Engorgement des urgences : une première feuille de route

Paris, le mercredi 23 mai 2018 – Le Premier ministre avait annoncé à la fin de l’hiver le déploiement d’une vaste réforme de notre système de santé, qui devrait notamment améliorer l’efficacité et les performances de l’hôpital. Différentes missions ont été confiées pour répondre aux multiples enjeux soulevés.

Le député LREM Thomas Mesnier, médecin urgentiste, est le premier à rendre sa copie. Elle concerne les soins non programmés. Ses propositions, qui résonnent d’une manière particulière, quinze jours après la révélation des mauvaises conditions de prise en charge d’une jeune femme par un agent de régulation du Samu, ont déjà été partiellement dévoilées. Le praticien estime notamment que les médecins généralistes devraient être d’avantage impliqués dans la permanence des soins. Néanmoins, il se refuse à parler « d’obligation » et préfère s’en remettre au « principe fort de la responsabilité territoriale des professionnels de territoire de santé en matière de prise en charge des premiers soins ». S’il faudra trouver les mesures concrètes permettant de faire de ce "principe" une réalité éloignée de la novlangue, d’autres propositions sont plus précises. Ainsi, le praticien propose de supprimer tous les numéros d’urgence existants et de faire du 15 le numéro unique de santé, cette idée en débat ne fait cependant pas l’unanimité chez les spécialistes et les décideurs y compris le ministre de la Santé qui n’a pas encore de position tranchée sur la question. Thomas Mesnier souhaite par ailleurs l’embauche de 1 500 assistants de régulation supplémentaires et de 650 médecins pour améliorer les réponses du 15. Le député estime enfin pertinent d’intégrer les autres professionnels de santé dans la permanence des soins et songe notamment au rôle que pourraient jouer les pharmaciens. « Bien des demandes de soins non programmés ne nécessitent pas d'avoir fait dix ans de médecine », juge en effet Thomas Mesnier. L’étude de ces propositions et des autres rapports encore attendus constituera le socle d’une vaste réforme qui sera présentée en juillet par le ministre de la Santé.

M.P.

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Vos réactions (3)

  • Questions sur la démographie des MG

    Le 27 mai 2018

    Cet article m'invite à poser plusieurs questions. Combien de patients n'ont pas de médecin référent en France? Quelles sont les régions les plus touchées? Je n'arrive pas à le savoir bien qu'ayant posé la question à ma CPAM.
    Combien y a t-il de généralistes installés, actifs, temps plein (et plus que plein) dont l'âge est inférieur à 65 ans et qui n'ont pas le statut de remplaçant? J'ai le chiffre de 56000. Pouvez vous confirmer ce chiffre? Qu'elle est la proportion de MG âgé de plus de 60 ans dans cette population?
    Pourquoi les plus jeunes d'entre nous ne s'installent ils pas? Pourquoi l'installation est elle à ce point retardée?

    Dr Michel Simonot

  • Faut être sérieux

    Le 28 mai 2018

    Ce jeune tres jeune député et jeune médecin a bien peu d'expérience pour pouvoir offrir des propositions.
    A t-il déjà pratiqué la médecine générale, la médecine en solitaire sans infrastructure pour l'aider ?
    J'en doute.
    on en a lu et entendu des propositions et des solutions sans avenir.

    Celle ci finira dans un tiroir comme les autres
    demander au MG une AM pour les soins non programmés !? Franchement faut être sérieux.

    Dr Jean-Claude Plessier

  • Les rêves de Thomas Mesnier

    Le 02 juin 2018

    Je pratique la médecine d'urgence depuis plus de 25 ans, PH temps plein, échelon 13, il me reste encore une bonne douzaine d'années de carrière à tirer, mais je n'en peux plus, et je n'irai pas jusqu'au bout (si je ne suis pas mort avant).

    Une bonne partie de notre effectif est vieillissant, pour certains la soixantaine est atteinte...
    Les propositions de ce jeune député, dont la carrière a été bien courte à notre sens pour pouvoir s'en targuer, nous semblent déconnectées de la réalité, plus proches de la langue de bois ou de la naïveté que du réel.

    Comment peut-on imaginer que la solution réside dans une plus grande implication des libéraux ?
    Il eut fallu plutôt que nos élites réfléchissent sérieusement depuis vingt ans au moins à l'évolution de la démographie médicale. Quid du nombre de médecins qui n'exercent pas à la fin de leurs études, ou de ceux qui n'exerceront qu'à temps partiel. Dans notre service, pour revenir à un temps de travail normal de 48 heures hebdomadaires en assurant en sécurité la totalité de nos missions, il nous manque 8 ETP. A l'heure actuelle nous sommes plus près des 60 à 70 heures par semaine, et ne sommes pas en sécurité, pas plus que les patients. Il n'y a pas de perspective de recrutement, de toute façon la charge de travail rebute les éventuels rares candidats. Pas de perspective car ce métier, trop pénible, intéresse de moins en moins les jeunes.

    La fréquentation de notre service augmente de manière inquiétante, nous ne sommes pas les seuls à vivre ce phénomène. Le premier trimestre 2018 a montré une augmentation de 20% de nombre de passages au SAU par rapport au premier trimestre 2017.
    Vieillissement de la population, poly-pathologique, déliquescence du système des EHPAD, je vous rappelle que notre président du Comité National d'Ethique a précisé il y a peu, sur les ondes (France Culture) qu'en 2017, 220 000 résidents d'EHPAD sont venus mourir à l'hôpital public.

    En réponse Madame Agnès Buzin est heureuse de nous proposer 1000 lits d'HAD en EHPAD. Est-ce une réponse adaptée ? Sans parler des échecs de l'HAD et de la fréquence des admissions aux urgences de patient cancéreux en fin de vie, qui ne mourront pas chez eux mais aux urgences, à charge pour nous d'assurer la fin de vie et les soins de confort.
    Nous sommes usés, en danger, sans aucune perspective immédiate d'amélioration et de sécurisation de nos conditions de travail, les médias évoquent avec force les accidents aux urgences. Quid de la souffrance du personnel de ces services, paramédical et médical. Et quelles réponses de nos élites ?

    Dr Jean-Robert Longhi

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