Quel bilan pour la réforme de la première année de médecine ?

Paris, le lundi 4 octobre 2021 – La ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal se félicite du succès de la réforme de la première année de médecine, un avis loin d’être partagé par les associations étudiantes.

En cette rentrée universitaire, plusieurs milliers d’étudiants entrent en deuxième année de médecine, bien décidé à laisser derrière eux une première année souvent très éprouvante et rendue encore plus difficile par les restrictions sanitaires. Il s’agit de la première génération d’étudiants à être passé par le système de la PASS/LAS, qui a remplacé en 2020 celui de la PACES (première année commune d’études de santé).

Depuis 2020, les bacheliers désirant embrasser la carrière médicale ont le choix entre le parcours accès santé spécifique (PASS), sorte de première année de médecine « classique » mais avec une option dans une matière non médicale et la licence accès santé (LAS), une première année dans une discipline non médicale mais avec une option santé. L’objectif de cette réforme était de permettre aux étudiants n’ayant par reçu à accéder à la deuxième année de médecine de pouvoir se réorienter rapidement dans une autre discipline.

Un bilan positif pour la ministre

Au moment de tirer le bilan de la première année de la réforme, la ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal juge que « les résultats sont déjà au rendez-vous » pour cette année 2020-2021 qu’elle qualifie de « crash test », tant les restrictions sanitaires ont rendu difficile l’application de la réforme. Elle en veut notamment pour preuve que le nombre d’étudiants inscrits en deuxième année d’études de santé (médecine, dentaire, pharmacie…) a augmenté de 17,8 %. Parmi ces étudiants en deuxième année, plus de 30 % proviennent de LAS (donc de licence non spécifiquement médicale) selon la ministre.

L’ancienne chimiste note également que tous les étudiants ayant validé leur première année mais sans parvenir à entrer en deuxième année de médecine ont obtenu une place en deuxième année de licence. La ministre reconnait cependant que des ajustements reste à réaliser : à partir de cette année, le droit au recours sera généralisé et les étudiants recalés pourront demander à retenter la PASS/LAS.

Haro sur les oraux

Mais du coté des associations d’étudiants et de leurs parents, on ne partage pas l’optimisme de la ministre. Les critiques contre la PASS se concentrent essentiellement sur les épreuves orales, auxquels ont été soumises les étudiants n’ayant pas obtenu une note suffisante à l’écrit pour leur garantir un accès direct à la deuxième année de médecine. Selon beaucoup d’étudiants, aucune préparation aux oraux ne leur a été prodiguée. Il semble également que ces oraux ont été menés sans aucune concertation entre les différentes universités, avec une pondération des oraux variant de 10 à 70 % de la note finale.

Les étudiants ayant été recalés à l’oral demandent donc un réexamen de leur situation. A travers une pétition en ligne, ils réclament du gouvernement qu’un décret soit pris afin de les intégrer directement en deuxième année de médecine. A Paris, les étudiants recalés ont même entamé un sit-in devant le ministère de l’Éducation supérieur pour alerter sur leurs situations. Ils ont également engagé une procédure judiciaire devant les juridictions administratives. Le 27 juillet dernier, le ministère de l’Enseignement supérieur avait d’ailleurs dû augmenter les places en deuxième année de médecine dans huit universités à la suite d’une décision du Conseil d’Etat.
Malgré les critiques et les couacs, Frédérique Vidal continue de mener sa réforme en profondeur des études de santé. La réforme du deuxième cycle et la suppression des ECN (épreuves classantes nationales) aura lieu en 2023. A compter de cette date, la note sera décomposée entre un examen théorique qui comptera pour 60 %, un examen pratique (30 %) et une évaluation du parcours de l’étudiant (10 % de la note). Avec là encore l’introduction d’un oral qui risque, paradoxalement, de faire couler beaucoup d’encre.

Quentin Haroche

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