
Des débuts contrastés dans les EHPAD
Il faut dire que la préparation dans les Établissements
hébergeant des personnes âgées dépendantes (EHPAD) semble inégale.
« La vaccination ne va pas démarrer dans les prochains jours, en
tout cas pas de manière massive » tranche clairement dans les
colonnes de 20 minutes, le directeur de l’Association des
directeurs au service des personnes âgées (AD-PA). De fait, si
certaines structures ont déjà commencé à recueillir la position de
leurs résidents, dans d’autres localités, les formulaires de
recueil de ce consentement manquaient toujours à l’appel il y a
quarante-huit heures.
Première étape : recueil du consentement, au plus tôt aujourd’hui et plus certainement début 2021
La transmission hier par le ministère de la santé d’un
protocole d’une quarantaine de pages a enfin permis aux
responsables de disposer d’informations plus complètes, quand
beaucoup déploraient encore lundi des données parcellaires. La
première étape dans les EHPAD est de recenser le nombre de
résidents souhaitant pouvoir bénéficier de la vaccination (dans un
premier temps uniquement grâce au vaccin Pfizer/BioNTech), grâce à
des consultations pré-vaccinales. La mission pourrait être
particulièrement complexe dans certaines situations, compte tenu de
la fréquence des troubles cognitifs des pensionnaires et d’une
proportion non négligeable de personnes âgées ne pouvant se reposer
sur une personne de confiance. Il est en outre probable qu’un très
grand nombre d’établissements ne considérera pas la période
actuelle des fêtes de fin d’année comme la plus propice pour
conduire de telles réflexions ; compte tenu d’autant plus
d’effectifs souvent réduits. Signe enfin qu’une mise en œuvre
réelle n’est pas envisagée avant début janvier, le système
d’information « Vaccin Covid » auquel tous les EHPAD seront
reliés et qui doit permettre de retracer la procédure de recueil du
consentement des résidents ne sera opérationnel que le 4
janvier.
Livraison en trois temps
La détermination du nombre de doses nécessaires permettra à
l’EHPAD de recevoir une première livraison, qui sera suivie trois
semaines plus tard d’un second approvisionnement pour les doses de
rappel auxquelles s’ajouteront quelques lots supplémentaires pour
des primo-injections, qui seront complétés à leur tour trois
semaines plus tard par des vaccins permettant de réaliser les
rappels. Les EHPAD recevront ces doses soient via des CHU disposant
de supercongélateurs, soit via une des six plateformes
réparties sur l’ensemble du territoire. Le vaccin peut être
conservé pendant cinq jours à une température entre 2°C et 8°C ce
qui nécessite que l’injection soit réalisée dans ce délai, ce qui
pourrait parfois être difficile (si le résident présente au moment
où la vaccination doit avoir lieu une fébrilité ou une
indisponibilité temporaire). Des vérifications des températures
devront être réalisées trois fois par jour par les personnels des
établissements. Enfin, si nécessaire les EHPAD pourront faire appel
au renfort de professionnels de santé libéraux pour procéder à
l’administration des vaccins.
Conteneur d’expédition isotherme spécifique
Cette distribution aux EHPAD aura été précédée par une
opération d’acheminement des doses en France au cours d’une
procédure ultrasécurisée qui doit débuter demain, après avoir été
préparée par plusieurs phases de tests, dont les derniers ont été
conduits en présence hier du ministre de la Santé, Olivier Véran.
Ce jeudi, un décret au journal officiel (à la suite probablement du
feu vert de la HAS attendu ce 24 décembre) constituera le feu vert
pour le départ depuis les usines belges de Pfizer et les usines
allemandes de BioNTech des vaccins réservés à la France : deux
millions de doses doivent ainsi être livrées jusqu’au 26 janvier.
Le transport par la route (et par voie aérienne pour les
territoires d’outre-mer) est notamment réalisé grâce à un conteneur
d’expédition isotherme « qui peut maintenir la température
pendant dix jours sans être ouvert » et « jusqu’à trente
jours » si la glace carbonique qui le remplit est renouvelée
indique Pfizer.
Mission à haut risque
Le respect des conditions de conservation n’est pas l’unique
défi des transporteurs, qui sont également exposés à différents
types de menace, recensés par Interpol et une récente note
confidentielle adressée aux Agences régionales de santé (ARS). Les
risques identifiés seraient de trois types : les actes de
malveillance de groupes anti-vaccin, les actions terroristes et les
vols en vue de trafics.
Drones, systèmes de traçage ou encore escorte composée de
véhicules banalisés, voire d’un appui aérien ont été programmés
pour prévenir toute situation périlleuse. Outre cette logistique
concernant l’acheminement des doses, une autre architecture est
également en cours d’élaboration, qui concerne la
pharmacovigilance. Si la France devrait s’appuyer en grande partie
sur les dispositifs déjà existants, le système sera renforcé afin
d’assurer un suivi très précis. L’ANSM s’est ainsi déjà engagée à
réaliser un bilan chaque semaine des effets secondaires
rapportés.
L.C.