Paris, le mardi 4 février 2020 – Depuis l’identification de trois
premiers cas d’infection par le coronavirus 2019-nCov en France,
les pharmacies d’officine ont été confrontées à un nombre croissant
de demandes de masques chirurgicaux et d’appareils de protection
respiratoires (APR) également appelés pièces faciales filtrantes à
usage unique (FFP1, 2 et 3). Les personnes d’origine chinoises ont
été les premières à se presser dans les pharmacies souhaitant soit
se protéger lors de la visite d’un proche venu de Chine, soit
envoyer dans ce pays des produits qui y font cruellement défaut. Ce
sont donc les quartiers où les communautés d’origine chinoise sont
les plus importantes qui ont d’abord été touchés par de rapides
pénuries. En effet, en France, où le port de masques, y compris par
les personnes touchées par des infections virales, reste rare, les
stocks des officinaux sont restreints. Aussi n’ont-ils pas pu
satisfaire la plupart des demandes, qui ont bientôt émané de tout
type de public, en particulier de personnes habituellement
anxieuses, suscitant quelques mouvements d’humeur.
Des masques chirurgicaux inutiles le plus souvent
Les autorités sanitaires ont souhaité répondre à ce phénomène
en signalant que dans le contexte de la France où il n’existe pas
de foyer épidémique (à la différence de Wuhan) le port de masques
chirurgicaux par la « population non malade afin d’éviter
d’attraper la maladie ne fait pas partie des mesures barrières
recommandées et son efficacité n’est pas démontrée » a précisé
le ministère de la Santé. Le directeur général de la Santé Jérôme
Salomon a encore ajouté que la transmission du coronavirus entre
humains résulte de « contacts étroits », ce qui exclut le
croisement rapide d'une personne infectée dans la rue, rendant
inutile dans ce contexte le port d’un masque. A contrario, en cas
de contact prolongé avec un sujet atteint, l’efficacité des
dispositifs les plus rudimentaires est très restreinte puisque
s’ils évitent la projection de gouttelettes ou de sécrétions
respiratoires par les voies aériennes supérieures, ils sont
impuissants face aux aérosols.
FFPR : des masques peu pratiques et souvent
disponibles en une seule taille
La situation est différente pour les personnels soignants qui
prennent en charge des patients infectés. Pour eux, les APR en cas
de contacts avec un sujet potentiellement infecté sont fortement
recommandés. Ces derniers dispositifs se différencient des masques
chirurgicaux classiques par une efficacité renforcée : ils
permettent de réduire la part d’agents infectieux inspirés.
Néanmoins, le recours à ces masques se heurte à un déficit de
formation et à une possible inadaptation des appareils (sans
compter leur faible praticité). La Société française d’hygiène
hospitalière avait ainsi constaté lors de la 38ème
Réunion de chimiothérapie interdisciplinaire anti-infectieuse en
décembre 2018 que les établissements ne proposent généralement
qu’un seul modèle et une seule taille d’APR. Aussi, l’institution
avait-elle invité les établissements à diversifier leurs
équipements afin de s’assurer de mieux protéger l’ensemble des
personnels.
Le lavage des mains : mesure barrière numéro un !
Les données disponibles concernant l’efficacité des masques et
des APR pour protéger les soignants et pour limiter également la
transmission des infections entre soignants et patients sont plutôt
en faveur du port de ces dispositifs. A contrario, en "communauté",
pour restreindre la circulation des agents infectieux, les données
disponibles, qui ont notamment concerné les virus grippaux, ne
permettent pas de conclure de façon définitive quant à l’efficacité
des masques chirurgicaux (portés par les sujets malades et a
fortiori par les sujets sains), qui se révéleraient en tout état de
cause une mesure barrière moins performante que le lavage des
mains. Pour expliquer cette possible inefficacité, les responsables
d’études mettent avant les délais de latence (entre l’infection et
le port du masque), le défaut de compliance notamment quand les
sujets présentent des symptômes modérés et l’importance des modes
de transmission ainsi que le rôle des autres mesures
barrières.
Gare aux masques mal positionnés et/ou de mauvaise
qualité
Ces éléments d’appréciation peuvent conduire à des recommandations
différentes en fonction des pays, en vertu d’une application
diverse du principe de précaution. Pour le coronavirus, les
préconisations concernant le port du masque chez les personnes
infectées ne concernent pas la vie courante puisque ces dernières
sont en théorie immédiatement placées à l’isolement. Elles
s’avèrent plus pertinentes en cas de grippe ou d’autres infections
virales (qui restent aujourd’hui en France bien plus probables !).
Pour les sujets sains, la mesure barrière la plus efficace lors de
la fréquentation des lieux connaissant une forte affluence et où
l’on est susceptibles d’être en contact avec un sujet infecté est
le lavage des mains. On rappellera enfin à l’instar de l’OMS que
pour ceux qui feraient le choix de porter un masque, il convient de
s’assurer de la bonne qualité de ce dernier et de son bon
positionnement (notamment en ce qui concerne les APR).
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