Agénésie des membres supérieurs : une nouvelle enquête promise par le ministère de l’Ecologie
Paris, le lundi 8 octobre 2018 – La semaine dernière, Santé
Publique France (SPF) a rendu publics les résultats d’une enquête
conduite dans l’Ain où dans un périmètre restreint (comptant sept
communes) sept enfants nés entre 2009 et 2014 présentent une
agénésie transverse des membres supérieurs. Les investigations
menées auprès des familles, les recoupements avec différentes
informations concernant les pratiques agricoles et les informations
recueillies auprès des services vétérinaires n’ont pas permis à SPF
d’isoler une cause commune, tandis que l’institution considère que,
statistiquement, les taux retrouvés ne sont pas supérieurs à ceux
attendus.
Interprétation très divergente
On le sait, cette interprétation est contestée. En s’appuyant sur
une méthodologie différente (et selon SPF non adaptée), la
directrice du Registre des malformations en Rhône-Alpes (REMERA)
affirme en effet que le nombre de naissances concerné est très
nettement supérieur à la "norme". Par ailleurs, si la propre
enquête du REMERA n’a, pas plus que celle de SPF, pu identifier une
piste tangible quant à une cause commune, pour beaucoup
l’implication de produits phytosanitaires, notamment de pesticides
ne fait guère de doute.
SPF désavoué ?
Face à cette situation, le ministre de l’Ecologie, François de Rugy
a promis qu’une nouvelle enquête allait être conduite. « Oui.
Nous allons poursuivre les recherches, on ne peut pas accepter sans
réagir qu’il y ait des enfants qui naissent avec des malformations
graves, ce n’est pas une fatalité » a-t-il précisé au micro de
RTL. Au-delà de cette indignation politique attendue, on peut
s’interroger sur les contours de cette nouvelle enquête
épidémiologique. Elargira-t-elle les recherches des causes
génétiques (aucun séquençage n’aurait en effet été réalisé chez les
enfants atteints) et se concentrera-t-elle sur d’autres données
environnementales que le calendrier des épandages ? D’un point de
vue institutionnel, alors qu’en dépit de sa conclusion de l’absence
d’excès de cas et de la faible rentabilité de l’investigation des
clusters de ce type, SPF a néanmoins mené une investigation
poussée, faut-il voir dans l’annonce de François de Rugy un désaveu
de la structure ?
Omerta ?
Sans doute est-ce plus certainement une réponse à ceux qui
aujourd’hui veulent voire un scandale dans cette affaire. Ainsi, le
député européen Yannick Jadot, tête de liste Ensemble écologie les
Verts (EELV) aux élections européennes a dénoncé avec force ce
matin sur RTL : « Je suis absolument scandalisé par cette
affaire. Ce qu’on ne veut pas voir aujourd’hui, c’est qu’il est
très probable que ces malformations soient liées aux pesticides,
toutes les familles qui ont été touchées par ces malformations
vivent à côté des champs de maïs et des champs de tournesol. Il y a
un faisceau aujourd’hui de présomptions qui nous dit que ce sont
les pesticides qui sont à l’origine de ces malformations »
assure-t-il. Au-delà de ce cas particulier, le député s’est ému de
la situation du REMERA privé d’une partie de ses financements et a
appelé à la mise en place d’un « registre national », qui
fait écho à la volonté de SPF de constituer une « fédération
nationale » autour des dispositifs aujourd’hui existants.
Yanick Jadot considère par ailleurs qu’une certaine omerta
régnerait en France concernant les risques des pesticides ou de
l’exposition à certains déchets toxiques. SPF a cependant bien
rappelé jeudi à l’occasion de sa conférence de presse sur les
malformations congénitales que des travaux étaient constamment
menés sur ces thèmes, mais que ce n’était probablement pas l’étude
d’un cluster tel celui de l’Ain qui permet le mieux de disposer de
réponses tangibles sur ces sujets très complexes.
Je voudrais juste apporter la précision suivante: il est écrit "SPF a néanmoins mené une investigation poussée". Qu'entendez vous par là? SPF a uniquement disposé du rapport que Remera lui a remis et y a répondu 4 ans plus tard par voie de conférence de presse. SPF n'a procédé à aucune autre investigation que la lecture/analyse du rapport. Sans doute aurez vous mal compris?
Dr Emmanuelle Amar Directrice Remera
Précision de la rédaction
Le 10 octobre 2018
En effet il y a une certaine ambiguïté dans la rédaction de notre texte : il s’agit bien d’un seul rapport réalisé par le REMARA pour SPF. Seule l’analyse statistique supplémentaire réalisée par REMERA diffère.
La rédaction
Une fluctuation d’echantillonage due au hasard ?
Le 01 novembre 2018
Les méthodes de balayage spatio-temporel du Remera ou celles plus fumeuses du SPF ne valent rien face au bon sens qui éclaira nos maîtres mathématiciens des Lumières comme Poisson Bayes Gauss etc Je n’ai pas adhéré aux artifices oiseux des derniers anglo-saxons du 20e siècle pour torturer les données des petites séries. La loi normale est ainsi toute résumée dans deux nombres à mon sens intuitif le nombre 30 et celui de 5 : -Un grand nombre c’est au dessus de 30, à partir de 30 cas on peut savoir si la répartition est normale ou ne l’est pas. - L’autre 5 c’est qu’en dessous tous les nombres sont aussi petits les uns que les autres : 4 cas c’est comme 0 cas ! C’est surprenant mais c’est la seule chose à retenir sur le hasard ! Alors ici de quelle moyenne parle t-on ? 1,7/10 000 ? C’est trop petit ! Pour augmenter la précision du bruit de fond statistique il faut passer au dessus de 30 cas donc ici considérer une zone 20 fois plus vaste assurant 200 000 naissances ! Et si on compare deux zones différentes de 200 000 naissances chacune et que la différence entre elle est supérieure à 5 alors on commence des recherches ! Ça doit être la méthode nationale. Mais localement si vous détectez 7 cas, alors que d’habitude sur la même période vous en avez zéro à deux alors vous êtes fondé comme le Remera l’a fait à engager des recherches précises mais rien n’exclu qu’il s’agisse là encore d’une fluctuation d’echantillonage, c’est à dire due au hasard. La situation est rare mais elle est possible. Il n’empêche qu'il y a plus probablement une cause à rechercher si effectivement un produit sanitaire était utilisé ici et pas ailleurs ! Or il se trouve après enquête si nous avons bien compris SPF que aucun produit ne diffère ici par rapport à d’autres zones rurales comparables.
Donc c’est bien d’un cluster qu’il s’agit pour parler franglais (c’est la mode) c’est . La prévalence des malformations est évaluée couramment sur 10 000 naissances pour être proche de 30 et certaines régions vont être au dessus d’autres au dessous et on pourra en première approximation se demander si le radon est en cause ou l’alccolisme féminin ou masculin (si si ça joue aussi) n’est pas en cause dans les différences observée. Et si ce taux augmente dans le temps on accusera les nouveaux pesticides (c’est la mode aussi).
Regardons tomber les gouttes de pluie et si on en trouve 7 au même endroit c’est qu’il pleut beaucoup. Mais ici 1,7/10 0000 ça fait moins de 15 cas par an en France, on ne peut pas faire plus orphelin comme maladie ! Pourtant nous autres généralistes voyons beaucoup plus d’agenesie des doigts et des mains ! N’a t-on donc pas oublié de compter le reste des malformations et quel est leur prévalence sur la zone repérée par le Remera ?
On a, vu de loin, l’impression que des données manquent et que SPF reproche au Remera de ne pas tout dire à leurs scientifiques de tutelle nationale et de trop en dire aux journalistes.