
Paris, le mercredi 19 mai 2021 – Étude après étude, le lien
entre confinement et hausse des tentatives de suicides ne cesse de
se brouiller.
Ce mercredi 19 mai, alors que les bars, les restaurants et les
lieux culturels entrouvrent à travers toute la France, beaucoup de
Français n’hésitent pas à parler d’une véritable libération. Un
signe sans doute que ces plus de 14 mois de restrictions sanitaires
en tout genre ont mis nos nerfs et même notre santé mentale à rude
épreuve.
Baisse des tentatives de suicides lors du premier confinement…
Mais qu’en est-il du nombre de tentatives de suicide et de
suicide, chez les Français en général et chez les jeunes en
particulier ? Les médias se sont régulièrement fait l’écho ces
derniers mois de cas d’étudiants ou de commerçants se donnant la
mort parce qu’ils ne supporteraient pas les restrictions
sanitaires. De nombreux pédopsychiatres ont également tiré la
sonnette d’alarme sur une hausse des tentatives de suicide chez les
enfants et les adolescents. Mais la réalité des chiffres semble
beaucoup plus difficile à appréhender. Établir un lien entre
confinement et hausse des suicides est rendu difficile en raison de
la multitude des sources. Selon les études, on se base tantôt sur
les appels aux centres anti poison (CAP), tantôt sur les
hospitalisations pour gestes auto-infligés mais aussi sur les
chiffres des causes médicales de décès collectés par le CépiDc à
partir des certificats de décès.
…mais hausse lors du deuxième confinement
Ensuite, les différents indicateurs semblent montrer en
revanche une hausse des tentatives de suicides au fur et à mesure
que se prolonge la crise. Une hausse que certains situent vers
octobre 2020 (début du deuxième confinement), d’autres plutôt vers
janvier 2021 (renforcement du couvre-feu). Le docteur Dominique
Vodovar, qui a étudié les appels faits aux centres anti poison
entre 2018 et 2021, explique que les appels liés à des tentatives
de suicide ont augmenté lors du premier trimestre 2021, «
essentiellement chez les 12-24 ans »
indique-t-il.
« Je crains que depuis l’automne 2020, on soit entré dans
une autre période de souffrance psychique » abonde dans le même
sens le Pr Fabrice Jollant, qui s’appuie sur une hausse des
hospitalisations pour tentatives de suicides. Même son de cloche du
côté de Santé Publique France, qui a constaté une hausse de « 40
% par rapport aux années précédentes » des gestes suicidaires
chez les moins de 15 ans « autour des semaines 5 et 10 » de
l’année 2021. S’agissant des morts par suicide, leur nombre a
baissé en 2020 en France et aussi dans le monde selon une étude
publiée dans The Lancet Psychiatry le 22 avril dernier.
Aucune donnée n’est cependant disponible pour l’année 2021, les
statistiques sur les causes de décès élaborés par le CépiDc ayant 4
mois de décalage.
Nicolas Barbet