Isoler ou tester chaque jour les cas contacts de Covid-19, un cas d’école
La transmission du SARS-CoV-2 en milieu scolaire est plus que
jamais à l’ordre du jour. Les protocoles sanitaires varient d’un
pays à l’autre, allant de la plus grande laxité à la fermeture de
la classe concernée quand un cas de Covid-19 est diagnostiqué avec
certitude. Les stratégies empiriques adoptées qui se situent entre
ces deux extrêmes dépendent par ailleurs du niveau de scolarité -
maternelle, école primaire, lycée/collège - ou encore parfois du
statut vaccinal du cas.
Mais que faire des cas contacts détectés dans la classe concernée
ou les autres classes de l’établissement ? Deux solutions s’offrent
en théorie : ou bien les isoler, solution le plus souvent adoptée,
ou bien les tester quotidiennement grâce aux tests antigéniques
salivaires. Cette option relativement peu onéreuse a le mérite de
ne pas interrompre la scolarisation tout en minimisant la
stigmatisation des cas positifs, mais offre-t-elle la même sécurité
? Une étude randomisée menée en Angleterre où le variant Delta a
fait des ravages, tente de répondre à cette question.
Étude randomisée sur 201 lycées et collèges au
Royaume-Uni
L’étude contrôlée mais ouverte s’est déroulée au sein de 201
lycées ou collèges entre le 18 mars et le 4 mai 2021. Ces
établissements ont été tirés au sort pour être répartis en deux
groupes en fonction du protocole sanitaire mis en place chez les
cas contacts : (1) contrôle : isolement systématique pendant dix
jours pendant sept jours (n=99) ; (2) intervention : test
antigénique salivaire quotidien (n=102).
L’évaluation a porté sur dix semaines jusqu’à la fin de
l’étude prévue le 27 juin 2021. Seuls 76 établissements dans le
premier groupe et 86 du second ont participé activement à l’étude,
mais l’analyse a tout de même porté sur la totalité des lycées et
écoles. Près de la moitié (n = 2432 ; 42,4 %) des 5 763 cas
contacts du groupe intervention se sont « pliés » aux tests
salivaires quotidiens.
Les critères de jugement principaux appliqués aux élèves et au
staff de l’établissement étaient les suivants : absence en rapport
avec le Covid-19 et formes symptomatiques de la maladie confirmées
par un test PCR. Un ajustement a pris en compte la fréquence des
cas positifs au sein de la communauté, afin d’estimer au mieux la
transmission scolaire (seuil de non-infériorité < 50 %
d’augmentation relative de cette fréquence). L’analyse des données
a été faite dans l’intention de traiter au moyen d’une régression
quasi-poissonnienne.
Non-infériorité des tests antigéniques salivaires
quotidiens
Au terme de l’étude, ont été dénombrés un nombre voisin de cas
d’infection symptomatique confirmée par PCR dans chacun des deux
groupes : (1) contrôle : 657 pendant 7 782 537 journées à risque
(soit une incidence hebdomadaire de 59,1 pour 100 000) ; (2)
intervention : 740 pendant 8 379 749 journées à risque (61,8 pour
100 000 par semaine. Le rapport d’incidence (incidence rate ratio)
ajusté correspondant a été estimé à 0,96 [intervalle de confiance à
95 % IC 95 % 0,75–1,22] ; p = 0,72) et à 0,86 [0,55–1,34] en
s’aidant d’une analyse du type CACE (Complier average causal
effects).
Des résultats voisins ont été obtenus en ce qui concerne
l’absentéisme lié à la Covid-19 chez les élèves et les membres du
personnel des établissements : (1) le groupe contrôle : 59 422
(1,62 %) pendant 3 659 017 participants-jours de scolarité ; (2)
intervention : 51 541 (1,34%) pendant 3 845 208 participants-jours
de scolarité. Les valeurs correspondantes de l’incidence rate ratio
calculé selon les deux méthodes analytiques précédentes ont été
respectivement de 0,80 ([IC 95 % 0,54–1,19]; p=0,27) et de 0,61
[0,30–1,23].
Cette étude randomisée montre que la surveillance des cas
contacts en milieu scolaire par des tests antigéniques quotidiens
aboutit à des résultats qui ne sont pas inférieurs à ceux de leur
isolement systématique, quant à la transmission intrascolaire du
SARS-CoV-2. Les taux d’infections symptomatiques et d’absences
liées à la maladie ont été voisins dans les deux groupes, et ont
d’ailleurs été remarquablement faibles (autour de 2 %), alors que
l’épidémie « battait son plein » en Angleterre. Le statut
vaccinal n’a pas été pris en compte dans le cadre de l’essai qui a
pourtant pris fin le 27 juin 2021, alors que la vaccination de
masse a débuté au Royaume-Uni dès le 8 décembre 2020 : preuve que
cette information est diversement recueillie et utilisée d’un pays
à l’autre.
Faut-il dès lors, à la lueur de ces résultats, envisager le
protocole sanitaire préconisé par cette étude en milieu scolaire,
voire dans d’autres contextes où les cas contacts posent autant de
problèmes, voire plus ? That is the question… et le débat
est ouvert en attendant la confirmation de l’efficacité d’une telle
mesure dans d’autres pays.
Le plus raisonnable semble être d'isoler strictement et de faire une PCR au troisième jour qui suit le contact. Si le test est négatif, la probabilité de contagiosité semble négligeable et doit permettre le retour en respectant les mesures-barrières.
Il faudrait que l'isolement soit irréalisable pour se résoudre à des tests salivaires quotidiens durant la semaine suivant le contact.
Dr Pierre Rimbaud
La vaguelette de la rentrée scolaire
Le 21 septembre 2021
On pouvait prevoir que le 2eme été avec la Covid allait etre aussi contaminant que le 1er, mais que la couverture vaccinale etant deja en place, et la jeune population scolaire sans grand risque, ce 2eme été serait moins virulant. Ca se confirme de semaine en semaine dans les services hospitaliers. Sauf nouveau variant tres different ça se termine.