Première greffe d’un cœur battant en France

Lille, le lundi 27 mai 2019 – Le CHU de Lille et son institut Cœur-poumon ont annoncé que pour la première fois en France ses équipes ont au mois d’avril utilisé un « cœur isolé perfusé » (Organ Care System) afin de transporter un cœur sur une longue distance avant de le greffer. Un second patient a bénéficié de cette même technique en mai 2019.

L’Organ Care System est une machine qui permet de perfuser en sang oxygéné le cœur battant du donneur et ce durant tout le temps du transport. C’est une alternative à la technique habituelle qui consiste à conserver le cœur en arrêt dans de la glace et qui permet donc de maintenir le cœur dans des conditions de température et d’oxygénation proches de la "normale". Autre avantage : l’équipe de prélèvement a la possibilité d’évaluer la qualité du cœur tout au long du transport.

Un « acte émouvant »

Le Pr André Vincentelli, chirurgien cardiaque qui a réalisé ces deux interventions souligne : « nous avions été formés à l’utilisation de cette machine, néanmoins le transport de ce cœur battant et la simplicité des suites opératoires pour le patient receveur, ont rendu cet acte émouvant pour toute l’équipe ».

Cette innovation assurant une meilleure conservation du cœur greffé, permet également de prélever un nouveau type de donneur dit « à cœur arrêté » et ouvre la voie à une possible augmentation du nombre de greffes cardiaques réussies comme dans des pays « géographiquement étendus » selon les mots du CHU de Lille (États-Unis, Australie ou encore au Kazakhstan).

En effet, le temps durant lequel le cœur se trouve en dehors du corps est un facteur majeur de risque d’échec de la transplantation, or, avec Organ Care System, la limite théorique des 4 heures de transport dans la glace se trouve prolongée au-delà de 6 heures.

Il s’agit d’une innovation bienvenue en France qui connaît une pénurie de greffons. Selon les dernières données de la littérature, cette technique pourrait en effet contribuer à accroître le nombre de greffons disponibles d'environ 17 %.

Néanmoins cette avancée importante en chirurgie de la transplantation ne sera pas un acte de « routine » dans notre pays avant longtemps. De nombreux agréments et des formations spécifiques sont en effet indispensables. Des interrogations économiques demeurent également : très coûteuses et non remboursées, les deux opérations réalisées à Lille ont été intégralement prises en charge par le CHU.

Xavier Bataille

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Vos réactions (1)

  • Une premiere en transplantation cardiaque

    Le 28 mai 2019

    Cette technique va contribuer a une augmentation du nonbre de greffons disponibles.

    Dr Yves Ivonen

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