Les pouvoirs publics au chevet des hôpitaux marseillais

Marseille, le mercredi 21 février 2018 - L’Assistance publique-hôpitaux de Marseille (AP-HM) connaît une situation financière fortement dégradée : un milliard d’euros de dette qui est à peine moins élevée que son budget de 1,3 milliard. Cette dérive s’explique par des raisons multiples : outre le fait que l’AP-HM compte parmi les établissements qui ont le plus pâti du passage à la tarification à l’activité (T2A) (sa dotation globale était très avantageuse et elle est fortement concurrencée pour les activités programmées par le privé très développé dans la région), les hôpitaux marseillais payent également les conséquences d’une gestion jugée calamiteuse. Les emprunts toxiques et une survivance marquée du clientélisme (dénoncée par un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales, Igas, en 2014) ont en effet contribué à grever encore davantage le budget. Par ailleurs, beaucoup estiment que l’AP-HM est victime du « parisianisme » des gouvernements successifs et qu’elle est fréquemment oubliée dans les décisions ministérielles. Un des exemples de ce phénomène le plus souvent cité est « l’inégalité inexistante quant à l’indemnité de résidence ». Les hôpitaux de Paris, Lyon et Marseille attribuent en effet tous des primes à leurs agents afin de faciliter leur logement et déplacement dans des cités en moyenne plus chères que le reste de la France. A Marseille, le coût s’élève à 8,5 millions d’euros. Mais, contrairement à l’Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) et aux Hospices civils de Lyon (HCL), Marseille n’est nullement remboursée par l’Etat de l’effort qu’elle fournit.

Montée à Paris

Aujourd’hui, un mouvement général, allant de la direction des hôpitaux aux pouvoirs publics en passant par les élus tend à rompre avec cette situation ancestrale. D’abord, la direction a déposé un projet de modernisation de 300 millions d’euros devant le Comité interministériel de la performance et de la modernisation de l’offre de soins hospitaliers. Ce dernier a été déclaré éligible, ce qui ouvre la voie à la rénovation de « l’ensemble des services d’hospitalisation et de consultation des hôpitaux de la Timone, Conception et Nord », assure l’Agence régionale de la Santé (ARS). Par ailleurs, hier, le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, le président du conseil régional, Renaud Muselier, et la présidente du département, Martine Vassal, ont été reçus par le ministre de la Santé. Ces derniers ont pu évoquer expressément leurs attentes et notamment leur souhait de voir Marseille devenir une plus grande préoccupation des pouvoirs publics. Ils ont le sentiment d’avoir été entendus. « La ministre nous a confirmé que le gouvernement porterait une attention toute particulière à l’AP-HM (…). Elle nous a annoncé que nous étions en droit d’attendre le montant maximum possible », ont écrit les trois élus dans un communiqué.

Vétusté

De fait, une aide de neuf millions d’euros va être allouée rapidement afin de pouvoir faciliter des investissements urgents, alors que la vétusté des certains matériels entraîne parfois des accidents potentiellement dommageables pour les patients, comme par exemple l’année dernière, la contamination par des bactéries du genre Pseudomonas de la moitié des 18 endoscopes de l’hôpital Nord de Marseille. En outre, dans le cadre de la réserve de 400 millions d’euros qui devrait être prochainement débloquée pour toute la France en vue de faire progresser le numérique à l’hôpital, Marseille, qui a connu par le passé des déboires avec la mise en place de son système informatique, devrait encore une fois être prioritaire. Enfin, le ministre de la Santé et les élus marseillais ont prévu une nouvelle rencontre dans trois mois afin de faire le point sur la situation, notamment budgétaire.

Lendemains qui déchantent ?

Si cette attention accordée au système de santé de la cité phocéenne ne peut que réjouir les professionnels de santé de la région, une inquiétude demeure au sein des syndicats, qui n’ignorent pas qu’une des contreparties des aides débloqués, notamment dans le cadre du Comité interministériel de la performance et de la modernisation, est la suppression de certains emplois.

Aurélie Haroche

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Vos réactions (1)

  • Gaspillage

    Le 21 février 2018

    C'est vraiment dommage d'ajouter le gaspillage à la gabegie et de donner ainsi une prime au copinage, entre autres dérives dans cette Assistance Publique ingouvernable ou plutôt gouvernée par une petite mafia syndicale de copains et de coquins.

    Ça me fait de la peine pour les nombreux établissements « vertueux » (comme on dit à l'ARH où on l'est énormément par définition) et j'en connais plusieurs...
    Et ça me fait aussi un peu de peine de voir ce que récompense mon argent !

    Dr Louis-Pierre jenoudet Jenoudet

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