
Paris, le vendredi 21 décembre 2018 - Les organisations
représentatives des étudiants des filières en santé sont déçues. Le
contenu du rapport confié au Pr Jean-Paul Saint-André sur la
refonte du premier cycle des études médicales et remis aux
ministres de l’Enseignement supérieur et de la Santé le 18 décembre
confirme leurs craintes quant à un manque d’ambition réformatrice
d’un système qu’elles n’ont cessé de dénoncer ces dernières années.
Si l’Association nationale des étudiants en médecine de France
(ANEMF) salue bien « un modèle d’entrée dans les études de santé
composé de plusieurs voies d’accès », la création d’un «
portail santé » comporte à ses yeux « de nombreux
écueils ». Cette voie d’accès que les représentants des
étudiants ont tout de suite qualifié de « PACES déguisée »
et qui a été majoritairement soutenue par les doyens d’université a
été le point d’achoppement principal durant les concertations
menées depuis l’été.
Dans un communiqué commun, onze organisations étudiantes
représentatives de toutes les filières en santé (à l’exception
notable de l’ANEMF qui est non signataire) reprochent au rapport de
reprendre « en grande partie les propositions des conférences
des doyens et directeurs des formations de santé, à savoir une voie
d’accès aux filières MMOPK (Médecine, Maïeutique, Odontologie,
Pharmacie, Kinésithérapie) par le « portail santé » ainsi qu’une
deuxième voie d’accès par le biais d’autres licences avec une
mineure santé ». Si cette seconde possibilité correspond bien
aux attentes et revendications de tous les syndicats étudiants, ils
considèrent qu’il n’en est rien pour le « portail santé »
qualifié de « reflet dans son organisation d’un conservatisme
quant à l’approche des différentes formations ».
Une ambition au rabais
Pour l’ANEMF, la construction de cette première année avec des
enseignements spécifiques pour chaque filière de santé « impose
à l’étudiant un choix précoce de sa filière » et fait donc fi
de sa volonté mainte fois exprimée de consacrer « une grande
partie de cette première année des enseignements généralistes
autour d’une culture commune en santé ». Elle regrette par
ailleurs « le manque de fermeté du rapport sur la part des
enseignements d’ouvertures » afin que les étudiants puissent
acquérir « des connaissances d’autres domaines universitaires
que ceux de la santé » en cas de non-intégration dans les
filières MMOPK. L’abandon du modèle d’une licence à majeur santé,
défendu depuis le début par l’ANEMF et dont elle considère qu’il «
permettait de répondre à ces problématiques » constitue pour
elle un manque d’ambition flagrant de cette réforme.
Benoît Thelliez