La grande famille des virus s’est enrichie début décembre 2019
avec l’apparition d’un nouveau représentant de la petite famille
des coronarovirus, en l’occurrence le 2019-nCoV. Le foyer de
contagion initial s’est situé à Wuhan (Chine) et, depuis le 20
janvier, des mesures préventives drastiques ont été mises en place
pour endiguer l’épidémie : au 26 janvier), 56 millions de Chinois
sont retenus par un vaste cordon sanitaire et l’état d’urgence a
été instauré face à la propagation rapide d’une maladie infectieuse
hautement contagieuse à la virulence incertaine, mais liée à un
virus capable de muter sans prévenir.
Une petite famille émergente inquiétante
Les coronavirus sont des virus respiratoires à ARN qui sont
largement représentés à l’échelon mondial. Ils sont à l’origine
d’infections longtemps considérées comme bénignes, mais deux
épidémies survenues au cours des deux dernières décennies ont amené
à les considérer comme une menace réelle a priori plus liée à une
contagiosité extrême qu’à une haute virulence : le SRAS (syndrome
respiratoire aigu sévère) et le MERS-CoV (Middle East
Respiratory Syndrome coronavirus) ont été à l’origine de plus
de 10 000 cas d’infections grevées d’une mortalité de 10 % dans le
premier cas et de 37 % dans le second. De facto, les deux virus
SARS-CoV et MERS-CoV ont changé la perception de ces infections, au
point que l’apparition du 2019-nCoV inspire les plus vives
inquiétudes à un niveau mondial, sans que l’urgence sanitaire n’ait
encore décrétée à ce jour (27 janvier 2020) par l’OMS. Cette petite
famille fait beaucoup de bruit du fait de ses particularités
épidémiologiques et génétiques, les mutations potentielles de leur
génome étant un ingrédient de cette inquiétude. Par ailleurs, elle
pourrait être la partie émergée d’un iceberg dont on appréhende
encore mal les dimensions…
Tout a commencé le 1er
décembre 2019
Début décembre 2019, plusieurs cas de pneumopathie virale ont
été diagnostiqués à Wuhan et le séquençage du génome viral a
conduit rapidement à l’identification de l’agent
causal.
Un article publié dans l’urgence par le Lancet permet
de dresser un portrait instantané de l’infection par le 2019-nCoV à
partir des 41 premiers cas hospitalisés à Wuhan. Le diagnostic a
été établi avec certitude par la PCR (Polymerase Chain
Reaction) en temps réel et les techniques de séquençage de
dernière génération. C’est en fait le 1er décembre 2019 que
l’épidémie semble bien débuter d’après la première observation
clinique validée sur plan biologique par séquençage ad
hoc.
La plupart des patients était de sexe masculin (73 %). Dans un
tiers des cas (32 %), il existait une maladie préexistante, à type
de diabète (20 %), d’hypertension artérielle (15 %) ou encore de
maladie cardiovasculaire (15 %). L’âge médian a été estimé à 49 ans
(écart interquartile, EIQ 41,0–58,0). Vingt-sept des 41 patients
(66 %) avaient été directement exposés à un endroit considéré comme
l'épicentre de l'épidémie, en l’occurrence le marché des fruits de
mer de la ville.
Tableau de pneumopathie dans tous les cas, complications
variables et inconstantes
Le tableau clinique inaugural rappelle celui des infections
provoquées par le SARS-CoV, à quelques nuances près : le point
commun est une pneumopathie associée à une fièvre dans l’immense
majorité des cas (98 %), une toux (76 %), moins souvent des
myalgies ou une fatigue (44 %). Les signes et symptômes suivants se
sont avérés plus rares : expectoration (28 %), céphalées (8 %),
hémoptysies (5 %) ou encore diarrhée (3 %).
Au cours de l’évolution, une dyspnée est survenue chez plus
d’un patient sur deux (22/40 ; 55 %) dans les jours qui ont suivi
le début clinique de la maladie (valeur médiane 8,0 jours [écart
interquartile, EIQ, 5,0–13,0]). Sur le plan biologique, une
lymphopénie a été constatée chez 26 patients (63 %). La
radiographie thoracique a révélé des anomalies dans toutes les
observations, à type de foyers de condensation ou d’images en verre
dépoli, l’atteinte étant d’emblée bilatérale chez près d’un patient
sur deux (40 %).
Les complications ont été variées et, pour certaines, graves :
syndrome de détresse respiratoire aigu (29 %), détection d’ARN
viral circulant (15 %), atteinte cardiaque aiguë (12 %) ou encore
surinfection (10 %). Au total, 13 patients (32 %) ont été admis en
unité de soins intensifs (USI) et six décès (15 %) ont été déplorés
: dans ce cas de figure, des taux plasmatiques élevés de diverses
cytokines ont été détectés (plus hauts que chez les patients hors
USI). Le recours à la ventilation assistée mécanique ne s’est
imposé que chez 10 % des malades. Aucun lien épidémiologique direct
n’a pu être établi entre le premier cas et les
suivants.
L’infection à 2019-nCoV est à l’origine d’une pneumopathie
potentiellement sévère qui se propage vite, comme en témoigne
l’évolution actuelle de l’épidémie en Chine. Le nombre de cas a
triplé en l’espace d’une dizaine de jours et le nombre de décès a
fait de même. La mortalité est considérée d’ores et déjà comme
élevée mais il persiste de nombreuses incertitudes sur la virulence
de l’agent pathogène au point que les plus grandes précautions
s’imposent dans la gestion de la crise sanitaire, chinoise pour
l’instant, peut-être mondiale dans les jours à venir : tout
dépendra du génie évolutif du virus au travers de ses mutations et
de l’efficacité des mesures préventives prises un peu tardivement
en Chine et très rapidement à l’échelon mondial.
Le qui-vive est de rigueur dans tous les pays et à tous les
niveaux, en évitant de sombrer dans la psychose collective qui est
toujours à craindre dans de telles situations d’urgence, face à un
agent infectieux nouveau. La qualité de l’information au grand
public est également cruciale et les autorités sanitaires en font à
juste titre leur mantra.
Comme la maladie semble moins foudroyante que certaines (rares) souches de grippe, qui peuvent être fatales en trois jours, il se pourrait qu'il y ait une proportion de surinfections. Dispose-t-on de chiffres à cet égard, ainsi que le pourcentage des patients, décédés ou non, qui auraient été reçu un vaccin de type Pneumo 24?
Dr JP Moreau, Biologiste
Les traitements ?
Le 01 février 2020
On sait depuis 5 ans que la Ribavirine (largement utilisée dans le passé sur le virus de l'hépatite C avant l'arrivée des nouveaux anti viraux directs-sans qu'on connaisse d'ailleurs son mécanisme d'action) n'est pas active sur les coronavirus (également virus à ARN comme le VHC) en raison d'un Systeme enzymatique inactivant la molécule (qui marche pourtant très bien sur le VRS dont elle représentait un tt de référence). Lire là: https://www.sciencesetavenir.fr/sante/le-mecanisme-de-resistance-du-virus-du-sras-a-l-antiviral-ribavirine-enfin-elucide_119570
Je serai à contrario très intéressé de savoir si les nouveaux anti viraux directs utilisés dans le VHC depuis ces dernières années ne seraient pas efficaces pour certains d'entre eux...