Hourra, pour les modélisateurs Cassandre le confinement a sauvé plus de 3 millions d'européens !
Paris, le mardi 9 juin 2020 – Mesurer les effets du
confinement est indispensable pour affiner nos stratégies de
réponse aux futures épidémies, qu’elles soient liées à SARS-CoV-2
ou à d’autres virus. Il paraît en effet essentiel de pouvoir
réaliser une évaluation du bénéfice/risque de ce dispositif. Il
s’agit cependant d’une entreprise très complexe, en raison de la
multiplicité des situations et de l’absence de réel groupe
contrôle. Néanmoins, la comparaison entre les pays où le
confinement a été le plus strict (France, Italie, Espagne) et ceux
où des mesures très ciblées ont été préférées (Suède, Allemagne)
n’est pas dénuée d’intérêts. Une équipe de l’université d’Oxford
s’attelle donc à évaluer les liens entre les différents types de
mesures adoptées et les niveaux de mortalité par million
d’habitants. Neuf variables sont analysées (restriction de
déplacements, fermeture des écoles, contrôles aux frontières,
interdiction des rassemblements…), ainsi que leur niveau de
sévérité et leur moment de mise en œuvre. Si dans leurs conclusions
préliminaires, les responsables du projet considèrent que les
mesures les plus strictes et les plus précoces paraissent associées
à un nombre de décès moins important, le nombre de "vies sauvées"
est impossible à déterminer.
Conflit d’intérêt ?
Heureusement, ce que l’observation âpre et laborieuse des faits ne
permet pas est rendu possible par la modélisation. Une équipe de
l’Imperial College a ainsi publié hier dans la revue Nature
une estimation du nombre de personnes qui auraient été sauvées
grâce au confinement. Les chercheurs qui conduisent ces travaux
sont les mêmes qui avaient établi au début de l’année des
perspectives très alarmistes (plusieurs centaines de milliers de
morts au Royaume Uni par exemple) concernant les ravages que
pourraient provoquer SARS-CoV-2 et qui avaient estimé que seul un
confinement large et strict pourrait permettre de limiter le plus
possible le désastre. On ne pourra s'éviter de suggérer que dans de
telles conditions, il paraissait difficile à ces chercheurs lors
d’une évaluation des effets du confinement de conclure à son
utilité limitée et ce d’autant plus que des modèles mathématiques
proches ont été utilisés !
Des différences dans les stratégies peu évoquées
L’équipe de Neil Ferguson s’est intéressé à 11 pays (Allemagne,
Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, France, Italie, Norvège,
Royaume-Uni, Suède et la Suisse), incluant des états dont les
politiques ont été très différentes. Sur ce point de l’inclusion
notamment de la Suède, les auteurs se montrent peu diserts, se
contentant de remarquer : « La stabilité rétrospective de notre
modèle est variable alors que les mises en œuvre des interventions
sont très dissemblables; un exemple de cette disparité s’observe
notamment avec la Suède, où les mesures étaient différentes des
autres pays et ont conduit à une grande incertitude au départ
». Néanmoins, en estimant le nombre d’infections à partir du nombre
de morts comptabilisés, l’équipe de Neil Ferguson estime que le
taux de reproduction du virus a été baissé de 82 % avec les mesures
de confinement. « En comparant les décès prévus dans le modèle
sans intervention aux décès prévus avec notre modèle incluant
l’intervention, nous avons calculé le nombre total de décès évités
au cours de notre période d'étude. Nous constatons que, dans 11
pays, depuis le début de l'épidémie, 3 100 000 [2 800 000 - 3 500
000] décès ont été évités grâce aux interventions », écrivent
les auteurs. C’est en France que l’on observe le plus grand nombre
de décès évité : 690 000 [570 000 – 820 000, IC 95%], (soit 1 % de
la population !), suivi de l’Italie (630 000), l’Allemagne (450
000) et l’Espagne (470 000). En Norvège « seules » 12 000
vies auraient été épargnées (quand 210 décès ont été recensés) pour
un pays qui compte cependant 5,3 millions d’habitants.
3,7 % de la population suédoise touchée : le
confinement ne sert donc à rien ?
C’est également en se basant sur le nombre de décès que
l’équipe fait une évaluation de la proportion de la population
infectée (méthode sans doute contestable). Elle est estimée à 3,7 %
en Suède où les mesures ont pourtant été moins strictes que dans le
reste de l'Europe (ce qui devrait donc avoir en partie une
influence sur la proportion de la population infectée) et où les
enquêtes sérologiques menées à Stockholm suggèrent que 20 % de la
population aurait développé des anticorps anti SARS-CoV-2, ce qui
démontre une nouvelle fois la déconnexion entre les faits réels et
les spéculations des modèles. A l’inverse, les auteurs estiment que
la proportion de la population a atteint 8 % en Belgique ; un taux
élevé qui s’explique bien sûr par la mortalité par million
d’habitants qui est la plus élevée du monde. On pourra s’étonner
qu’une étude destinée à évaluer l’efficacité du confinement ne
semble pas établir de différence significative entre les états où
les mesures ont été les plus strictes et celles où elles ont été
bien plus ciblées !
Des limites insondables
Bien qu’estimant que leurs résultats conforteraient les politiques
de confinement (sans analyser les différences de stratégie entre la
Suède et l’Italie par exemple), les auteurs reconnaissent que leurs
travaux ne sont pas exempts de limites (une remarque que l'on ne
peut qu'approuver sans réserve). Ils relèvent que des imprécisions
sont inévitables concernant la collecte des données et que
certaines hypothèses peuvent être discutées comme le fait de
considérer les changements du R0 comme une conséquence «
immédiate » des mesures interventionnelles plutôt que comme
celle de « changements progressifs des comportements ». On
pourrait encore lister comme limites de ces modélisations,
l’absence de prise en considération d’une multiplicité de facteurs,
telle l’influence de la structure de la population, de l’immunité
croisée possible, de la température ambiante ou des mutations du
virus. Flattant très certainement les gouvernements et rassurant
leurs populations après les deux à trois mois d’épreuve du
confinement, permettant de se conforter dans l’idée que des mesures
aussi lourdes de conséquences sur le plan économique et social
n’ont pas été vaines, ces données doivent cependant être appréciées
avec un certain recul, d’autant plus que s’agissant de
modélisations elles ne seront que difficilement réfutables.
Pour les modélisateurs, les modélisateurs sont des gens bien, et utiles avec ça, vu qu'ils voient dans l'avenir puisqu'ils modélisent que, sans eux, le ciel nous serait tombé sur la terre, et vu que c'est pas le cas CQFD... Vous me suivez j'espère.
Moi je modélise déjà qu'ils vont faire un tabac, vu que les pouvoirs constitués ne voient même pas dans le passé, qui leur montre l'inanité des modélisations de leurs mages du ComScient et leurs previsions explosant dans tous les sens en giclées catastrophistes.
Comme dans la méditation, ancrons nous dans le temps présent, qui nous montre déjà bien des choses.
Dr Gilles Bouquerel
Appréciation scientifique...
Le 09 juin 2020
Sauf erreur, un bénéfice/risque, cela s'évalue avec un double aveugle, non? Et en ce qui concerne les modèles scientifiques, une mesure de validation et de vérification s'impose. Dans ce cas, ne serait il pas judicieux, avant de boire le résultats de ces modèles de les confronter à des données réelles pour en évaluer la robustesse et la précision.
Sans ces mesures de prudence scientifique, les algorithmes ne valent pas plus que les prédictions des oracles sous la Rome antique. A l'heure actuelle, la base de la prédiction de 510000 décès pour le UK était annoncée quand le seuil déjà dramatique de 40883 est déjà atteint, soit 12 fois moins. Si nous appliquons ce coefficient correcteur a la nouvelle incantation, nous obtenons une hypothèse d'environ 248600 vies sauvées pour 11 pays, soient 22600 par pays.
Faisons le vœux que le surcroît de mortalité liée à la vague de cancers, de pathologies cardiaques, neurovasculaires, psychiatriques demeurées intraitées, accompagnées par le surcroît de suicides liés à la crise économique à venir ne soit pas supérieure à ce chiffre, sinon la démonstration de la balance bénéfice/risque pourrait bien s'avérer négative.
Alban van Landeghem (pharmacien)
Les enfants, vous êtes en Absurdie, alors tenez vous tranquilles!
Le 10 juin 2020
Au moment du déconfinement du 11 mai, un modélisateur (de Pasteur?) nous prévenait gravement que nous courions le risque de devoir compter 217 000 morts au mois de septembre en cas de relâchement... De plus, puisque le confinement a été si efficace, on peut s'attendre à ce que la politique menée par nos voisins soit sévèrement critiquée. Si l'Allemagne qui a peu confiné avait eu l'habileté et le courage de notre gouvernement elle aurait donc évité 1500 à 2000 décès et se serait épargné le terrible bilan qui est le sien!