que les années précédentes (0,5 % par an entre 2008 et 2013 et 0,4 % entre 2014 et 2016). C’est le solde naturel, soit la différence entre le nombre de naissances et de décès qui contribue le plus largement à l’augmentation de la population. Cependant, ce solde, qui atteint 164 000, est décrit par l’INSEE comme « historiquement bas ». Diminuant chaque année depuis 2006, il est aujourd’hui inférieur au niveau de 1976, qui était le plus faible enregistré après la guerre. L’année 2017 a il est vrai été marquée par la conjonction d’un nouveau recul des naissances et d’une progression du nombre des décès.Des femmes en âge de procréer moins nombreuses et devenant mères plus tardivement
Toujours championne de la natalité en Europe, la France enregistre néanmoins un recul du nombre de nouveau-nés pour la troisième année consécutive (- 17 000 en 2017, après – 15 000 en 2016 et – 20 000 en 2015). Le nombre de naissances retrouve aujourd’hui le niveau de 1997 (mais pas celui historiquement bas de 1994). Ce phénomène s’explique notamment par une diminution du nombre de femmes âgées de 20 à 40 ans. Ces dernières étaient 9,3 millions en 1995 et ne sont plus aujourd’hui que 8,4 millions. Si ce phénomène ne devrait pas connaître d’amélioration (en tout cas prochainement), des évolutions peuvent plus facilement concerner le taux de fécondité. Celui-ci est également en recul, l’indicateur conjoncturel de fécondité s’établissant désormais à 1,88 enfant par femme (contre 1,92 en 2016). Si l’avancée de l’âge de la maternité favorise ce recul de la maternité (la baisse du taux de fécondité est particulièrement marquée chez les femmes âgées de 25 à 29 ans), l’influence du contexte économique est également évoquée. Or, les conditions aujourd’hui plus favorables pourraient permettre une nouvelle progression du nombre de naissances (comme le suggère le fait que la diminution est aujourd’hui plus faible qu’en 2015).Espérance de vie : un écart plus faible entre les hommes et les femmes
Parallèlement à ces naissances en recul, le nombre de décès a progressé en 2017 (+ 9 000). L’année a de fait été marquée par une épidémie de grippe plus meurtrière ; l’épisode caniculaire n’a de son côté pas entraîné de pic de mortalité. Le vieillissement des générations du baby boom explique également cette progression de la mortalité. Conséquence, l’espérance de vie ne progresse plus que très modérément. Ainsi, pour les hommes elle a progressé de 0,2 ans, tandis qu’elle est demeurée stable pour les femmes : elle atteint ainsi 85,3 ans pour ces dernières et 79,5 ans pour les hommes. Si l’écart tend donc à s’amenuiser, il demeure néanmoins l’un des plus élevés de l’Union européenne.Quelle politique familiale ?
L’ensemble de ces chiffres pourrait avoir une influence sur la politique sanitaire et familiale du gouvernement, bien qu’il soit difficile de déterminer ce qui relève de la conjoncture et ce qui répond à une tendance plus profonde dans les pays européens que la France rejoint peu à peu.Aurélie Haroche