
Paris, le mardi 3 novembre 2020 – Entre les informations liées à l’épidémie de Covid-19 et celles concernant les attaques et la menace terroriste, l’espace est limité pour médiatiser des opérations telles que Mois sans tabac, qui a pourtant débuté ce 1er novembre. Au-delà de cette visibilité limitée, la cinquième édition de cette manifestation inspirée d’un programme britannique s’inscrit dans un contexte très particulier : le confinement empêche en effet la réalisation d’événements promouvant le Mois sans tabac. Or, l’un des principes de ce dispositif est de fédérer une communauté de fumeurs qui font le choix ensemble d’arrêter de fumer pendant au moins un mois. Heureusement, les outils digitaux permettent de pallier cette impossibilité de rencontres réelles, tandis que les campagnes précédentes avaient déjà largement investi les réseaux sociaux. Cependant, alors que les Français sont conduits à passer bien plus de temps connectés qu’auparavant, en raison de la généralisation du télétravail et de la multiplication des échanges sociaux par téléphone ou internet, ne ressentiront-ils pas une certaine lassitude à l’idée de devoir relever « à distance » le défi du sevrage ?
Surtout, le confinement et ses répercussions économiques ainsi que l’épidémie et sa menace sur chacun d’entre nous pourraient ne pas être la période la plus propice pour s’engager à arrêter le tabac, ce qui est synonyme d’épreuves et d’anxiété pour beaucoup. D’ailleurs, les données du premier confinement suggèrent que l’impossibilité de se déplacer et de voir ses proches favorise la consommation de tabac : 27 % des fumeurs ont en effet déclaré avoir augmenté leur nombre de cigarettes fumées, tandis que 19 % indiquaient une diminution. Enfin, les premiers chiffres d’inscription sur la plateforme Mois sans tabac, autour de 110 000 sont décevants par rapport aux 200 000 de l’année dernière, mais il est vrai que l’opération ne fait que commencer.
Des résultats probants et une campagne digitale améliorée
Cependant, en dépit des différents obstacles et des indices décourageants, Santé Publique France (SPF) veut y croire. Ainsi, Marie-Ange Testelin, ambassadrice du Mois sans tabac des Hauts-de-France estime même que la « période est idéale ». « Je sais que la période est stressante, c’est justement l’occasion d’essayer de réduire ce stress, il diminue au bout de quelques jours sans fumer. Bien sûr, la nicotine entraîne une dépendance physique mais fumer est aussi une ritualisation qui peut se désapprendre », assure-t-elle. Certains font valoir également qu’à l’heure où de nombreux projets sont en suspens et où il peut être considéré comme difficile d’entretenir sa forme physique, arrêter de fumer peut être un défi approprié. Au-delà Mois sans tabac, qui cette année a choisi de mettre en avant le témoignage d’anciens fumeurs ayant participé aux premières éditions et qui sont parvenus à arrêter de fumer, met en avant les bons résultats du programme. « #MoisSans-Tabac est une opération probante : arrêter le tabac lors de l’opération multiplie par 2 la réussite du sevrage tabagique à 1 an, par rapport aux taux de succès observés dans la littérature scientifique pour des tentatives d’arrêt sans aide extérieure » détaille Santé Publique France. Par ailleurs, les outils digitaux de la campagne, confinement oblige, ont été repensés et améliorés. « Le site ta-bac-info–service.fr, dispositif majeur de l’accompagnement à l’arrêt du tabac a été repensé pour faciliter la navigation et l’accès à l’information par le biais de contenus plus pertinents et plus synthétiques. L’application d’e-coaching Tabac info service, conçue par l’Assurance Maladie en partenariat avec Santé publique France et avec le concours de la Société francophone de tabacologie, propose un programme d'e-coaching 100 % personnalisé, des conseils, des astuces et des mini jeux, des vidéos de soutien et un suivi des bénéfices de l'arrêt au quotidien (économies et santé) » énumère l’agence sanitaire. Enfin, des vidéos conférences en ligne seront organisées tout au long du mois de novembre pour recréer l’esprit communautaire propre à Mois sans tabac.
Ne pas abandonner cet enjeu de santé publique majeur à cause de la crise sanitaire
Enthousiaste et volontaire, Santé publique France est également consciente qu’à l’heure de l’épidémie de Covid-19, la lutte contre le tabagisme est un enjeu prioritaire comme l’ont rappelé les augmentations de consommation pendant le confinement. Cependant, Mois sans tabac ne peut pas être l’unique outil et les pouvoirs publics doivent également poursuivre leur action et notamment leur politique d’augmentation des prix. Une enquête dont les résultats viennent d’être dévoilés confirme en effet le rôle majeur de ce levier. « En 2018, les fumeurs (occasionnels et quotidiens), alors qu’ils ne sont que 28 % à considérer que les augmentations de taxes du tabac sont justifiées, sont toutefois 43,6 % à admettre qu’il s’agit d’une mesure motivante pour arrêter de fumer. Parmi les ex-fumeurs quotidiens en 2018 ayant arrêté de fumer dans les 5 dernières années, 39,8 % affirment que les augmentations de prix du tabac les ont motivés dans leur arrêt » relève ainsi SPF. De la même manière, l’engouement croissant pour le tabac à rouler (la part des fumeurs de cigarettes ne consommant que du tabac à rouler a plus que doublé au cours des dernières années, passant de 8,1 % en 2010 à 15,2 % en 2014 et 20,5 % en 2018) notamment en raison de son prix moindre est une confirmation de la prépondérance de ce paramètre. Ces éléments ne devront pas être ignorés par les décideurs publics, même si les difficultés économiques liées à l’épidémie de Covid-19 pourraient dans l’avenir les dissuader de faire encore progresser le coût du tabac.
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Aurélie Haroche