
Paris, le lundi 12 juillet 2021 - Si l’on devait se livrer à
une analogie médicale, la réforme de l’accès aux études de santé
ressemble de plus en plus à un accouchement dans la douleur. Dans
un arrêt rendu le 8 juillet dernier par le Conseil d’Etat, la plus
haute juridiction administrative a jugé que quinze universités
devaient augmenter le nombre de places en
2ème année d’études de santé au bénéfice
des étudiants en LAS et en PASS.
A l’origine de cette décision, un recours initié par plusieurs
associations étudiantes qui demandaient à la juridiction d’annuler
l’arrêté interministériel fixant, pour l’année universitaire
2021-2022, le nombre de places allouée en deuxième année aux
étudiants en première année commune aux études de santé
(PACES).
L’arrêté avait été pris dans le cadre de la transition entre
les anciennes et les nouvelles études de santé, ces dernières ayant
été dessinées par la loi du 24 juillet 2019. Depuis plusieurs
semaines déjà, la mise en place d’un numerus apertus fixé par les
universités en concertation avec les ARS est à l’origine
d’incertitudes pour les étudiants en médecine.
En effet, alors que la réforme était censée mettre fin au
numerus clausus, les étudiants s’engageant dans cette filière n’ont
parfois aucune indication sur le nombre de places disponibles pour
les deuxièmes années, les laissant parfois dans le flou quant à
leurs chances de poursuite d’études.
A l’origine notamment de cette confusion, le fait qu’à titre
transitoire, les étudiants ayant suivi une PACES en 2019-2020 et
qui auraient eu, dans l’ancien système, la possibilité de
redoubler, ont pu le faire en 2020-2021.
Une répartition des places qui avantage trop les anciens étudiants
Le Conseil d’Etat souligne tout d’abord que pour l’année
universitaire 2020-2021, si les étudiants en PACES représentent 30
% des inscrits en première année, l’arrêté contesté prévoit que
leur soient attribuées plus de 48 % des places en deuxième
année.
Inversement, les étudiants en PASS et LAS, qui représentent 70
% des inscrits en 1ère année, ne peuvent
prétendre qu’à un peu moins de 52 % des places de
2ème année.
Mais plus encore, le Conseil d’Etat constate que quinze
universités n’ont pas créé suffisamment de places en deuxième année
pour assurer que la mise en œuvre de la réforme ne se fasse pas au
détriment des PASS et des LAS.
Le Conseil d'État considère que les capacités d’accueil
programmées par ces quinze universités sont « entachées d’erreur
manifeste d’appréciation » et juge que l’arrêté attaqué «
qui repose sur les capacités d’accueil déterminées par ces
universités » est lui-même illégal. Toutefois, les décisions
d’admissions en deuxième année notifiées ne sont pas remises en
cause.
Le gouvernement « prend acte »
Enfin, le Conseil d’État a ordonné aux universités
d’Aix-Marseille, des Antilles, de Bordeaux, de Bourgogne, de Caen
Normandie, de Clermont-Auvergne, de Lille-II, de Lorraine, de
Montpellier, de Poitiers, de Rouen Normandie, de Saint-Etienne, de
Strasbourg, de Toulouse-III et de Tours de prendre de nouvelles
délibérations permettant d’atteindre, pour 2021-2022, un nombre de
places de 2ème année supérieur d’au moins
20 % à celui de 2020-2021.
C.H.