
Paris, le mardi 21 avril 2020 - Durant leur conférence de
presse de dimanche, Édouard Philippe et Olivier Véran ont annoncé
qu'après le 11 mai, la France adoptera une stratégie d’isolement
des patients infectés. En pratique tous les patients symptomatiques
devraient pouvoir bénéficier d'un test PCR et les patients Covid +
se verront systématiquement proposer un isolement dans des hôtels
afin de casser les chaines de transmission (alors que les
contaminations intrafamiliales constituent la première source de
propagation du virus comme l’ont confirmé des travaux
chinois).
Il s’agit là, comme pour les masques, d’un changement de
doctrine, le Directeur Général de la santé avait en effet indiqué
il y a quelques jours qu’une telle politique lui paraissait inutile
(notamment parce que les contaminations intrafamiliales ont souvent
déjà eu lieu avant le premier dépistage).
Quoi qu’il en soit, et au-delà des débats et polémiques,
l’ouverture de structures intermédiaires permettant de mettre en
quarantaine des patients atteints de formes simples ou modérées de
Covid-19 a déjà été déployées, comme en Chine, en Espagne ou en
Italie, tandis qu’une première expérimentation a été lancée en
France à Perpignan.
En vue de la sortie du confinement, il manquait encore en
France une expérimentation de grande ampleur de ce type de
dispositif.
Des « enseignements » dans quelques jours
C’est désormais chose faite grâce à l’Assistance publique –
Hôpitaux de Paris et le groupe Accor qui unissent leurs forces pour
mettre en place des « hôtels Covid-19 ».
Ce dispositif pilote, baptisé « Covisan », sera destiné
aux patients atteints de formes modérées. Quatre hôpitaux et quatre
hôtels sont pour le moment concernés : à Paris, la
Pitié-Salpêtrière et l’hôpital Bichat
(18e), à Colombe, l’hôpital Louis Mourier
et à Bobigny, l’hôpital Avicenne. Chacun de ces hôpitaux se verront
adjoindre les services d’un hôtel Accor à proximité. La Croix-Rouge
sera également mobilisée.
Il n’y aura pas de médicalisation des hôtels au sens strict :
« c’est là où notre expérience d’avoir suivi 50 000 patients à
distance à travers la plate-forme Covidom depuis un mois est utile,
nous avons rodé un système de suivi de personnes porteuses de
Covid », assure Martin Hirsch au journal Le Monde. Seule
vraie présence médicale, des équipes d’intervention seront
constituées d’infirmiers et d’internes, pour assurer des tests de
dépistage. Ce sont donc, probablement, les salariés volontaires de
ces hôtels qui assureront le service logistique.
Le dispositif, sous l’égide de la préfecture d’Ile-de-France
et de l’Agence régionale de santé, s’effectuera sur la base du
volontariat. Par ailleurs, pour les personnes qui souhaitent rester
chez elles, « des équipes vont être formées pour les accompagner
et les aider à s’organiser, vérifier qu’elles disposent du matériel
de protection individuel et pour éviter qu’elles se rendent dans
les magasins, on leur livrera des repas ou produits frais »
explique Jean-Louis Missika, adjoint à la maire de Paris chargé de
l’urbanisme.
Cette première phase expérimentale sera menée pendant «
quelques jours pour tirer le plus d’enseignements possible. Si
ces pilotes donnent des résultats favorables, ils seront utiles
pour élargir et dupliquer le dispositif », indique Martin
Hirsch.
F.H.