
Phoenix, le vendredi 5 juin – Les Etats-Unis continuent
d’expulser de leur territoire les migrants venus d’Amérique
centrale, prenant le risque d’y aggraver l’épidémie. En Europe, on
commence à s’interroger rétrospectivement sur la réponse qui a été
apportée à la crise.
Depuis le début de la pandémie de coronavirus, les
déplacements internationaux ont été fortement limités. Les
Etats-Unis prohibent ainsi depuis près de trois mois l’entrée de
leur territoire aux touristes et immigrés. Mais si les autorités
interdisent aux étrangers de rentrer dans le pays, elles ne se font
pas prier pour les faire sortir. Malgré le risque évident quant à
une propagation de l’épidémie, les services de l’immigration n’ont
pas suspendu l’expulsion des migrants. Des dizaines de milliers
d’entre eux ont été raccompagnés à la frontière ces derniers
mois.
Des migrants contaminés expulsés des Etats-Unis
Plusieurs cas de coronavirus ont été recensés au Mexique, au
Guatemala, au Salvador et à Haïti chez des personnes récemment
expulsés des Etats-Unis. Un cluster a notamment été identifié dans
un camp de réfugiés de la ville frontalière mexicaine de Nuevo
Laredo : le patient zéro venait d’être expulsé des Etats-Unis. Le
Guatemala menace désormais de refuser le retour de ses
ressortissants.
Les autorités américaines assurent pourtant qu’ils n’expulsent
jamais aucune personne contaminée. Mais il semble que très peu de
tests sont effectués, les agents de l’immigration se contentant
généralement de mesurer la température des immigrés clandestins
avant de les expulser. Au Mexique, les centres d’accueil pour
personnes expulsés ferment les uns après les autres, plongeant les
migrants dans le désarroi.
Les centres de détention surpeuplés
Tout en maintenant les expulsions, les Etats-Unis refusent les
nouvelles entrées. Près de 20 000 demandeurs d’asiles,
principalement venus d’Amérique centrale, ont été refoulés à la
frontière américano-mexicaine et s’entassent dans des camps de
réfugiés. La situation est également particulièrement problématique
dans les centres de rétention aux Etats-Unis. Près de 32 000
migrants sont détenus dans ces établissements surpeuplés, dont 1
400 ont déjà été testés positifs au coronavirus.
Après l’ONU, c’est l’organisation Human Right Watch qui
a demandé ce jeudi à Washington de cesser d’expulser des migrants,
de libérer le plus d’immigrés clandestins possibles et d’assurer le
respect des gestes barrières dans les centres de
rétention.
Le temps des interrogations et des regrets en Europe
En Europe, où l’épidémie continue de s’essouffler, certains
observateurs se penchent déjà sur les mois difficiles que viennent
de connaitre le vieux continent, avec selon les situations, des
conclusions diamétralement opposés.
En Allemagne, qui aura connu un mois de confinement et «
seulement » 8 700 morts, certains se demandent si l’État
n’en aurait pas trop fait. La presse a ainsi révélé l’existence
d’un rapport rédigé par des experts scientifiques et commandé par
le ministère de l’Intérieur qui qualifie la pandémie de « fausse
alerte mondiale ». Selon les auteurs du rapport, le danger lié
au Covid-19 a été surestimé, la maladie n’ayant pas créé une
surmortalité si importante en Allemagne et dans le monde.
QH