Le Cap, le mercredi 8 septembre 2021 – Neuf mois après le
début de la vaccination contre la Covid-19 dans le monde, l’Afrique
accuse toujours un retard abyssal sur les pays développés.
C’est une véritable fracture vaccinale qui s’est créée dans le
monde en seulement quelques mois. Malgré toutes les déclarations de
bonnes intentions des dirigeants occidentaux, affirmant qu’ils
feraient tout pour éviter que les pays pauvres soient laissés de
côté, la réalité est indéniable. Alors que 65 % des Européens et 61
% des Américains ont reçu au moins une dose de vaccin, seulement
5,5 % des Africains sont vaccinés. Environ 2 % des doses injectées
dans le monde l’ont été en Afrique, qui correspond pourtant à 17,5
% de la population mondiale.
Des vaccins fabriqués en Afrique du Sud
À l’intérieur même du continent, les disparités sont
importantes. Si certains pays comme le Maroc (52 % de vaccinés) ou
la Tunisie (36 %) ou dans une moindre mesure le Zimbabwe (18 %) ou
l’Afrique du Sud (17 %) présentent déjà des taux de vaccination
importants, d’autres n’en sont qu’aux balbutiements. Ainsi, moins
de 0,1 % des 105 millions d’habitants de la République démocratique
du Congo ont reçu une dose du vaccin ! Selon le bureau africain de
l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), 42 des 54 pays africains
n’atteindront pas l’objectif fixé par l’organisation onusienne, à
savoir 10 % de vaccination chez les personnes vulnérables d’ici à
la fin septembre.
L’échec du dispositif Covax, créé par l’OMS et financé par des
puissances occidentales et des milliardaires pour fournir des doses
aux pays pauvres, est désormais incontestable. Sur les 640 millions
de doses prévus pour septembre, seulement 191 millions ont été
livrées. Les pays africains ont donc décidé de prendre leur
responsabilité et ont créé un dispositif complémentaire d’achat de
vaccins, l’AVAT (Africa Vaccine Acquisition Trust). Avec un
certain succès puisque 800 millions de doses ont déjà été commandés
à travers ce dispositif. Par ailleurs, des doses sont désormais
directement fabriquées sur le continent après que le laboratoire
sud-africain Aspen Pharmacare ait décroché un contrat avec le géant
américain Johnson & Johnson.
La France fait don de 10 millions de doses
Les pays occidentaux, régulièrement critiqués par l’OMS pour
leur manque de générosité, commencent enfin à accélérer les dons de
vaccins. En juin dernier, les pays du G7 avaient promis l’envoi
d’un 1 milliard de doses en direction des 92 pays les plus pauvres
de la planète. La France vient de faire don de 10 millions de
vaccins Pfizer et AstraZeneca à l’Afrique. Un cadeau qualifié de «
geste fort et bienvenu » par le président sud-africain Cyril
Raphamosa, qui avait pourtant dénoncé un « apartheid
vaccinal » lors d’une réunion avec Emmanuel Macron en mai
dernier. De son côté, le président américain Joe Biden a annoncé
que les États-Unis avaient déjà distribué 110 millions de doses aux
pays pauvres.
Au-delà de l’objectif humanitaire, les pays occidentaux ont
tout intérêt à accélérer la vaccination en Afrique pour y éviter
l’éventuelle apparition de variants plus contagieux, plus pathogène
et moins sensibles aux vaccins.
Officiellement, 200 000 Africains sont décédés de la Covid-19, un
chiffre probablement fortement sous-estimé. Après un été meurtrier,
notamment en Tunisie et en Afrique du Sud, l’épidémie est
actuellement en forte baisse dans le continent… malgré le manque de
vaccins.
Observons qu'il n'y pas eu d'excédent important de vaccins en Europe jusque là, surtout si on considère la légitimité d'une troisième dose. De surcroit le taux de vaccination dans de nombreux pays africains apparait lié au refus de la population. Par exemple pour 250 000 doses livrées au Congo seulement 18 000 personnes vaccinées. La pénurie provient souvent de la péremption des doses inutilisées.
Il apparait donc aussi utile d'informer les populations que de délégitimer une dose de rappel ou de livrer des vaccins sans évaluer précisément les demandes locales.
Dr Jean-Jacques Le Moine
Qualificatif de pays pauvres
Le 12 septembre 2021
Ce qui gêne dans cet article c'est le qualificatif de pays pauvres, ce qui d'emblée place les pays d'Afrique dans une position d'éternels assistés. Le débat est beaucoup plus profond. La diplomatie sanitaire n'a pas réellement son rôle en amont.