Un pédiatre affirmant guérir l’autisme grâce à l’homéopathie suspendu
Fréjus, le jeudi 5 décembre 2019 – En janvier 2018, le Conseil
national de l’Ordre des médecins (CNOM) lançait des poursuites
ordinales contre le Dr Didier Grandgeorge, pédiatre exerçant à
Fréjus, membre du conseil d'administration du Syndicat national des
médecins homéopathes français (SNMHF).
Ce médecin s’était fait remarquer par les instances ordinales
pour avoir publié, dans le cadre de l’école Hahnemannienne de
Fréjus-St. Raphaël qu’il anime, des travaux sur le traitement
homéopathique de l’autisme.
Dilutions de chlorum…
Dans ceux-ci, il expliquait « proposer aux enfants
présentant des troubles du spectre autistique le remède
homéopathique Chlorum en dilutions croissantes de 9CH à 30CH avec
l’idée que le remède homéopathique pourrait chasser l’excès de
chlore dans les cellules et rétablir le niveau normal de cet
halogène (…). En l’espace de deux ans, j’ai pu traiter une
vingtaine de cas d’autisme purs, dont 16 dossiers exploitables avec
un suivi d’au moins un an, et je dois avouer que les résultats sont
surprenants : tous les enfants sauf un sont bien améliorés, aucun
n’a voulu arrêter le traitement à cause d’effets secondaires
adverses, et surtout 6 cas sont si spectaculaires que les enfants
sont considérés comme sortis du spectre autistique, ce que je
n’avais jamais vu dans toute ma carrière pédiatrique ».
…et autres remèdes remarquables
Outre ce traitement, le Dr Grandgeorge expliquait les
bienfaits « d’autres remèdes remarquables » contre
l’autisme.
Il recommandait en particulier « d’administrer des
dilutions homéopathiques des vaccins reçus ».
Il étayait ainsi sa démarche par des considérations
surréalistes : « je les donne systématiquement car certains
vaccins contiennent de l’aluminium, d’autre des squalènes,
substances qui peuvent donner des perturbations cérébrales. Le
docteur Senn de Lausanne a montré l’importance de lever les
barrages énergétiques pour assurer une guérison. De plus, en
injectant les vaccins on injecte des extraits de maladie non dénués
de signifiants : par exemple être la coqueluche de la famille c’est
être le centre du monde familial et cela renforce l’ego, la
rougeole est un psychodrame pour sortir de la relation fusionnelle
mère–enfant, l’hépatite c’est le problème du foie, de la foi, de la
confiance en soi » (!).
Le 21 novembre, le praticien a finalement été condamné par la
section disciplinaire de l'Ordre des médecins de la région
Provence-Alpes-Côte d'Azur à « une sanction d'interdiction
d'exercer les fonctions de médecin pendant une durée de trois mois,
prenant effet le 1er février 2020 et assortie d'un sursis de deux
mois ». Cette décision, contre laquelle des appels peuvent
encore être interjetés est le résultat d’un long parcours.
Charlatanisme avéré
Le CNOM avait en effet, dans un premier temps, demandé au conseil
départemental du Var de se saisir du dossier et de « débattre »
avec le médecin sur les traitements qu'il propose ; mais l'instance
départementale avait refusé estimant que sa pratique
professionnelle était « exempte de reproches ». Face à ce
refus, le CNOM avait décidé de porter plainte directement contre
lui.
L’institution estimait en effet que le Dr Grangeorge
enfreignait les articles du code de déontologie médicale qui
précisent qu'un médecin s'engage à assurer des soins « fondés
sur les données acquises de la science » et prohibent le
charlatanisme qui consiste à présenter au patient « comme
salutaire ou sans danger un remède ou un procédé illusoire ou
insuffisamment éprouvé ».
Au sujet des prises en charge détonantes du docteur Grangeorge, la
chambre disciplinaire a d’ailleurs tranché : « De telles
indications et thérapeutiques ne correspondent pas aux données
acquises de la science » et « manquent de prudence en ne
faisant pas état des débats existants sur l'efficacité de tels
traitements ». Cependant, la chambre a refusé de reconnaître
que ces traitements et ces allégations pourtant préoccupants ont «
fait courir des risques injustifiés aux patients ». Elle a
encore jugé que l’on ne pouvait pas considérer que le praticien
n’était pas « animé par le souci de soigner les personnes
malades ».
La pleine conscience fait-elle partie des données acquises de la science? L'absence d'examen clinique pendant un an avec la téléconsultation est aussi une donnée acquise de la science? La psychothérapie, l'acupuncture à la poubelle au nom d'un rationalisme maccarthyste? On fait dire beaucoup de choses aux données acquises de la science sans cesse contredites par une constante évolution.
Dr Isabelle Gautier
Dresser un grand bûcher
Le 05 décembre 2019
Il est effectivement scandaleux de guérir des patients autistes puisque l'autisme est considéré comme incurable. Il est tout aussi scandaleux et impardonnable d'"échanger sur ce sujet avec des collègues dans le cadre d'une école".
Je propose de dresser un grand bûcher et de condamner le docteur Grandgeorge à être brûlé vif en place publique. Juste une question naïve: est-ce qu'un membre du CNOM s'est renseigné sur l'état de santé de ces pauvres enfants?
Dr Jean-Jacques Perret
Etrange
Le 05 décembre 2019
le Dr Grangeorge est peut-être un charlatan comme l'affirme l'auteur de cet article, toutefois dans un état de droit on doit permettre à l'accusé de se justifier: il prétend avoir eu des guérisons - ou améliorations-, or je ne lis aucun examen des prétendus cas avant et après traitement par l'accusation. N'est-ce pas étrange?