Les sombres prévisions d’Anthony Fauci

Washington, le mercredi 1er juillet 2020 – Le Dr Anthony Fauci a une nouvelle fois fait part de son inquiétude.

Auditionné par le Sénat américain, le directeur du National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID) a prévenu que la situation n’était pas « totalement sous contrôle » aux Etats-Unis et qu’au contraire, selon ses prévisions, le nombre de nouveaux cas journaliers pourrait passer rapidement de 40 000 à 100 000 si aucune action supplémentaire n'est entreprise pour endiguer la pandémie.

En effet, depuis la mi-juin, le nombre de nouveaux cas identifiés chaque jour est reparti à la hausse, et se traduit par la dégradation de la situation dans des états dirigés par des gouverneurs républicains l’Arizona, le Texas et la Floride, où les mesures de confinement ont été moins sévères et plus brèves et également dans une vingtaine d’autres États.

Soulignons néanmoins, que malgré cette accélération dans la détection des cas, le nombre de morts quotidien reste en recul depuis la mi-avril. Au point que le président américain, jamais avare de provocation ait pu voir dans ces chiffres les conséquences de campagnes de dépistage trop actives.

Quoi qu’il en soit, les CDC (Centers for dieases control) estiment entre 130 000 et 150 000 le nombre de morts aux Etats-Unis d'ici au 18 juillet.

Aussi, de plus en plus de villes et d’États ont décrété une pause dans leurs processus de sortie de confinement, certains fermant bars et cinémas, d'autres les plages, tandis que porter un masque dans les espaces publics fermés est devenu obligatoire dans de nombreux États, comme en Floride par exemple.

Cette dégradation explique également la décision prise par l’Union européenne de continuer d’interdire l’accès de son territoire aux ressortissants américains. Cette annonce a été vécue comme un camouflet alors que d’autres pays sont considérés désormais comme sûrs.

Le docteur Fauci a aussi déploré le "tout ou rien" Américain : avec des citoyens soit complètement confinés, soit "dans les bars, sans masques, sans éviter les foules, sans pratiquer la distanciation physique".

Le masque est-il un outil de propagande comme les autres ?

Un « tout ou rien » qui pourrait correspondre à des lignes de fracture politique.  Les partisans convaincus de Trump jugeraient le port du masque inutile et l’assimile à une marque de soumission.

Mardi, le président de la commission des affaires sanitaires du Sénat, Lamar Alexander, pourtant républicain a invité Donald Trump à porter un masque pour donner l’exemple (ce que fait son conçurent Joe Biden) et a déploré « cette pratique simple pouvant sauver des vies se retrouve dans un débat politique selon lequel si on soutient Trump, on ne porte pas de masque, mais si on est contre Trump, on en met un ».

Steve Doocy, l’un des animateurs de la matinale de la chaîne conservatrice Fox News qui soutient habituellement Donald Trump, l’a aussi invité à adopter ce geste barrière : « je pense que si le président en portait un, cela donnerait juste un bon exemple. Ce serait un bon modèle. Je ne vois pas en quoi le fait de porter un masque en public est un inconvénient », a-t-il estimé. La porte-parole du président, Kayleigh McEnany, a répliqué à ces exhortations en expliquant que le président est « l’homme le plus testé du pays » et qu’il n’avait donc pas besoin de masque.

Le candidat démocrate, lui, a assuré que sa campagne respecterait les recommandations et a ainsi exclu pour l’instant l’organisation de grands meetings, contrairement au président qui les a repris à Tulsa, dans l’Oklahoma.

Une ligne de fracture aussi constatée au Brésil.

Une juge brésilienne a annulé mardi en appel un jugement qui obligeait le Président, Jair Bolsonaro, à porter un masque en public. La magistrate Daniele Maranhao Costa a ainsi donné raison à l'avocat général de l’État Fédéral.

Le jugement de première instance avait ordonné au Président Bolsonaro de porter un masque dans les lieux publics sous peine d'une amende de 2 000 réais (environ 340 euros). Le procureur a soutenu que ce jugement n'était pas nécessaire, le port du masque étant déjà obligatoire pour tous, en vertu d'un décret, dans la capitale fédérale Brasilia.

En faisant appel, pour faire taire les polémiques, le parquet s’est empressé de préciser que son recours ne visait en aucun cas à exempter Bolsonaro de l'obligation du port du masque, mais que l'objectif était de s'assurer que le Président était traité comme tout autre citoyen.

« L'existence d'une norme rendant obligatoire l'utilisation d'un masque de protection à Brasilia élimine la nécessité d'intervention du pouvoir judiciaire pour reconnaître la même obligation ».

Xavier Bataille

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