En métropole, une circulation du virus encore inquiétante, désastre aux Antilles

Paris, le vendredi 13 août 2021 – La circulation du SARS-CoV-2 est-elle en voie de stabilisation en métropole ? Les chiffres publiés ce vendredi par Santé publique France (SPF) signalent qu’au cours de la semaine précédente l’augmentation du nombre de nouveaux cas a été « très modérée », ne dépassant pas 4 %. Dans les hôpitaux, on constate un même ralentissement, même si les chiffres demeurent toujours préoccupants. Ainsi, le nombre de nouvelles hospitalisations (4 764) a progressé de 35 %, quand la hausse avait été de 92 % entre le 26 juillet et le 1er août par rapport à la semaine précédente. De la même manière, on observe une augmentation de 46 % des admissions en soins critiques (vs +92 % entre le 26 juillet et le 1er août). Cependant, en raison du décalage constant entre le moment de la contamination et celui de l’éventuelle hospitalisation, le taux d’hospitalisation a progressé partout, alors que certaines régions ont parallèlement enregistré un léger recul de l’incidence. La situation actuelle est en outre à observer avec prudence compte tenu du profil des patients désormais plus souvent contaminés. SPF note en effet que « l’augmentation par rapport à la semaine précédente concernait principalement les 40 ans et plus, traduisant la diffusion de l’épidémie des personnes les plus jeunes vers les plus âgée ». Or, même si ces populations connaissent des couvertures vaccinales plus élevées, elles demeurent les plus à risque de présenter une forme grave.

Contact tracing en vacances

En outre, la qualité de la surveillance de l’épidémie semble s’affaiblir. « En semaine 31, si le nombre de cas augmente, le nombre de personnes-contact reste stable en raison d’une proportion importante de cas ne rapportant aucun contact à risque. Le nombre moyen de personnes-contacts par cas continue à diminuer, notamment pour les contacts extra-domiciliaires, pour atteindre son niveau le plus bas observé en 2021 » relève Santé publique France. Cet état de fait pourrait être lié à la période estivale mais également à une tendance au non signalement des contacts vaccinés. Or, SPF rappelle : « Bien qu’elles soient dispensées de quarantaine, les personnes-contacts avec un schéma de primo-vaccination complet et pas d’immunodépression grave (personnes-contacts à risque modéré) doivent être identifiées afin qu’elles puissent appliquer les autres mesures destinées à briser les chaînes de transmission (dépistage, contact-warning, auto-surveillance, limitation des interactions sociales, port du masque dans l’espace public) ». Le bilan hebdomadaire de SPF confirme enfin que le variant Delta représente la quasi-totalité des « séquence interprétables » en métropole actuellement.

Hausse de +81 % des décès en Martinique la semaine dernière

Ce bilan relativement préoccupant en métropole est sans commune mesure avec la situation dans les Antilles. Ainsi, le point hebdomadaire de surveillance de la mortalité relève qu’ « Après un excès de décès observé entre les semaines 40-2020 et 19-2021, le nombre de décès enregistrés dans les bureaux d’état-civil est revenu dans les marges de fluctuation habituelle entre les semaines 20 à 28 (avec une légère sous-mortalité observée en semaine 25). On note un excès modéré de décès en semaine 29 (du 19 au 25 juillet), avant de revenir dans les marges de fluctuation habituelle en semaine 30. (…) Les effectifs de décès en semaine 31 sont stables ou en baisse dans toutes les classes d’âge ». Cependant, la situation est très différente en Martinique où « en semaine 30, on note (…) un excès de décès » ainsi qu’au cours de la semaine suivante, marquée par une hausse de +81 %, soit 46 décès supplémentaires par rapport aux années précédentes.

Renfort des renforts

Faisant écho à ces constatations statistiques, le ministre de la Santé, en visite à la Martinique a considéré que la situation que traverse la région (ainsi que la Guadeloupe) était même incomparable avec ce qui avait pu être observé dans l’hexagone au cours des vagues précédentes. Après avoir rencontré les équipes hospitalières de Fort-de-France, le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu a ajouté : « On ne ressort pas indemne de la visite de cet hôpital. Les patients sont jeunes, très jeunes. Aux urgences, ils ont 40-50 ans. En réanimation, ils peuvent avoir 20 ans ou 30 ans ». Les difficultés extrêmes des équipes hospitalières ont conduit les ministres a annoncé l’arrivée de renforts supplémentaires, quelques jours à peine après l’arrivée d’un contingent de plus de 250 personnes. Par ailleurs, le ministre de la Santé a indiqué que les Antilles auraient prioritairement accès aux anticorps monoclonaux.

Un rythme de vaccination encore inférieur à la métropole

A moyen terme cependant, pour éviter de nouveaux épisodes d’une telle violence et des mesures de confinement comme celles qui ont dû s’imposer cette semaine (et qui affaiblissent encore davantage des îles vivant principalement du tourisme), l’arme de la vaccination doit être promue. Olivier Véran s’est montré ainsi très dur vis-à-vis des discours antivaccins regrettant leur large médiatisation. Affirmant « ne pas s’intéresser » aux causes de leur aura, il a martelé l’urgence. Le ministre s’est cependant félicité d’avoir constaté « un frémissement » ces derniers jours avec 18 % d’injections supplémentaires par rapport à la semaine dernière. « Depuis deux jours, 1 000 personnes se font vacciner quotidiennement, avant c'était 300 à 400 » a indiqué Ruddy Valentino, médecin du service de réanimation au CHU de Fort-de-France. Le rythme de vaccination reste cependant moins soutenu qu’en métropole (avec 0,40 % de la population recevant chaque jour une première injection vs 0,26 % en Martinique) alors que la couverture vaccinale y est déjà bien plus élevée.

80 % des soignants vaccinés

Soulignons enfin en ce qui concerne la vaccination des soignants en France (des données régionales ne sont pas disponibles), les chiffres réactualisés hier de SPF indiquent que « 80 % des soignants exerçant à l'hôpital ou en Ehpad ont reçu au moins une injection ». Mais les différences entre infirmiers et médecins demeurent avec par exemple à l’Assistance publique hôpitaux de Paris 94 % de primo-vaccinés parmi les médecins, contre 68 % des infirmiers et 49 % des aides-soignants.

A.H.

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Vos réactions (1)

  • Patience

    Le 13 août 2021

    Comme à chaque fois, on a été rattrapé. Que Pfizer fasse un vaccin anti delta et vite.

    Pr A Muller

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