Paris, le mardi 21 avril 2020 – La mise à disposition de
données chiffrées précises sur l’évolution de l’épidémie est
essentielle pour affiner les stratégies des pouvoirs publics. Dans
cette optique, l’Insee a renforcé ses outils statistiques et
diffuse exceptionnellement des données sur le nombre de décès par
jour et par département.
Au niveau national, le nombre de décès enregistrés à la date
du 16 avril 2020 et survenus entre le 1er
mars et le 6 avril 2020 est supérieur à celui enregistré sur les
mêmes périodes en 2019 ou 2018 : 76 246 décès ont été enregistrés
en 2020 en France (soit une moyenne de 2 060 décès par jour) contre
63 686 en 2019 et 71 003 en 2018. Entre le
1er mars et le 6 avril, le nombre de décès
en France est ainsi supérieur de 20 % à celui enregistré à la même
époque en 2019 et de 7 % à 2018. Le nombre de décès, qui était en
moyenne de 1 830 par jour sur la première quinzaine de mars 2020,
augmente nettement à 2 250 au cours de la deuxième quinzaine. Il
atteint 2 470 décès en moyenne chaque jour entre le
1er et le 6 avril ; cependant, le nombre de
décès quotidiens (encore susceptible de révisions) commence à
diminuer au cours de cette semaine, probablement grâce aux mesures
de confinement.
Bien sûr, il existe une très forte disparité régionale et
départementale.
Au niveau régional, l’Île-de-France est la région qui
enregistre la plus forte croissance du nombre de décès entre le
1er mars et le 6 avril 2020 par rapport à
la même période de 2019 (+ 72 %), suivie par le Grand Est (+ 55 %)
et les deux régions Bourgogne-Franche-Comté et Hauts-de-France (+
20 %). Au niveau départemental, trois départements comptent au
moins deux fois plus de décès entre le 1er
mars et le 6 avril 2020 que sur la même période de 2019 : Haut-Rhin
(+ 152 %), Seine-Saint-Denis (+115 %), Hauts-de-Seine
(+ 111 %).
…mais pas depuis le 1er janvier
Si la sur-mortalité par rapport à 2019 et 2018 sur la période
allant du 1er mars au 6 avril est marquée,
elle n’est pas constatée de la même manière si l’on s’intéresse aux
chiffres depuis le 1er janvier. On sait en
effet que le nombre moyen de décès par jour est souvent supérieur
en janvier ou février, au moment des épisodes grippaux. Ainsi, au
cours des cinq dernières années, il a atteint un maximum en janvier
2017 avec une moyenne de 2 200 décès par jour.
Or, l’analyse du nombre de décès depuis le
1er janvier et pas seulement depuis le
1er mars permet de constater que la hausse
de la mortalité toutes causes reste très restreinte depuis le
1er janvier.
Ainsi, le nombre de décès survenus entre le
1er janvier et le 6 avril 2020 s’élève à
183 841 : il est supérieur de 2 % à celui enregistré sur la même
période en 2019 (179 893) et de 0,5 % à 2018 (182 952). Une
situation semblable aurait été observée en Italie selon des données
statistiques présentées il y a une quinzaine de jours par
l’équivalent de l’INSEE dans ce pays.
Un affinement de ces statistiques (afin notamment de mieux
connaître les causes des décès) et un plus grand recul permettront
de réellement mesurer l’impact de l’épidémie actuelle de Covid-19
sur la mortalité en France en 2020.
Bravo pour votre analyse des chiffres de décès qu'il faut relativiser depuis le 1er janvier. J'ai fait le même comparatif, avec juste une petite nuance qui concerne le fait que 2020 est une année bissextile. Cette journée supplémentaire décale légèrement le total, qui serait inférieur à 2018, d'environ 1 000 décès… Simple remarque un peu pointilleuse…
Dr Joël Lecomte
Une question
Le 26 avril 2020
Et ne faut-il pas tenir compte des décès de la grippe en 2018/2019 alors qu'elle n'a pas été aussi grave en 2020 ?
Dr J-P Lamagnère
Quelle répartition des causes?
Le 27 avril 2020
Ne pas oublier que depuis le confinement, il y a moins de décès par AVP, et par AVC/IDM hors covid semblerait-il( ? Vive l’arrêt de travail ou le travail à la maison😎). Et peut-être un peu plus de décès par accidents domestiques... Bref, tout prendre en compte.