Bientôt le retour des jours heureux (bis) ?

Paris, le jeudi 3 février 2022 – Le ministre de la Santé Olivier Véran a affiché un optimisme presque inattendu ce mercredi sur BFM, laissant espérer un retour à la vie normale pour ce printemps.

« Le pire est derrière nous et nous avons fait le plus dur ». Cette phrase prononcée par le ministre de la Santé Olivier Véran ce mercredi soir, nous l’avons déjà entendu à plusieurs reprises depuis le début de l’épidémie, à chaque reflux épidémique et fin de vague. A l’heure où la vague Omicron semble amorcer une lente décrue, le gouvernement espère à nouveau pouvoir rapidement lever les restrictions sanitaires et revenir à « la vie d’avant ». Une amélioration de la situation sanitaire et un retour à la normale qui tomberait à pic pour la majorité, à deux mois seulement de l’élection présidentielle.

Plus de 300 morts par jour

Une première salve de restrictions sanitaires a été levée ce mercredi avec la fin du masque en extérieur, du télétravail obligatoire et des jauges pour les grands évènements sportifs et culturels. La deuxième étape du retour à la normale aura lieu le 16 février, avec la réouverture des discothèques et la fin de l’interdiction de consommer debout ou dans les transports et cinémas. Pour le reste des mesures sanitaires, un certain flou continue de régner au sein du gouvernement. A l’issue du conseil de défense sanitaire de ce mercredi, il a été annoncé qu’un allégement du protocole sanitaire en vigueur à l’école serait annoncé la semaine prochaine et entrerait en vigueur après les vacances de février. Olivier Véran a également annoncé que l’obligation du port du masque en intérieur pourrait être supprimé au printemps si la situation épidémique le permet. Enfin, le ministre a annoncé que l’abandon du passe vaccinal, prévu légalement au 31 juillet, pourrait être avancé, là encore si l’épidémie est en net recul.

Mais cet optimisme est-il bien justifié au vu de la situation épidémique ? Certes le pic des contaminations semble avoir été atteint, avec une baisse continue des tests positifs quotidiens depuis le 25 janvier. Certes le nombre de personnes hospitalisés en soins critiques est également en baisse depuis le 12 janvier. Mais la situation sanitaire, bien qu’en amélioration, reste préoccupante. La France compte ainsi 3 700 personnes hospitalisées en soins critiques et surtout près de 300 morts par jour. Notre pays n’avait pas connu de tels chiffres d’hospitalisation et de décès depuis le début du mois de mai 2021, ce qui entrainait à l’époque des restrictions bien plus sévères : couvre-feu à partir de 19 heures et fermeture de quasiment tous les lieux publics.

Des restrictions inutiles ?

La décision prise le 20 janvier dernier de lever progressivement toutes les restrictions sanitaires est donc sans doute plus politique que scientifique. Elle semble essentiellement justifiée par la lassitude des Français après deux ans de restriction et bien sûr par les prochaines échéances électorales. Ce mardi, le Président de la République Emmanuel Macron a laissé entendre à un journaliste de la Voix du Nord qu’il ne se lancerait dans la campagne présidentielle qu’une fois la crise sanitaire terminée (ou du moins très atténuée). 

Par ailleurs, l’utilité de ces mesures sanitaires en tout genre semble de plus en plus critiquée, y compris par les scientifiques. Interrogé ce mercredi par une commission d’enquête du Sénat sur le passe vaccinal, l’épidémiologiste et membre du Conseil scientifique Arnaud Fontanet a reconnu que l’efficacité du passe sanitaire était « difficile à évaluer », contredisant ainsi une étude diligentée par le gouvernement qui avait conclu que le passe avait sauvé plus de 4 000 vies. Et selon une méta-analyse menée par l’université américaine John Hopkins, le premier confinement du printemps 2020 n’aurait réduit la mortalité liée au Covid-19 que de 0,2 %, tout en ayant « des effets désastreux » sur l’économie et la démocratie.

Avons-nous été « emmerdés » pour rien ?

Quentin Haroche

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Vos réactions (7)

  • Références svp M. Quentin Haroche

    Le 03 février 2022

    "Et selon une méta-analyse menée par l’université américaine John Hopkins, le premier confinement du printemps 2020 n’aurait réduit la mortalité liée au Covid-19 que de 0,2 %, tout en ayant « des effets désastreux » sur l’économie et la démocratie."
    Un "Journal International de Médecine", si ce nom signifie quelque chose, se doit de donner au minimum à ses lecteurs un lien vers les études qu'il cite.
    Surtout quand il demande à ses lecteurs: "Lorsque cela est nécessaire et possible, les réactions doivent être référencées (notamment si les données ou les affirmations présentées ne proviennent pas de l’expérience de l’auteur)." sic...

    Dr Thibault Heimburger

  • Quels jours heureux ?

    Le 03 février 2022

    "Bientôt le retour des jours heureux (bis) ?" : Possible Mr Véran , mais pour qui : Soignants inclus?

    La fin des jours heureux concerne en tous cas les 300 morts quotidiens devenus banalisés et certains des 3 700 hospitalisé(e)s en réa : La question du "monde d'aprés" se pose moins pour eux.

    Scénariser et quantifier le " nombre de vie sauvées " par telle ou telle mesure est une foutaise scientifique.
    Dire que le devenir du Passe vaccinal national est plus lié au calendrier électoral qu'aux courbes et considérations sanitaires relève t'il du procès d'attention ?

    Dr JP Bonnet

  • La réponse de la rédaction (une référence édifiante)

    Le 04 février 2022

    Voici l'adresse où l'on peut lire cette métanalyse particulièrement touffue en version intégrale:

    https://sites.krieger.jhu.edu/iae/files/2022/01/A-Literature-Review-and-Meta-Analysis-of-the-Effects-of-Lockdowns-on-COVID-19-Mortality.pdf

    Compte tenu du grand nombre de travaux cités dans certains de nos articles, il ne nous est pas toujours possible de tous les référencer...Mais à sa lecture attentive (plus de 50 pages !) vous constaterez que nous n'avons pas dénaturé sa conclusion...

    La rédaction

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