L’acheminement ultrasécurisé des vaccins se prépare, mais le vrai début de la campagne en France se fera en janvier

Paris, le mercredi 23 décembre 2020 – La France sera au rendez-vous dimanche. Mais comme nous l’évoquions hier dans ces colonnes, il s’agira d’un début symbolique de la campagne de vaccination contre la Covid-19, dans deux ou trois établissements (à Paris, en Bourgogne-Franche-Comté et dans une autre région qui reste à préciser), pour donner l’illusion d’une coordination européenne, quand le véritable lancement est attendu pour la mi-janvier.

Des débuts contrastés dans les EHPAD

Il faut dire que la préparation dans les Établissements hébergeant des personnes âgées dépendantes (EHPAD) semble inégale. « La vaccination ne va pas démarrer dans les prochains jours, en tout cas pas de manière massive » tranche clairement dans les colonnes de 20 minutes, le directeur de l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA). De fait, si certaines structures ont déjà commencé à recueillir la position de leurs résidents, dans d’autres localités, les formulaires de recueil de ce consentement manquaient toujours à l’appel il y a quarante-huit heures.

Première étape : recueil du consentement, au plus tôt aujourd’hui et plus certainement début 2021

La transmission hier par le ministère de la santé d’un protocole d’une quarantaine de pages a enfin permis aux responsables de disposer d’informations plus complètes, quand beaucoup déploraient encore lundi des données parcellaires. La première étape dans les EHPAD est de recenser le nombre de résidents souhaitant pouvoir bénéficier de la vaccination (dans un premier temps uniquement grâce au vaccin Pfizer/BioNTech), grâce à des consultations pré-vaccinales. La mission pourrait être particulièrement complexe dans certaines situations, compte tenu de la fréquence des troubles cognitifs des pensionnaires et d’une proportion non négligeable de personnes âgées ne pouvant se reposer sur une personne de confiance. Il est en outre probable qu’un très grand nombre d’établissements ne considérera pas la période actuelle des fêtes de fin d’année comme la plus propice pour conduire de telles réflexions ; compte tenu d’autant plus d’effectifs souvent réduits. Signe enfin qu’une mise en œuvre réelle n’est pas envisagée avant début janvier, le système d’information « Vaccin Covid » auquel tous les EHPAD seront reliés et qui doit permettre de retracer la procédure de recueil du consentement des résidents ne sera opérationnel que le 4 janvier.

Livraison en trois temps

La détermination du nombre de doses nécessaires permettra à l’EHPAD de recevoir une première livraison, qui sera suivie trois semaines plus tard d’un second approvisionnement pour les doses de rappel auxquelles s’ajouteront quelques lots supplémentaires pour des primo-injections, qui seront complétés à leur tour trois semaines plus tard par des vaccins permettant de réaliser les rappels. Les EHPAD recevront ces doses soient via des CHU disposant de supercongélateurs, soit via une des six plateformes réparties sur l’ensemble du territoire. Le vaccin peut être conservé pendant cinq jours à une température entre 2°C et 8°C ce qui nécessite que l’injection soit réalisée dans ce délai, ce qui pourrait parfois être difficile (si le résident présente au moment où la vaccination doit avoir lieu une fébrilité ou une indisponibilité temporaire). Des vérifications des températures devront être réalisées trois fois par jour par les personnels des établissements. Enfin, si nécessaire les EHPAD pourront faire appel au renfort de professionnels de santé libéraux pour procéder à l’administration des vaccins.

Conteneur d’expédition isotherme spécifique

Cette distribution aux EHPAD aura été précédée par une opération d’acheminement des doses en France au cours d’une procédure ultrasécurisée qui doit débuter demain, après avoir été préparée par plusieurs phases de tests, dont les derniers ont été conduits en présence hier du ministre de la Santé, Olivier Véran. Ce jeudi, un décret au journal officiel (à la suite probablement du feu vert de la HAS attendu ce 24 décembre) constituera le feu vert pour le départ depuis les usines belges de Pfizer et les usines allemandes de BioNTech des vaccins réservés à la France : deux millions de doses doivent ainsi être livrées jusqu’au 26 janvier. Le transport par la route (et par voie aérienne pour les territoires d’outre-mer) est notamment réalisé grâce à un conteneur d’expédition isotherme « qui peut maintenir la température pendant dix jours sans être ouvert » et « jusqu’à trente jours » si la glace carbonique qui le remplit est renouvelée indique Pfizer.

Mission à haut risque

Le respect des conditions de conservation n’est pas l’unique défi des transporteurs, qui sont également exposés à différents types de menace, recensés par Interpol et une récente note confidentielle adressée aux Agences régionales de santé (ARS). Les risques identifiés seraient de trois types : les actes de malveillance de groupes anti-vaccin, les actions terroristes et les vols en vue de trafics.

Drones, systèmes de traçage ou encore escorte composée de véhicules banalisés, voire d’un appui aérien ont été programmés pour prévenir toute situation périlleuse. Outre cette logistique concernant l’acheminement des doses, une autre architecture est également en cours d’élaboration, qui concerne la pharmacovigilance. Si la France devrait s’appuyer en grande partie sur les dispositifs déjà existants, le système sera renforcé afin d’assurer un suivi très précis. L’ANSM s’est ainsi déjà engagée à réaliser un bilan chaque semaine des effets secondaires rapportés.

L.C.

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