
Marseille, le lundi 9 décembre – La Timone deviendra-t-elle le nouveau centre de la contestation hospitalière ?
Le 4 décembre, l’établissement a été marqué par un événement qui a ravivé la colère des soignants des urgences qui sont déjà en grève depuis 6 mois.
Humiliation
A l’occasion d’une réunion avec la direction de l’hôpital, la cadre de santé du Service d’accueil des urgences (SAU), Catherine Bompard, aurait été "humiliée". Une équipe paramédicale de vingt-cinq soignants, rejoints par des soignants extérieurs à l’unité ont protesté contre le sort réservé à leur cadre, qu'ils « estiment beaucoup ». Lors d’un entretien « très musclé et très difficile pour elle » avec la direction, cette dernière lui aurait reproché de façon peu amène de faire « un travail totalement inefficace » et aurait été jusqu’à sous-entendre « qu'elle n'avait pas du tout sa place ici », résume un infirmier, cité par La Provence. Une opinion loin d’être partagée par ses collègues : « Nous travaillons avec elle depuis 10 ans. Elle a permis de créer et de réunifier le service d'urgences sur Marseille notamment à la Timone », affirme le même professionnel.
« Ce qu'elle subit depuis un an, c'est du harcèlement, des reproches injustes et infondés », affirme quant à elle le Dr Magali Kraif, déléguée départementale de l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf) qui estime que la cadre de santé paye son soutien aux grévistes.
Le Dr Kraif précise encore « cette crise intervient dans un moment particulièrement tendu pour les urgences. Après six mois de grève infructueuse, des conditions de travail de plus en plus éreintantes et dégradées, les gens sont sur le fil, et cette histoire est l'étincelle ».
80 % des soignants en arrêt maladie
Ainsi, pour protester, les soignants des urgences ont bloqué le service et 80 % d’entre eux ont été déclarés en arrêt maladie.
« Nous avons dû fermer trois des quatre unités d'hospitalisation longue et une de courte durée », précise le Dr Magali Kraif. De même, si le service a continué d'accepter « les patients qui se présentent d'eux-mêmes » et les urgences vitales, le Samu avait reçu la consigne de détourner les malades vers les autres hôpitaux et cliniques de Marseille et Aubagne.
En effet, jeudi soir, trois infirmiers sur treize étaient présents et aucun des douze aides-soignants.
Les représentants du personnel ont rencontré le directeur général de la Timone à deux reprises, dans la soirée de jeudi soir et ce vendredi matin. Au cours de ces entrevues, « le maintien de la cadre supérieure à son poste » a été garanti. Une promesse qui n’a pas suffi à apaiser l'émotion. Aussi l'AP-HM a dû lancer un « appel au volontariat » auprès des 3 800 infirmières du CHU afin « de garantir le fonctionnement des urgences ».
Cette situation risque encore de se détériorer dans les heures à venir avec la grève des internes…d’autant qu’à cette crise s’ajoutent des dénonciations à répétition de la vétusté de certains services de la Timone et la grève des pilotes d’hélicoptère du Samu.
X.B.