
Paris, le lundi 26 novembre 2018 – Les graves défaillances du
certificateur allemand TÜV dans l’affaire des prothèses mammaires
PIP avaient mis en évidence les lacunes du système européen de
certification des dispositifs médicaux (DM). Mais, à l’époque,
certains avaient considéré qu’il s’agissait d’un cas particulier,
tandis que TÜV assurait avoir été abusé.
Une enquête journalistique internationale réalisée par 59
médias dans le cadre du Consortium international des journalistes
d'investigation (ICIJ) et baptisé "Implant Files" met aujourd’hui
en lumière les lacunes globales du contrôle des dispositifs
médicaux, en particulier implantables, et notamment en
Europe.
Des données incomplètes…
Ces travaux affirment que le nombre d'incidents liés aux DM
augmente partout dans le monde, mais, sans préciser s’il s’agit
d’une progression qui tient compte ou non de la hausse probable
parallèle du nombre de dispositifs médicaux vendus. Cette
indication concernant le nombre de signalements ne permet pas par
ailleurs de distinguer la gravité des faits signalés et ne précise
pas la part de déclarations pour lesquelles un lien de causalité a
pu être clairement établi.
Reste qu’aux États-Unis, qui disposent d'un recueil de
déclarations via une base de données, il apparaît que les incidents
liés aux DM auraient causé la mort de 82 000 personnes et une
altération de la santé de 1,7 million d’autres en10 ans, des
chiffres multipliés par cinq durant cette période.
En France, selon les chiffres de l'Agence nationale de
sécurité du médicament (ANSM) le nombre d'incidents liés à ces DM
aurait également doublé en dix ans, avec plus de 18 000 cas
recensés en 2017. Ces données demeurent globalement incomplètes
selon les responsables institutionnels.
Filet pour mandarine ou implant vaginal ?
Plus probante quant à la faiblesse des organismes de
certification est la démonstration par l'absurde d’une journaliste
de la chaîne de télévision néerlandaise Avrotros qui est parvenue,
en se faisant passer pour un fabricant de DM, à présenter un filet
de mandarine dans la catégorie implant vaginal. Ainsi, en
transmettant un simple dossier, elle a obtenu de trois organismes
de certification un accord de principe pour la délivrance d’un «
marquage CE ». En effet, dans 96% des cas, le certificateur
ne réclamerait pas de voir le produit qui bénéficiera du précieux
sésame indispensable à sa commercialisation en tant que
DM.
Ce laxisme dans le système de certification est reconnue par
Agnès Buzyn au micro de France Info : « tous les ministres
savent que la réglementation est insuffisamment robuste »
a-t-elle ainsi déclaré en rappelant qu’une nouvelle réglementation
européenne est attendue, d’ici 2020.
Une « quadruple faillite »…et une bonne occasion de mettre les médecins en accusation !
Pour la cellule investigation de Radio France qui a participé
à cette enquête, cette dernière révèle une « quadruple
faillite ».
Les intéressés, en particulier le corps médical accusé de légèreté coupable et de corruption, apprécieront !
Frédéric Haroche