
De la complexité à la cacophonie
En préambule, rappelons (pour faire simple !) que la réforme
PASS/LAS consiste à remplacer la PACES en une PASS (sorte de voie
royale vers les études de médecine) ou chaque étudiant doit se
choisir une matière mineure (en dehors de la santé) pour favoriser
les passerelles en cas d’échec. Les étudiants en PASS doivent
également désormais partager les places en deuxième année avec des
étudiants en LAS qui suivent un cursus autre que médical (du droit
par exemple), en suivant une matière mineure en santé.
Cette réforme complexe (représentative du génie français
diront les mauvaises langues) a entraîné une véritable cacophonie.
Pour les LAS, les universités ont été mal préparées à ces nouvelles
filières. Pour la PASS, l’année est particulièrement difficile à
gérer alors que cohabitent les « primant » la PASS et les
derniers redoublants de la PACES. Aussi, tout au long de l’année,
les étudiants ont multiplié les alarmes et dans un rapport le Sénat
a même dénoncé une réforme « délétère » mal et trop vite
mise en application.
Pour garantir de « meilleures chances de réussite » aux
étudiants de première année, un décret visera à privilégier les
étudiants issus de PASS et ceux de LAS pour les 12 % de places
supplémentaires.
Chaque université devra en outre créer « une commission
d'examen exceptionnelle » pour les étudiants admissibles en
deuxième année de filière santé, mais qui n'ont pas validé une
autre matière. L'objectif est d'examiner les « situations
individuelles » de ces candidats.
Enfin, des « sessions de rattrapage » seront organisées
pour toutes les disciplines « mineures » à la fois en PASS
(mineure « généraliste ») et en LAS (mineure
santé).
Parallèlement, de nouvelles instructions ont été adressées aux
universités (qui n’auraient pas tout compris) pour la rentrée 2021.
Un accompagnement « spécifique » des étudiants de LAS 1
reçus dans les filières santé, et des étudiants de PASS en LAS 2,
devra être mis en place « notamment en renforçant le tutorat et
les ressources numériques ».
A cette réforme chaotique du premier cycle, s’ajoute celle du
deuxième cycle qui inquiète particulièrement ceux qui ont choisi
d’étudier à l’étranger (notamment en Roumanie). La réforme du «
concours » de l’internat qui fera la part belle au «
matching » risque en effet d’entraver encore davantage
l’intégration de ces étudiants dans le 3e cycle des
études médicales.
Gabriel Poteau