COVID-19 : une épidémie de plus en plus difficile à suivre
Pékin, le vendredi 14 février 2020 – Après un bond du nombre
de cas de COVID-19, conséquence d’une révision de la définition des
cas*, le nombre de nouveaux décès a chuté ces dernières heures en
raison d’une réappréciation des données statistiques.
Confusion et manque de transparence
Ainsi, les autorités sanitaires chinoises comptent 64 447 cas
de COVID-19 (qui n’ont pas tous été testés par PCR pour confirmer
la présence de SARS-CoV-2) soit 4 040 de plus qui répondent aux
critères de la nouvelle définition. En revanche, elles ne
dénombrent que treize décès supplémentaires…en raison de «
doublons statistiques ». Ainsi si 121 personnes décédées de
COVID-19 ont été recensées, 108 autres ont été écartées par les
épidémiologistes Chinois.
Une certaine confusion que les Américains qualifient désormais
de « manque de transparence ».
Hors de Chine, on dénombre 585 cas (dont deux décédés), soit
58 patients supplémentaires en 24 heures, ce qui s’explique
principalement par l’identification de 44 nouveaux tests positifs
(dont un Français) sur le Diamond Princess au large de
Tokyo. Ces cas répondent pour leur part à la définition ancienne.
Le nombre de contaminations parmi les occupants du paquebot atteint
désormais 262 (sur 3 711 personnes). Cependant, une quarantaine de
personnes âgées présentes à bord du navire devraient accoster
aujourd’hui soit pour être hospitalisées (si elles sont SARS-CoV 2
positives) soit pour être isolées sur la terre ferme.
Une fin de quarantaine qui pose question
En France, après quatorze jours d’isolement dans un centre de
vacances de Carry-le-Rouet (Bouches-du-Rhône), les 181 premiers
rapatriés de Wuhan sortent de quarantaine ce vendredi, tandis que
157 personnes demeurent toujours dans les deux centres prévus à cet
effet.
Les rapatriés dont la période de retrait s’achève ont reçu un
« certificat de non-contagiosité » pour leur permettre de
reprendre une vie normale dans les meilleures conditions
possibles.
Mais la fin de cette période d’isolement pose néanmoins
question alors qu’est désormais évoquée, dans des publications
internationales, la possibilité d’une période d’incubation maximale
de 24 jours.
Le ministre de la santé, Agnès Buzyn a d’ailleurs enjoint à ne
pas crier victoire trop tôt : « vu la sévérité de l’épidémie
chinoise, vu le nombre de cas en Asie du Sud-Est, il est très
probable que nous ayons de nouveaux cas ».
*En Chine, les patients présentant une image de pneumopathie à la
radio et qui ont eu des contacts étroits avec un patient confirmé
sont désormais considérés comme atteints de COVID-19. Cette
nouvelle définition remplace celle qui considérait comme malades
les patients positifs pour SARS-CoV 2 mis en évidence par PCR
(écouvillonnage nasopharyngé).
Même si le pic est probablement dépassé à Wuhan, l'épidémie semble maintenant en palier. On a appris hier que, grâce aux malades guéris (et pas relâchés trop tôt - ou alors avec un isolement type "hôpital de convalescence de quartier"?), ceux restés à domicile faute de places sont depuis peu activement recherchés et hospitalisés. La province de Hubei compte 100 millions d'habitants. L'agglomération de Wuhan environ la moitié. Cela veut dire que la ligne de base des décès est de l'ordre de 2000 par jour à Wuhan et de 4000 pour la province. Contraintes de funérailles traditionnelles - beaucoup tiennent à être inhumés où ils sont nés - et traitement ou élimination des corps des décédés du virus doivent être en conflit . L'intendance suit-elle?