
Metz, le samedi 23 octobre 2021 - Mercredi dernier, le
Tribunal correctionnel de Metz statuait sur le cas du Dr Frey,
ancien médecin chef de la police dans le Grand-Est, poursuivi pour
agressions sexuelles sur des policiers et policières de la région
pendant des examens médicaux.
L’indispensable recherche du consentement
« Les violences obstétricales et gynécologiques sont une
forme de violence restée longtemps cachée » souligne la
Commission sur l’égalité du Conseil de l’Europe dans son rapport
publié le 16 septembre 2019. Sans doute imprégnée d’une vision
paternaliste de la médecine, la recherche du consentement éclairé
du ou de la patiente n’a pas toujours constituée une priorité pour
les praticiens.
Mais la tendance lourde des deux dernières décennies tend au
renforcement des droits du patient. A l’évidence, les examens
gynécologiques réalisés sans le consentement de la patiente
constituent un manquement évident à la déontologie
médicale.
L’article R.4127-36 du Code de la Santé Publique semble du
reste catégorique : « aucun acte médical ne peut être réalisé
sans le consentement libre et éclairé de la personne
».
La difficile question de la qualification pénale
Les faits de violences gynécologiques sont-ils également
punissables sur le plan pénal, y compris en matière criminelle ? La
question soulève deux difficultés majeures.
La première tient à la nature de l’acte réalisé. En droit
pénal, le viol est défini comme « tout acte de pénétration
sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne
d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise ». Pour
la jurisprudence, un examen médical peut être qualifié de viol si
l’acte, non médicalement nécessaire, réalisé par surprise, présente
un caractère sexuel. A défaut de pouvoir prouver cet élément
intentionnel de viol, l’infraction ne peut être caractérisée. Les
enquêteurs doivent de plus affirmer le caractère non médicalement
nécessaire des actes réalisés pour envisager des poursuites
pénales.
Une charte pour la consultation en gynécologie
Le Collège national des gynécologues et obstétriciens
français, dans une charte publiée jeudi 21 octobre, a jugé
nécessaire de coucher sur le papier une dizaine de principes
élémentaires en matière de réalisation d’examens gynécologiques. «
La consultation en gynécologie ou en obstétrique n’est pas une
consultation comme les autres puisqu’elle touche à l’intimité des
patientes ».
Charles Haroche