
Cayenne, lundi 6 juillet – Département français le plus touché
par l’épidémie de coronavirus, la Guyane voit se multiplier les
mesures d’urgence : déclenchement du plan blanc, déploiement d’un
hôpital de campagne, arrivée de réservistes, transfert de patients
etc.
Si la France hexagonale semble contrôler l'épidémie, le
département de la Guyane est actuellement frappé de plein fouet.
Rien de plus normal quand on connait la situation de l’Amérique
latine, épicentre mondial actuel de la pandémie. La Guyane comptait
ainsi ce samedi 4 913 cas de Covid-19 dont 23 placés en réanimation
et déplorait 16 décès. Des chiffres importants relativement à la
population de ce DOM de 300 000 habitants seulement. « Nous ne
sommes pas loin du pic épidémique mais pour l’instant nous ne
voyons pas le bout du tunnel » a résumé gravement le préfet
Marc Del Grande.
Plan blanc déclenché et réservistes mobilisés
La Guyane vit peu ou prou une situation similaire à celle de
la métropole en avril. Là encore, les services hospitaliers sont en
première ligne dans la lutte contre le virus. Dans un communiqué
commun, les trois centres hospitaliers du département ont annoncé
le déclenchement du plan blanc, un dispositif de crise qui permet
une mobilisation générale des moyens à disposition des hôpitaux
pour lutter contre l’épidémie. Le détail des mesures prises dans le
cadre du plan blanc n’a pas encore été détaillé.
Tout est bon pour empêcher une saturation des services
hospitaliers : 130 réservistes ont déjà été mobilisés en un mois et
un hôpital de campagne à destination des patients non-Covid a été
déployé à Kourou. De nombreux patients ont également été transférés
aux Antilles, le Brésil voisin ne pouvant pas, au vu de sa
situation sanitaire, venir en aide à la Guyane. Seul bonne nouvelle
dans ce tableau quelque peu noir, les services hospitaliers
guyanais ne connaissent pas, contrairement à ce qui a pu en être
pour leur homologues métropolitains (n’en déplaisent à certains) de
pénurie de matériels : le département dispose de 4 millions de
masques chirurgicaux et de 400 000 masques FFP2.
Alors que plusieurs quartiers de Kourou ont été placés en
confinement avec couvre-feu, certains responsables locaux proposent
de reconfiner le département pendant deux à trois semaines pour
faire face au pic épidémique. Une décision socialement et
économiquement difficile à prendre alors que la Guyane vient de
connaitre, comme le reste de la France, un confinement de deux
mois. On pourra souligner ici le côté quelque peu absurde du
jacobinisme français, les décideurs parisiens ayant refusé de
traiter différemment une région se situant à plus de 7 000 km de la
métropole.
Polémique autour de l’essai Coviplasm
La gestion de l’épidémie en Guyane n’est en tout cas pas
exempte de polémiques, comme en métropole. Le 29 juin dernier, le
député Gabriel Serville (qui porte mal son nom) a exposé
publiquement ses critiques vis-à-vis de la politique sanitaire
actuel. Entre autres reproches, le député s’insurge de l’ouverture
prochaine à Cayenne d’un centre de recherche Coviplasm, organisant
un essai thérapeutique du plasma de patients guéris du Covid-19. En
manque de patients en métropole, la directrice de l’étude, la
professeure d’infectiologie Karine Lacombe, avait décidé de se
tourner vers la Guyane.
QH