
Paris, le lundi 24 septembre 2018 - Ces derniers mois, a été
de plus en plus largement évoquée et dénoncée l’existence de «
violences obstétricales », terme qui peut renvoyer soit à
des actes non conformes aux recommandations, soit à des soins
médicalement justifiés mais réalisés sans information préalable
et/ou sans le consentement de la patiente ou encore avec une
apparente brutalité, un non-respect de la dignité, de la pudeur ou
de l’intimité.
Plutôt que d’y voir, comme certains, le stigmate d’une
défiance injustifiée vis-à-vis du corps médical, l’Académie de
médecine salue, dans un rapport, un débat qui « a le mérite de
susciter une réflexion sur l’amélioration du fonctionnement de nos
maternités » étayé par des « observations indiscutables et
relayés par les forums de discussion ayant fourni la matière à un
certain nombre d’ouvrages très critiques ».
Néanmoins, en préambule de leurs recommandations, les sages de
la rue Bonaparte mettent en garde : « ces griefs, bien réels,
ne devraient pas servir de justification à la remise en cause de
pratiques validées et recommandées (…) pas plus qu’à la promotion
d’alternatives dans les lieux et les pratiques d’accouchement
mettant en jeu la sécurité des mères et de leurs nouveau-nés,
telles que l’accouchement à domicile ou les maisons de naissances
dissociées des maternités ».
La formation à l’information
L’Académie souligne en premier lieu la nécessité d’améliorer
la formation des soignants à l’information des patientes, notamment
grâce à la simulation, qui doit prendre une « place majeure dans
l’apprentissage, le perfectionnement des gestes techniques et du
travail en équipe mais aussi pour l’amélioration de la
communication, le respect de l’autonomie des femmes enceintes et de
leur entourage ».
Pour détecter les services où la communication aux patientes
est déficiente, l’Académie propose que « le principe des revues
de mortalité et de morbidité (RMM) recommandée par la HAS soit
étendu aux situations difficiles, aux incidents, aux plaintes en
l’absence de conséquence grave sur la santé des parturientes ou de
leur nouveau-né, dans un souci d’amélioration collective ». Une
telle mesure permettrait notamment l’édiction d’indicateurs à
destination des femmes pour qu’elles choisissent « leur lieu
d’accouchement en fonction des pratiques de chaque
établissement »
Des documents d’information concernant les pratiques
obstétricales courantes devraient par ailleurs être élaborés avec
la collaboration active des associations d’usagers, en utilisant
tous les supports de diffusion possible.
Enfin, sur ce chapitre, l’institution s’étonne de la confusion
qui existerait chez les professionnels de santé entre information
et consentement.
Secteurs physiologiques
Autre puissant levier d’amélioration pour l’Académie,
l’évolution du fonctionnement des salles de naissance « où
doivent pouvoir coexister des modalités de prise en charge
différentes en favorisant la mise en place de secteurs
physiologiques », pour les patientes à bas risque, tout en
garantissant la possibilité de passer, en cas de nécessité, à une
prise en charge « classique ». Cette évolution supposant «
une attention toute particulière au respect de la pudeur, de
l’intimité des couples, en évitant toute remarque ou posture
désobligeante ou infantilisante ».
Des salles de naissances où les soignants devraient être
davantage présents pour atteindre un quota d’une sage-femme par
femme en travail. Sur ce point, l’Académie se fait même
revendicative en insistant sur la nécessité pour les
professionnels et les usagers de « faire cause commune avec la
participation des sociétés savantes afin d’obtenir gain de
cause ».
Enfin l’Académie argue que « l’évaluation précise, au cours
de l’accouchement, de la douleur et sa prise en charge (…) doit
constituer une priorité. Le ressenti des patientes doit être
entendu, et, sauf urgence extrême, il convient de toujours vérifier
et améliorer, si nécessaire, la qualité de l’analgésie en cas
d’intervention médicale : extractions instrumentales ou
césarienne ».
Frédéric Haroche