Linky : Enedis sommé par la justice d’installer des « filtres » chez des sujets déclarés électrosensibles
Paris, le mercredi 24 avril 2019 – Vingt-deux actions judiciaires
collectives ont été initiées devant des tribunaux civils pour
protester contre l’installation des nouveaux compteurs
"intelligents" Linky. Les premières décisions ont principalement
conduit à débouter les demandeurs, les magistrats constatant la
conformité des opérations conduites par Enedis avec le principe de
précaution. Cependant, les juges toulousains ont opéré, il y a un
mois pour la première fois, une distinction entre les personnes
déclarées électrosensibles (certificat médical à l’appui) et celles
protestant plus généralement contre les nuisances prétendues de
Linky. Si les secondes ont été déboutées de leurs demandes, les
premières ont été accueillies favorablement par la justice.
Manquement au principe de précaution pour les uns, pas
de trouble manifestement illicite pour les autres
Hier, les juges de Bordeaux se sont inscrits dans cette
jurisprudence. Deux-cent-six personnes avaient formé une action
collective contre Enedis pour protester contre l’installation de
compteurs Linky. Pour treize d’entre eux, dont l’électrosensibilité
a fait l’objet d’une reconnaissance médicale, les juges ont
considéré qu’il existait un « trouble manifestement illicite par
manquement au principe de précaution ». Dès lors, Enedis devra
installer un filtre sur les compteurs. A Toulouse, les plaignants
ont obtenu le droit de refuser l’installation qui n’avait pas
encore eu lieu. Pour les 193 autres plaignants, les magistrats ont
par contre estimé leurs réclamations non recevables. « Dans la
mesure où les arguments avancés pour soutenir l’existence d’un
trouble manifestement illicite, ou d’un dommage imminent, ont été
écartés, les demandeurs n’établissent pas l’existence d’une
urgence. Ils n’établissent pas davantage leur intérêt légitime à
obtenir les renseignements demandés, alors que le compteur "Linky"
a déjà fait l’objet d’études techniques très détaillées, tant dans
le cadre de sa certification que postérieurement. Les précisions
que souhaitent les demandeurs sont en fait motivées par leur
suspicion à l’encontre de ces analyses, mais il n’apparaît pas que
cette suspicion repose sur des motifs légitimes » peut-on lire
dans le jugement dévoilé par LCI. Déboutés, les plaignants (non
considérés médicalement comme électrosensibles) ont été condamnés
aux dépens, mais leur procédure n’a pas été jugée abusive
(contrairement à ce qu’affirmait Enedis).
Jugement pour tous (jugement pour personne ?)
Le choix de la justice d’établir une distinction entre les
plaignants dits électrosensibles et les autres (qui repose sur la
valeur juridique accordée au certificat médical) n’est pas sans
ambiguïté et permet en tout cas à chacun de voir dans le jugement
une reconnaissance de sa position. Ainsi, quand les avocats des
plaignants voient dans la décision une « première brèche dans ce
qui était la pensée dominante jusqu’ici : Enedis se bornant à dire
qu’il n’y avait aucun danger », Enedis (qui a indiqué sa
volonté de faire appel) estime, pour sa part, que le tribunal «
conforte aussi bien le principe du remplacement des compteurs
que notre démarche d’écoute à l’égard de certains de nos clients
qui se déclarent électro-sensibles ».
Loin des consensus scientifiques
Mais au-delà de ces interprétations divergentes (qui confirment la
capacité infinie de l’être humain à se convaincre qu’il est dans
son bon droit), ce jugement soulève différentes questions. Elles
concernent notamment le caractère délicat de la reconnaissance du
diagnostic d’électrosensibilité, qui fait pourtant l’objet d’une
large controverse médicale et qui de fait pourrait contribuer à
admettre une nocivité des ondes (tout au moins pour certains
sujets), nocivité jamais démontrée. Par ailleurs, que penser de ce
recours aux filtres, des filtres dont on peut interroger
l’efficacité et la pertinence et qui font l’objet de gloses à
l’infini sur les sites d’opposants à Linky, gloses non toujours
dépourvues d’arrières pensées commerciales ? On observera enfin que
ce type de jugement paraît quelque peu en décalage avec les données
scientifiques et les résultats des contrôles régulièrement
réalisés. Ainsi, le rapport annuel de l’Agence nationale des
fréquences (ANFR) publié le 18 avril, qui repose sur des mesures
réalisées en 2018 dans 3 068 lieux signale une conformité
quasi-totale du niveau d’exposition aux champs électromagnétiques
par rapport aux réglementations en vigueur (à l’exception d’un seul
site où existait un « dépassement théorique »). « Cette
étude montre que les niveaux mesurés en 2018 restent globalement
faibles : le niveau de champ médian est de 0,40V/m, c'est-à-dire
que la moitié des résultats obtenus sont inférieurs à cette
valeur » indique encore l’ANFR qui précise enfin que « dans
plus de 60 % des cas la téléphonie mobile constitue la principale
source d’exposition » bien avant les compteurs électriques. Les
courants porteurs en ligne (CPL) des compteurs Linky bénéficient
par ailleurs d’un recul de plus de cinquante ans et toutes les
études solides sur le sujet ont permis d’écarter leur
nocivité.
L'affaire judiciaire repose uniquement sur la production de certificats médicaux imbéciles dont l'ordre devrait se soucier.
Dr Pierre Rimbaud
Proposition
Le 25 avril 2019
Puisque l'electrosensibilité n'a semble t il jamais été prouvée physiquement, il y a de bonnes chances qu'elle soit sensible à l'homéopathie. Quelqu'un a essayé ?