
Paris, le mercredi 22 avril 2020 - Auditionné à l’Assemblée
nationale, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel
Blanquer a esquissé les contours possibles de la rentrée scolaire
du 11 mai.
Dans un premier temps, le ministre a justifié ce retour à
l'école par « des enjeux de santé physique et de santé
mentale » mais aussi « des enjeux sociétaux
».
En pratique, après une pré-rentrée des enseignants, le
ministre propose que les grandes sections, les classes de CP et
celles de CM2 soient les premières à reprendre le chemin de
l'école. Par ailleurs, toutes les classes de maternelle et de
primaire de moins de 15 élèves en milieu rural pourraient rouvrir
le 11 mai.
Les 6èmes,
3èmes, premières et terminales suivraient
le 18 mai ainsi que les ateliers industriels des lycées
professionnels.
Dans son programme, le ministre estime que l'ensemble des
classes pourraient avoir repris les cours la semaine du 25 mai.
Toutefois, Jean-Michel Blanquer précise « qu’aucune classe
n'aura plus de 15 élèves » (ce qui suppose des roulements
probablement hebdomadaires) et que « chaque territoire aura une
marge de manœuvre ».
Jean-Michel Blanquer a également promis qu'il y aurait « un
protocole sanitaire écrit noir sur blanc et strict avec le respect
des gestes barrières ».
En outre, il a été précisé que les parents pourraient ne pas
renvoyer leurs enfants à l’école. Dans ce cas de figure,
l’enseignement se ferait à distance. Jean-Michel Blanquer a
également assuré que les professeurs présentant des vulnérabilités
(ou comptant des personnes présentant des vulnérabilités dans leur
foyer) seraient invités à ne pas reprendre les cours.
L’inquiétude demeure
Ces précisions ne sont pas encore parvenues à rassurer toutes
les inquiétudes qui s’expriment de façon importante depuis
l’annonce du Président de la République la semaine dernière. Si
tous les parents d’élèves ne semblent pas opposés à la réouverture
des classes, pour eux, beaucoup de questions demeurent : «
Peut-on mettre en place une politique massive de tests
sérologiques pour les agents, les enseignants et les élèves ? (…)
Les collectivités territoriales auront-elles la capacité d’assurer
tous les jours la désinfection des écoles (…) Est-ce que la
fourniture des matériels de protection sera en quantité suffisante
pour les agents et les élèves alors que ce n’est pas le cas pour
les personnels soignants ? (…) Qu’en est-il de l’organisation des
temps de restauration scolaire, périscolaires et de l’alternance
des récréations pour respecter les gestes barrières ? (…) Qu’en
est-il de la problématique des internats ? » s’interroge ainsi
l'Union nationale des associations autonomes des parents
d'élèves.
Vers des « blocus » ?
D’autres vont plus loin, à l’instar de la section du Val de
Marne de la FCPE (Fédération des conseils de parents d'élèves) qui
prévient « Nous ne mettrons pas nos enfants à l'école en pleine
épidémie. Nous ne prendrons pas ce risque pour nos enfants ni pour
personne. Cela ne nous amuse pas, pour certains parents c'est très
compliqué de s'occuper de leurs enfants en télétravail ou d'être
contraints de ne pas travailler. Ça n'est pas pour autant qu'on
prendra le risque de la contamination, c'est une question de santé
publique. Il risque d'y avoir des blocus devant les écoles »
explique sur France Bleue Nageate Belhacen, présidente de la FCPE
94.
La PEEP (Fédération des parents d'élèves de l'enseignement
public) demande pour sa part que des groupes de travail soient
réunis avec les parents pour évaluer la reprise.
Enfin certains syndicats d’enseignants appellent à invoquer le
droit de retrait…
Ces différentes frondes sont confortées par la prise de parole
de certains responsables médicaux, même si les données
scientifiques semblent aujourd’hui fortement nuancer le rôle des
enfants dans la propagation de l’épidémie et qu’en tout état de
cause les cas graves sont extrêmement rares chez les plus
jeunes.
Ainsi, Patrick Bouet, président du Conseil national de l’Ordre
des médecins affirmait dans le Figaro il y a une semaine «
qu’aucune donnée médicale ne justifie » la réouverture des
écoles. Il estimait en outre impossible le respect des mesures
barrières en milieu scolaire.
Aussi, considérait-il cette mesure comme la manifestation d’«
un manque absolu de logique ».
F.H.