Santé périnatale en France : une situation contrastée
Paris, le jeudi 29 novembre 2018 - Le nouveau rapport
Euro-Peristat, programme européen coordonné par l’Inserm, mis en
place depuis 2000, et qui rassemble les statistiques de 31 pays sur
la santé périnatale vient d’être publié.
Comme le soulignent les auteurs, pour la partie française, une
des forces de ces travaux « est qu’ils présentent un grand
nombre de données sur la santé de l’enfant, renseignées à partir
des statistiques hospitalières (ou PMSI). Ceci permet d’avoir des
indicateurs fondés sur la totalité des naissances annuelles, alors
qu’auparavant ces indicateurs étaient documentés par un échantillon
représentatif de l’ensemble des naissances, issu des Enquêtes
nationales périnatales ».
Mortalité : des résultats décevants
La mortalité autour de la naissance est globalement basse en
France comme dans les autres pays européens. Cependant la
mortinatalité (enfants mort-nés) atteint un niveau plutôt élevé en
France (3 décès pour 1000 naissances, après exclusion des
interruptions médicales de grossesse, ce qui place notre pays au
21ème rang), ainsi que la mortalité
néonatale (décès dans le 1er mois) qui
concerne 2,4 naissances vivantes sur 1 000
(23ème rang). Aussi, la mortalité néonatale
est stable depuis 2005 alors qu’une tendance à la baisse est
constatée dans l’ensemble des pays européens.
Concernant les naissances prématurées (36 semaines
d’aménorrhée ou moins), les taux apparaissent stables en France,
tandis que les évolutions sont assez contrastées dans les autres
pays. La France se situe en la matière au
14e rang (7,1% des naissances étaient
prématurées en 2015).
On relèvera par ailleurs les résultats de deux autres
indicateurs souvent observés : le nombre de césarienne et la
consommation de tabac pendant la grossesse.
Bons points pour les césariennes, peut beaucoup mieux faire sur
le tabac
Avec une césarienne pour cinq naissances en 2015 (20,2 %), la
France appartient au groupe des pays dont les taux de césarienne
sont les plus bas. De fait, depuis 2010, le recours à cette
intervention est resté stable en France alors qu’il augmentait de
manière significative dans 17 pays sur 31. La France est
particulièrement bien classée pour les situations à haut risque de
césarienne : 59 % d’intervention en cas d’antécédent de césarienne
(3ème rang), 75 % en cas de présentation
par le siège (4ème rang), et 54 % en cas de
grossesses multiples (5ème rang).
A contrario, concernant la consommation de tabac pendant la
grossesse, les résultats français sont décevants. La prévalence
tabagique pendant la grossesse reste stable dans notre pays (16,3%
des femmes au troisième trimestre, 20ème
rang sur les 22 pays disposant de statistiques sur ce sujet) alors
que la tendance est à la baisse dans presque tous les autres états
étudiés.
« Ce bilan présente une situation contrastée. Il semble que les
efforts menés pour limiter les césariennes ont conduit à des
résultats positifs. En revanche la situation concernant la
mortalité des enfants à la naissance est préoccupante. Il est
indispensable d’analyser les facteurs et les circonstances des
décès pour identifier dans quels domaines et sur quelles
populations devraient porter les efforts » conclut Jennifer
Zeitlin, coordinatrice du projet Euro-Peristat.
Distribuer des bons points ou des cartons jaunes selon le classement européen du critère choisi apparaît par trop hâtif, voire présomptueux. Ainsi dans le même article on vante la diminution du taux de césarienne français tout en énonçant que notre taux de mortinatalité est mauvais. Chercher l'erreur. Enfin, arrêtons de se focaliser sur le taux des césariennes sans le corréler au taux des retard-psychomoteurs anoxo-ischémique à l'entrée au CP. Une seule encéphalopathie de moins évitée par une césarienne représente des années de souffrance évitées pour l'enfant et ses parents, sans parler du coup financier énorme pour la société.