Hôpital : la crise s’intensifie, malgré les baumes et satisfécits de l’exécutif
Paris, le lundi 28 octobre 2019 – « Évidemment que moi, l'une
des choses qui me bouleverse le plus, c'est quand je vois nos
infirmières, nos aides-soignants, nos médecins qui sont en
souffrance au travail alors qu'ils sont d'un dévouement incroyable,
qu'ils ne comptent pas leurs heures, leur énergie et qui sont mis
dans des situations impossibles », a déclaré ce matin au micro
de RTL, le Président de la République Emmanuel Macron. Interrogé
sur la crise que traverse aujourd’hui l’hôpital, symbolisée par une
grève persistante dans les urgences et la mobilisation récente des
autres services, le chef de l’État a adopté une stratégie
habituelle réaffirmant sa compréhension des attentes, tout en
affichant une satisfaction très nette des actions engagées. « On
fait une stratégie qui est très intelligent, qui va mettre cinq à
dix ans à se déployer » a-t-il ainsi assuré, tout en notant que
les difficultés actuelles sont le résultat des « mauvais choix
ou les non-réformes d’il y a 10,15 ou 20 ans ». Cependant,
Emmanuel Macron n’a pas exclu le déblocage de moyens
supplémentaires, « une réponse d’urgence qui permette de traiter
les souffrances immédiates ».
Le gouvernement convaincu d’aller dans le bon sens
Le discours d’Édouard Philippe visitant en Guadeloupe le chantier
du futur CHU de Pointe-à-Pitre, dans un département où les
contestations des personnes hospitaliers sont très fortes, fut très
similaire à celui du Président de la République. Le Premier
ministre a ainsi lui aussi considéré que les actions mises en œuvre
répondaient aux enjeux constatés. « Les orientations qu’a
données Agnès Buzyn, la direction que nous voulons prendre, ne sont
pas remises en cause. Il y a un assez large consensus sur le fait
que l’on va dans le bon sens » a ainsi assuré Edouard
Philippe.
Grève du codage
Ces différentes déclarations contrastent fortement avec
l’ébullition que l’on observe dans les hôpitaux. En effet, alors
que la grève des urgences ne faiblit pas (267 services demeuraient
mobilisés à la mi-octobre, en dépit d’accords locaux qui ont
conduit à des résolutions de crise notamment à l’Assistance
publique – hôpitaux de Paris), tout l’hôpital apparaît désormais
déterminé à participer au mouvement. Ainsi, une grève du codage a
débuté il y a une quinzaine de jours et prend une ampleur qui
surprend jusqu’à ses initiateurs. Ainsi, dix jours après l’appel du
collectif Inter-Hôpitaux, l’arrêt du codage était observé dans tous
les services de six établissements de l’AP-HP, tandis que de
nombreux autres hôpitaux manifestaient partout en France un
engagement semblable.
Les internes parisiens en colère
Par ailleurs, les appels à la grève illimitée et à la manifestation
se sont multipliés. Les praticiens hospitaliers sont ainsi invités
à se rassembler demain aux abords de l’Assemblée nationale (jour du
premier vote solennel du projet de loi de financement de la
Sécurité sociale) par les organisations Action praticiens hôpital
et Jeunes médecins. Ils sont également appelés à la grève illimitée
à partir du 14 novembre, jour d’une grande manifestation en cours
de préparation. De leur côté, les internes parisiens (qui
pourraient être rejoints par d’autres) observent une grève à partir
d’aujourd’hui à l’appel du Syndicat national des jeunes médecins
généralistes, notamment pour protester contre l’annulation de la
procédure de choix par l’Agence régionale de Santé en raison
officiellement d’une erreur administrative, mais aussi pour
corriger une répartition qui ne permettait pas de répondre aux
besoins des services de pédiatrie. De son côté, le Syndicat
représentatif parisien des internes de médecine générale (SRP-IMG)
devrait bloquer aujourd’hui l’accès à l’ARS pour protester contre
sa décision d’annulation de la procédure. Ainsi, sur tous les
fronts, les baumes et satisfécits de l’exécutif paraissent n’avoir
aucun effet sur la sensation d’être méprisés et le sentiment
d’épuisement des professionnels de santé hospitaliers.
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