Paris, le mercredi 31 juillet 2019 – La présentation par Jean-Paul
Delevoye de son rapport sur l’instauration d’un système universel
de retraite il y a dix jours a sans surprise été accueillie avec
une certaine réserve par les représentants des médecins libéraux et
par les responsables de la Caisse autonome de retraite des médecins
de France (CARMF). Tant en ce qui concerne le taux de cotisation
envisagé (28,1 %) que les perspectives en termes de gouvernance,
les organisations syndicales ont très vite exprimé leur
désapprobation. La CARMF a pour sa part une nouvelle fois observé
que les objectifs phares suivis par le gouvernement s’inscrivaient
parfaitement dans la logique qu’elle a elle-même suivie ces
dernières années, notamment en ce qui concerne la retraite par
point. Néanmoins, concernant la spécificité de la CARMF, elle n’a
pas manqué de signaler quelques « zones d’ombre ». Il s’agit
notamment du devenir de ses importantes réserves (7 milliards
d’euros) et de la gouvernance de la gestion. « Le regroupement
de toutes les compétences de la collecte des fonds jusqu’au
paiement des pensions par une structure étatique n’est pas de
nature à nous apporter un plein apaisement » écrivait avec une
formule quelque peu euphémistique la semaine dernière la CARMF. «
Le recouvrement des cotisations, le suivi des carrières, la
liquidation et le paiement des droits (…) semblent plus sécurisés
dans une structure dédiée à taille humaine » insistait-elle
encore. Aussi, voulait-elle croire que des « aménagements »
soient possibles et fondait d’importants espoirs dans les
concertations futures annoncées.
Au-revoir et à peine merci
Mais l’espoir a été très rapidement déçu. Au moment où la
CARMF exprimait ses souhaits, le directeur de la caisse était «
convoqué » à la Direction de la sécurité sociale afin d’ «
examiner les conditions actuelles de recouvrement des
cotisations par la CARMF, les modalités et le calendrier du
transfert, ainsi que les conséquences, notamment au plan social
». Mais en fait d’examen, le traitement a déjà été choisi : la
direction de la sécurité sociale a informé la CARMF que dans «
les plus brefs délais » elle serait déchargée de la collecte
des cotisations des médecins libéraux. Cette dernière sera
dorénavant la mission de l’ACOSS (caisse nationale des URSSAF).
Concernant les employés de la CARMF qui assuraient cette mission,
ils devraient être reclassés dans les URSSAF d’Ile de
France.
Faux semblants
Cette décision ne laisse pas de surprendre les responsables de
la CARMF. Dans une lettre adressée au ministère de la Santé et à la
Directrice de la sécurité sociale, le docteur Thierry Lardenois,
président de la CARMF s’irrite tout d’abord de la méthode. Il
considère en effet que « s’agissant d’un transfert de compétences
de grande ampleur pouvant impacter une partie importante du
personnel », le président du Conseil d’administration de la CARMF
aurait dû être associé directement aux discussions. Thierry
Lardenois s’interroge encore sur la précipitation de cette mesure,
quand l’entrée en vigueur de la réforme des retraites n’est prévue
qu’en 2025. Surtout, Thierry Lardenois ne peut voir dans cette
décision qu’une contradiction avec le projet dessiné par Jean-Paul
Delevoye. Ce dernier « prévoit à terme une délégation de gestion
de la Caisse nationale de retraite universelle à certaines caisses,
dont celles des professions libérales, qui assureraient chacune un
"rôle de guichet professionnel unique". Dans ce cadre, il
semblerait logique qu’elles assurent le recouvrement des
cotisations du régime universel » écrit le président de la
CARMF. Aussi, ne peut-il que dénoncer une mesure « prématurée » qui
semble faire fi de toutes les négociations futures et des
discussions parlementaires indispensables.
Hold up
Ce que la Fédération des médecins de France (FMF) considère comme
un « hold up » peut en tout état de cause être interprété
comme un bien mauvais présage, notamment en ce qui concerne la
question épineuse du sort des réserves de la CARMF. La FMF ne se
fait guère d’illusion sur le mécanisme qui devrait se mettre en
place. Après la collecte des cotisations par l’ACOSS, « l’argent
des médecins libéraux serait reversé ensuite à notre caisse de
retraite pour qu’elle paie les allocations. Ainsi, nos cotisations
ne nous appartiendraient plus, et sans doute par conséquence nos
réserves aussi ». Qualifiant « d’inacceptable » et de «
casus belli » cette méthode, la FMF exige « le retrait
immédiat de cette mesure inique ». La colère est la même au
sein du Syndicat des médecins libéraux (SML) qui ironise sur le «
fondement juridique de la demande formulée par la DSS en
catimini ». En outre de la même manière que la FMF,
l’organisation remarque : « Un tel comportement des pouvoirs
publics ouvre la voie à toutes les spéculations. Le SML s’interroge
notamment sur la part que l’URSSAF pourra confisquer, au passage,
lors de cette collecte pour se financer pour financer d’autres
dépenses de l’État. En clair, la collecte des cotisations retraite
des médecins par l’URSSAF dissimulerait-elle un stratagème destiné,
une fois encore "à faire les poches" des médecins actifs et
retraités ? ». Enfin, sans doute cet épisode devrait également
renforcer la détermination de l’Union française pour une médecine
libre (UFML) de faire entendre sa voix sur le sujet. L’organisation
est en effet à l’origine d’un appel lancé au Président de la
République dont l’objectif est de défendre « la conservation
d’une solidarité professionnelle et d’une démocratie sociale au
sein d’un système de retraite à points ». Aujourd’hui signé par
plus de 6 000 personnes, cet appel considère que le régime unique
étatique qui se profile « entraînerait (…) la mort des
solidarités professionnelles » et constituerait une « atteinte sans
précédent à l’exercice libéral en santé ».
Maintenant nous y sommes. Après un décret scélérat ayant eu pour effet d'éliminer G Maudrux le président de la Carmf (dont toutes les analyses se sont révélées au combien pertinentes) puis de nommer un fonctionnaire à sa place, voilà que s'avance sans pudeur la spoliation des réserves des caisses des professions libérales. Les médecins seraient ils incapables de se mobiliser ? Ils peuvent constater que depuis plus de 30 ans le pouvoir de mobilisation (et ne nuisance, surtout !) des régimes spéciaux, EDF, SNCF... et autres, a permis ce véritable vol en bande organisé que constituent les retraites si avantageuses de ces régimes spéciaux, abondés en permanence par les caisses des autres salariés et des libéraux. A quand 100 000 médecins dans la rue pour cesser ce pillage injuste et honteux ?
Dr J-B Courroy
Une solution pour éviter la spoliation de nos économies
Le 31 juillet 2019
Pourquoi la CARMF ne redistribuerait-elle pas les réserves aux médecins avant que le hold up ne se concrétise? Chaque cotisant ayant ainsi la possibilité de les placer comme bon lui semble?
Dr Fabienne Leger-Pousset
Cocufiage en vue
Le 31 juillet 2019
Delevoye qui avait refusé les 700 000 signatures de la manif pour tous va t-il s’inquiéter des réactions de 100 000 médecins si par extraordinaire ils présentaient un front uni.
Quand on voit la vidéo d'un président de syndicat de médecins généralistes tel une souris face au gros matou Delevoye on se dit que les carottes sont cuites et que la profession de médecin avec.