
Test de référence, la PCR en temps réel connaît des limites analytiques de détection qui se situent généralement autour de 103 copies d'ARN viral par ml (cp/ml) avec un coût élevé et un délai de 24 à 48 heures entre prélèvement et résultat.
Tests sensibles et longs versus tests moins sensibles et rapides
Les trois caractéristiques de la cinétique virale
(accroissement, infectiosité, déclin) ont fait émettre l'hypothèse
qu'il pourrait n’y avoir que des différences minimes d’efficacité
entre les schémas de dépistage recourant aux tests de détection
virale de différentes sensibilités, avec d’un côté la RT-PCR et sa
limite de détection (LOD) de 103 cp/ml et
de l’autre des tests souvent moins chers ou plus rapides dont les
limites de détection sont plus hautes (environ
105 cp/ml), comme la PCR-LAMP au chevet du
patient et les tests antigéniques rapides.
Une modélisation complexe
Au plan de la modélisation, il a été considéré que : les
patients pré-symptomatiques sont les plus infectieux juste avant
l'apparition des symptômes et que la transmission virale coïncide
avec les pics de charge virale ; que 35 % des patients ne feraient
l’objet d’un isolement que dans les trois jours suivant leur charge
virale maximale s'ils n'avaient pas été testés et isolés au
préalable, et que 65 % auraient des symptômes suffisamment bénins
ou n'en présenteraient aucun, de sorte qu'ils ne s'isoleraient pas,
à moins d'être détectés par des tests ; que les infections
asymptomatiques et symptomatiques ont les mêmes charges virales
initiales mais avec une clairance plus rapide chez les
asymptomatiques.
Testez, testez souvent, il en restera toujours quelque chose
Cette analyse a démontré qu'il y avait peu de différence dans la prévention de l'infectiosité entre les deux classes de tests. Des réductions spectaculaires de l'infectiosité totale des individus ont été observées en testant quotidiennement ou tous les trois jours : 62-66 % de réduction en testant chaque semaine versus 45-47 % en testant toutes les deux semaines. Étant donné que la charge virale et l'infectiosité varient d'un individu à l'autre, l'impact des différents schémas de dépistage sur la distribution de l'infectiosité des individus a également été analysé, révélant que des tests plus sporadiques entraînent une probabilité accrue que les individus soient testés positifs une fois qu'ils ne sont plus infectieux. Cette simulation montre que l'impact d'un dépistage répété dans la population peut être exprimé sous la forme d'une réduction du nombre de reproduction R.
Raccourcir à tout prix les délais d’obtention des résultats grâce aux tests rapides
Une variable importante est le délai entre le prélèvement d'un test et son résultat. Tout retard réduit considérablement la possibilité de diminuer l'infectiosité pour les individus et la propagation virale et cette étude souligne que l’obtention rapide des résultats est essentielle dans tout stratégie de dépistage, faisant passer au second plan l’amélioration des limites de la détection du virus. Le contrôle de l’épidémie est compromis par les retards de rendu des résultats.Privilégier l'accessibilité, la fréquence et le temps de réponse des tests
Et de conclure que l'efficacité du dépistage dépend en grande partie de la fréquence des tests et de la rapidité de l’obtention des résultats et qu'elle n'est que marginalement améliorée par une sensibilité élevée des tests. Le dépistage devrait donc accorder la priorité à l'accessibilité, à la fréquence et au temps de réponse des tests. En population générale, le dépistage répété des individus asymptomatiques peut être utilisé pour limiter la propagation du virus. Toutefois, ces conclusions ne peuvent faire abstraction de certaines limites. Tout d'abord, la sensibilité d'un test peut dépendre de facteurs autres que la limite de détection, notamment les variations du fabricant et un échantillonnage clinique inadéquat. Deuxièmement, les différences de performance exactes entre les programmes de tests dépendront de la capacité du modèle à saisir réellement les profils de cinétique et d'infectiosité virales, en particulier pendant la phase d'accélération entre l'exposition et la charge virale maximale.Dr Bernard-Alex Gaüzère