Baisse de la natalité et stabilité de l’espérance de vie : la démographie française en berne

Paris, le mercredi 17 janvier 2018 – Longtemps, la situation démographique de la France a fait figure d’exception en Europe. Une espérance de vie toujours florissante et une natalité dynamique constituaient les ingrédients d’un cocktail se démarquant de pays européens à la population vieillissante et marqués par une fécondité en berne. Mais ces dernières années, bien que continuant à occuper une position de leader pour de nombreux indicateurs, la France paraît rejoindre la tendance de ses voisins, comme le confirment, une nouvelle fois, les données du dernier bilan démographique de l’INSEE.

Un solde naturel historiquement bas

Avec désormais 67,2 millions d’habitants, la France est le deuxième pays le plus peuplé d’Europe après l’Allemagne. Sa population a cru de 233 000 personnes en 2017, soit une hausse de 0,3 % plus modérée que les années précédentes (0,5 % par an entre 2008 et 2013 et 0,4 % entre 2014 et 2016). C’est le solde naturel, soit la différence entre le nombre de naissances et de décès qui contribue le plus largement à l’augmentation de la population. Cependant, ce solde, qui atteint 164 000, est décrit par l’INSEE comme « historiquement bas ». Diminuant chaque année depuis 2006, il est aujourd’hui inférieur au niveau de 1976, qui était le plus faible enregistré après la guerre. L’année 2017 a il est vrai été marquée par la conjonction d’un nouveau recul des naissances et d’une progression du nombre des décès.

Des femmes en âge de procréer moins nombreuses et devenant mères plus tardivement

Toujours championne de la natalité en Europe, la France enregistre néanmoins un recul du nombre de nouveau-nés pour la troisième année consécutive (- 17 000 en 2017, après – 15 000 en 2016 et – 20 000 en 2015). Le nombre de naissances retrouve aujourd’hui le niveau de 1997 (mais pas celui historiquement bas de 1994). Ce phénomène s’explique notamment par une diminution du nombre de femmes âgées de 20 à 40 ans. Ces dernières étaient 9,3 millions en 1995 et ne sont plus aujourd’hui que 8,4 millions. Si ce phénomène ne devrait pas connaître d’amélioration (en tout cas prochainement), des évolutions peuvent plus facilement concerner le taux de fécondité. Celui-ci est également en recul, l’indicateur conjoncturel de fécondité s’établissant désormais à 1,88 enfant par femme (contre 1,92 en 2016). Si l’avancée de l’âge de la maternité favorise ce recul de la maternité (la baisse du taux de fécondité est particulièrement marquée chez les femmes âgées de 25 à 29 ans), l’influence du contexte économique est également évoquée. Or, les conditions aujourd’hui plus favorables pourraient permettre une nouvelle progression du nombre de naissances (comme le suggère le fait que la diminution est aujourd’hui plus faible qu’en 2015).

Espérance de vie : un écart plus faible entre les hommes et les femmes

Parallèlement à ces naissances en recul, le nombre de décès a progressé en 2017 (+ 9 000). L’année a de fait été marquée par une épidémie de grippe plus meurtrière ; l’épisode caniculaire n’a de son côté pas entraîné de pic de mortalité. Le vieillissement des générations du baby boom explique également cette progression de la mortalité. Conséquence, l’espérance de vie ne progresse plus que très modérément. Ainsi, pour les hommes elle a progressé de 0,2 ans, tandis qu’elle est demeurée stable pour les femmes : elle atteint ainsi 85,3 ans pour ces dernières et 79,5 ans pour les hommes. Si l’écart tend donc à s’amenuiser, il demeure néanmoins l’un des plus élevés de l’Union européenne.

Quelle politique familiale ?

L’ensemble de ces chiffres pourrait avoir une influence sur la politique sanitaire et familiale du gouvernement, bien qu’il soit difficile de déterminer ce qui relève de la conjoncture et ce qui répond à une tendance plus profonde dans les pays européens que la France rejoint peu à peu.

Aurélie Haroche

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Vos réactions (2)

  • Espérance de vie en baisse,quel coupable?

    Le 17 janvier 2018

    L'enorme offensive contre l'Offre de Soins menée depuis des mois et des mois finit par atteindre le resultat souhaité: le couteux 4eme age,qui n'a plus autant de medecins et de pharmaciens à proximité, va au cimetiere plus tot. Tant que la population ne reagit pas, on va continuer le "pipo" des centres et maisons medicales, télémédecine, etc....Mais nous sommes (presque)tous des futurs 4eme âge, et cette evidence va bien finir par declencher une revolte contre les decideurs.

  • Ne pas confondre espérance de vie et âge moyen des décès

    Le 19 janvier 2018

    En effet on ne calcule pas l'espérance de vie à la naissance ainsi mais on constate un solde décès-naissances
    Il faudrait pour incriminer les politiques de santé ou la désertification, calculer le nombre de décès attendus compte tenu de l'espérance de vie passée et ce qui est constaté.

    Il y a aujourd'hui plus de décès car nous abordons des tranches de naissance du baby boom de l'après guerre de 14/18 ainsi que les décès prématurés des baby boomers d'après la guerre de 40-45.
    Donc il sera inévitable quelque soient les progrès accomplis et constatables que la mortalité absolue augmente.

    Il faudrait raisonner plutôt en année de vie perdues sur l'espérance de vie calculée et ceci se compense souvent d'un an sur l'autre
    Pour 2017 l'hécatombe de la grippe du début de l'année se cumule avec une précocité de la grippe de 18 et pour son centenaire c'est h1n1 qui le fête sans nous priver de trop de centenaires car ils sont immunisés doublement par leur immunité naturelle acquise (Meme si elle s'épuise au fil du temps il en reste 50 ans plus tard [grippe h1n1 de 47-57] et la vaccination qui cette année enfin depuis 4 ans comporte la souche circulante pdm 2009) mais les décès seront permis les jeunes et en terme d'années de vie perdue cette coïncidence de deux épidémies la même année sera préjudiciable.

    L'année 2018 s'annonce mieux puisque avec la fin de grippe 17-18 donc possibilité d'une demi grippe cette année si l'an prochain elle veut bien attendre janvier pour démarrer son hécatombe hivernale.

    Dr François Roche

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