Bioéthique : feu vert du CCNE à la PMA pour toutes, mais veto concernant l’euthanasie

Paris, le mardi 25 septembre 2018 – Dans le cadre de la prochaine révision des lois de bioéthique, le CCNE (Comité consultatif national d’éthique) a rendu un avis, fruit des réflexions de ses membres, enrichies des contributions publiques qu’il a recueillies avant l’été.

Le document couvre un vaste champ, du numérique en santé à la médecine génomique, de la fin de vie à la procréation… Mais, sans surprise ce sont la GPA, la PMA pour les couples de femmes et les femmes seules et l’euthanasie qui retiennent davantage l’attention du lecteur. 

L’ouverture de la PMA « peut se concevoir »

Concernant la PMA pour les couples de femmes et les femmes seules, le comité d’éthique confirme ici ses positions précédentes en affirmant « que l'ouverture de l’AMP à des personnes sans stérilité peut se concevoir, notamment pour pallier une souffrance induite par une infécondité résultant d’orientations personnelles. Cette souffrance doit être prise en compte car le recours à une technique déjà autorisée par ailleurs n'implique pas de violence dans les relations entre les différents acteurs ». L’institution reconnait néanmoins que cette question n’a pas manqué de faire débat en son sein « en particulier sur les conséquences pour l’enfant d’une institutionnalisation de l’absence de père, donc de l’absence de l’altérité masculin-féminin dans la diversité de sa construction psychique, mais aussi sur les risques possibles de marchandisation du corps humain ». En outre, comme d’autres avant lui, le CCNE pointe les risques de pénurie de gamètes.

Concernant la prise en charge et le remboursement, le CCNE ne se prononce pas formellement mais prévient « cette question fait partie intégrante des aspects éthiques du sujet et la solution adoptée devra être soigneusement étudiée au regard des critères de justice »...

Autre son de cloche s’agissant de la gestation pour autrui (GPA), le CCNE s’y montre résolument opposé car elle porterait « atteinte à l’intégrité des femmes porteuses de grossesse pour autrui, à la fois dans leur corps, dans leur affectivité, dans leur vie familiale ». De plus les relations entre les différents intervenants d’une telle pratique seraient entachées de « risques de violences, médicales, psychiques, économiques, observables dans toutes les GPA ».

Pas touche à la loi Claeys-Leonetti

Ouvert sur les questions qui ont trait à la procréation, le CCNE est plus réservé quant à des évolutions sur la fin de vie. Ainsi, il estime qu’il n’est pas souhaitable de modifier la loi Claeys-Leonetti et il « insiste sur l’impérieuse nécessité que cette loi soit mieux connue, mieux appliquée et mieux respectée ». 

Plutôt qu’une loi ouvrant le droit à l’euthanasie, le CCNE prône la mise sur pied « d’un nouveau Plan gouvernemental de développement des soins palliatifs (…) avec pour objectif principal l’amélioration de l’information à l’égard du corps médical sur les dispositions de la loi ClaeysLeonetti, le développement de la formation et de la recherche via la création effective d’une filière universitaire et la publication d’appels à projet de recherche relatifs à la fin de vie et à la médecine palliative » pour aboutir à une véritable « culture palliative ».

Retrouvez, ici, l’intégralité des propositions du CCNE : http://www.ccne-ethique.fr/sites/default/files/avis_129_vf.pdf

Frédéric Haroche

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