Les laboratoires de biologie médicale au bord de la rupture
Paris, le mercredi 16 septembre 2020 - Vendredi, le Premier
ministre avait donné une lueur d’espoir aux laboratoires de
biologie médicale débordés avec la promesse de prioriser l’accès
aux tests RT-PCR, grâce à la mise en place de plages horaires
dédiées aux patients symptomatiques.
Mais, semble-t-il, ce changement n’a pas encore été effectif,
tandis que la proposition est jugée insuffisante par des
laboratoires qui multiplient les messages d’alerte.
D’abord, le manque de réactifs empêche désormais de rendre des
résultats rapides : « Plus de la moitié des laboratoires en
France n'ont plus que quelques jours de réserve de réactifs et
certains sont en rupture » prévient ce mercredi sur RMC le
docteur Lionel Barrand, président du syndicat des jeunes
biologistes médicaux.
« Pour l'instant, on arrive à tenir mais certains laboratoires
en rupture n'arrivent pas à rendre de résultats rapidement en
l'absence de réactifs. Les autres laboratoires autour, à qui ils
auraient pu envoyer les examens ne le font pas parce qu'ils sont
eux-mêmes en pénurie et sont débordés. Dans certaines régions on a
des délais de résultats de tests très élevés » poursuit le
praticien.
Pour éviter une catastrophe le médecin demande des machines
supplémentaires, plus de réactifs et enfin des renforts
humains…sans y croire. « En France malheureusement, on produit
peu de machines et de réactifs, surtout fabriqués aux Etats-Unis et
en Corée du Sud. De nombreux fournisseurs en France venus de
l'étranger ont une préférence nationale et délivrent peu de
matériel dans le pays » déplore le jeune biologiste. Par
ailleurs, concernant l’accès aux tests, Lionel Barrand considère
que la priorisation doit reposer sur des critères objectifs
(prescription par un médecin ou délivrée par l’Assurance maladie)
et non subjectifs, notamment pour faciliter le tri et ne pas
accroître la surcharge de travail des laboratoires et surtout mieux
garantir l’efficacité du dépistage.
Les tests salivaires à la rescousse ?
D’une manière générale, il propose de cibler davantage les
personnes à tester : « il vaut mieux faire 500.000 tests sur des
personnes symptomatiques avec des résultats en 24 heures, plutôt
qu'en faire un million avec des résultats en huit jours (...). Il
faut arrêter la politique du chiffre et aller vers de la pertinence
médicale pour que chaque balle tirée soit une balle réelle sur le
virus et que l'on ne tire pas de cartouches à blanc »
compare-t-il.
Conséquence de cette crise dans la crise, les techniciens,
exténués et sans matériel, se mettent en grève, à l’instar des
personnels des laboratoires Biofusion en Haute-Garonne, comme avant
eux ceux de Laborizon au Mans. Dès la rentrée, François
Blanchecotte, président du Syndicat des biologistes (SDB) avait mis
en garde quand à un risque « d'explosion sociale ».
Face à ce marasme, le Pr Delfraissy a allumé la lumière au
bout du tunnel. Hier, devant la commission d’enquête du Sénat il a
assuré « les données que nous avons venant de ce qui a été
évalué en Guyane et en région parisienne montrent qu’en fait, à
partir d’un prélèvement salivaire, on a une très bonne spécificité
et une sensibilité de l’ordre de 80%, ce qui suffit (…).
C’est-à-dire que les prélèvements salivaires seront mis en place
très probablement d’ici (...) fin septembre ou début octobre
».
Des tests qui pourraient donc permettre de désengorger les
laboratoires, tout en maintenant l’objectif (autant marketing que
sanitaire) du million de tests hebdomadaires fixés par le
gouvernement…
Certes il y a une responsabilité d'avoir grand ouvert les tests à tout un chacun et en particulier aux anxieux et il y en a beaucoup ! Mais aussi les laboratoires n'opèrent aucune restriction ni discrimination entre les symptomatiques et les asymptomatiques. Devons-nous continuer, malgré les difficultés annoncées à répondre à l'émotionnel ? Je veux penser la médecine et les médecins plus raisonnables devant le précipice ?
Dr Lucien Duclaud
Cierge votif du Pr Delfraissy
Le 16 septembre 2020
Comment les tests salivaires résoudront ils le problème de disponibilités de réactifs et de machines? Le cierge votif du Pr Delfraissy et l’optimisme affiché de l’auteur XB auront-ils raison des doutes et inquiétudes bien terre à terre du Dr Lionel Barrand ? Les faits sont têtus.
Dr Vincent Praloran
Du marketing, assurément
Le 17 septembre 2020
Il est plus facile de dire à la population (dont on espère les suffrages) "en cas de doute, testez vous !" que de lui dire "en cas de doute, isolez-vous !". C'est une lâcheté coupable.